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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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intimider à nouveau, voire s’attaquer aux femmes ? » Une pensée me traversa l’esprit et, plongeant la main dans le chariot, j’en retirai la demi-douzaine de flacons de liquide de nettoyage que je vidai l’un après l’autre sur le fond du chariot. Le contenu du quatrième grésilla et se mit à ronger le bois.
    « C’est du vitriol. Voilà pourquoi il est venu frapper à notre porte. Il avait l’intention d’en asperger Tamasin ou Joan. »
     
     
    D’un pas lent, nous reprîmes tous les trois le chemin de la maison. Nous abandonnâmes la carriole sur place, puisqu’elle ne pouvait rien nous apprendre de plus. J’y jetai la fausse barbe.
    Joan se tenait sur le seuil, apeurée. Elle écarquilla les yeux en voyant la blessure de Barak. « Que s’est-il passé ? s’écria-t-elle d’une voix tremblante.
    — L’individu qui nous avait attaqués, Tamasin et moi, se trouvait dans la rue. Mais il est parvenu à s’enfuir. » Contemplant son visage ridé et sa mine angoissée, je n’eus pas le cœur de lui dire ce qui aurait pu arriver si elle avait ouvert au colporteur à la place d’Orr. « Tout va bien maintenant. Où sont les gamins ?
    — Je leur ai dit de rester dans l’écurie. »
    Je hochai la tête avec lassitude. « Ils peuvent en sortir à présent. Merci de votre aide, maître Orr. »
    Il suivit Joan dans la cuisine. Barak s’appuya à la rampe, le teint blême, accusant le coup à présent.
    « Je l’aurais eu sans l’intervention de ce vieux gâteux de Rowland ! s’écria-t-il avec rage.
    — Oui, je pense que tu l’aurais touché.
    — Pas question que je parle à Tammy du vitriol. La seule pensée me retourne, soupira-t-il. Elle ne doit pas sortir avant la fin de cette affaire. Je vais le lui dire.
    — Pourquoi est-ce que je ne pourrais pas sortir si j’en ai envie ? » s’écria Tamasin du haut de l’escalier. Avisant son bras, elle lança d’une voix suraiguë, où vibraient la colère et l’effroi : « Nom de Dieu,qu’est-ce que tu t’es encore fait ? » C’était la première fois que je l’entendais jurer.
    « Le tueur était devant la maison. On a failli l’attraper mais il a réussi à nous filer entre les doigts… C’est juste une égratignure. Va chercher de l’eau et viens nettoyer ma plaie, tu veux bien ?
    — Mais pourquoi dis-tu que je ne peux pas sortir ? insista-t-elle.
    — Il est possible qu’il soit toujours dans les parages.
    — Ça fait trois semaines qu’il est dans les parages. Peux-tu me dire ce qui est arrivé ?
    — Il me semble que tu devrais la mettre au courant, soufflai-je à Barak. Elle est assez forte pour encaisser le coup.
    — Non. Je ne supporte pas l’idée qu’une telle horreur aurait pu lui arriver pour la seule raison qu’elle est ma femme, répliqua-t-il en frissonnant bruyamment.
    — Qu’est-ce que tu marmonnes ? demanda Tamasin.
    — Vas-tu m’obéir, ma fille ? » rétorqua Barak, avant de gravir les marches quatre à quatre en se tenant le bras pour rejoindre la jeune femme, qui semblait mi-irritée, mi-perplexe. Passant devant elle, il entra dans la chambre. Elle le suivit et claqua la porte derrière elle.
     
     
    Je m’apprêtais à me coucher et regardais par la fenêtre la pluie qui s’était remise à tomber depuis le crépuscule, me demandant s’ils avaient réparé les écluses de la chartreuse, quand un coup fut frappé à ma porte. C’était Barak.
    « Des nouvelles de Harsnet ? fis-je.
    — Non. » Il était en chemise, la manche droite roulée pour dégager son avant-bras bandé. Au-dessus du bandage, la peau était marquée d’autres cicatrices, souvenirs d’anciennes joutes à l’épée. Il avait l’air épuisé. « Puis-je entrer ? demanda-t-il d’un ton brusque. J’ai besoin de vous parler. »
    Il s’assit sur le lit. Il resta silencieux un long moment, puis déclara : « Elle est en colère parce que je refuse qu’elle sorte, sans lui donner de motif.
    — Tu devrais lui parler du vitriol.
    — Comment lui dire que quelque chose d’aussi affreux aurait pu lui arriver ? La seule idée qu’il aurait pu faire ça à son visage… » Il s’interrompit et je vis des larmes perler au coin de ses yeux.
    « Allons ! Tu connais sa force de caractère. C’est ce qui t’a tout de suite séduit à York. Tu te rappelles ?
    — Mais je suis son mari maintenant. Je devrais être capable de la protéger… Et de lui donner un enfant. » Il

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