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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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me faisait encore mal.
    Sir Thomas Seymour était retourné dans sa demeure du Strand pour se préparer au voyage dans le Hertfordshire. Vu que Chancery Lane se trouvait sur le chemin, il avait accepté que je repasse par chez moi pour laisser un message à l’intention de Tamasin et de Joan, les informant que nous ne rentrerions que fort tard dans la journée. J’avais demandé à Barak s’il voulait écrire lui-même un mot à Tamasin, mais il avait préféré s’abstenir.
    Un cliquetis de harnais de chevaux venant du Strand se fit entendre. Une bonne dizaine d’hommes, baignés d’une pâle lumière lunaire, l’épée au côté, s’approchèrent de moi. Flanqué de Harsnet et de Barak, un cavalier de haute taille âgé d’une trentaine d’années menait la marche. Portant des vêtements couleur muraille, les autres hommes étaient jeunes, costauds, et arboraient tous un air d’exaltation contenue. Sir Thomas n’était pas avec eux.
    « Vous êtes prêts ? demanda Harsnet.
    — Oui.
    — Voici Edgar Russell, l’intendant de sir Thomas », dit-il en désignant du menton l’homme de haute taille.
    Je le saluai d’un signe de tête, et il inclina brièvement le buste en retour. Je fus content de constater qu’il avait l’air d’être à la fois sérieux et déterminé.
    Barak jeta un regard vers les fenêtres sombres de la maison. « Tout le monde dort ?
    — Oui. J’ai laissé un petit mot indiquant que tu étais désolé de ne pouvoir voir Tamasin avant demain.
    — Merci.
    — Où se trouve sir Thomas ?
    — Il est allé tirer du lit le doyen Benson pour l’amener dans le Hertfordshire, dit Barak en souriant. Il va nous rejoindre là-bas.
    — Pourquoi Benson ?
    — Afin qu’il puisse identifier sans conteste Goddard si nous le retrouvons. »
    Sukey, la jument de Barak, piaffait. Barak me regarda, maîtrisant son ardeur.
    « Prêt ?
    — Oui.
    — D’accord, ma fille », lança-t-il à Sukey, avant de se tourner vers l’intendant. « Eh bien, allons-y ! Sus à ce salaud !
    — Inutile de jurer, le réprimanda Harsnet.
    — Traiter quelqu’un de salaud n’est pas jurer. Jurer c’est invoquer le nom de Dieu en vain. »
    Certains des hommes de l’escorte éclatèrent de rire, et Russell se retourna sur sa selle. « Du calme dans les rangs ! » siffla-t-il et les rires cessèrent immédiatement. Je fus soulagé de voir qu’il avait de l’ascendant sur la troupe. « Nous devons partir sur-le-champ si on doit arriver sur place avant l’aube », me dit-il.
    J’opinai du chef et nous remontâmes Chancery Lane, les sabots des chevaux et le cliquetis des harnais résonnant bruyamment dans le calme de la nuit.
    « Quel est le plan d’action à notre arrivée à Kinesworth ? demandai-je à Harsnet.
    — Juste avant le village, il y a une auberge que nous allons utiliser comme base. L’hôte est un dévot et un ami de messire Goodridge, le magistrat. Avant l’aube, nous posterons des hommes dans le bois qui entoure le manoir de Goddard et, au lever du soleil, nous y pénétrerons pour nous emparer du maître des lieux… L’intendant Russell est un homme de bien, ajouta-t-il en se penchant plus près de moi. Il a beaucoup d’autorité sur ses hommes. Il a accompagné sir Thomas en Hongrie et c’est un guerrier accompli. C’est lui qui a exigé que tous les hommes portent des vêtements sombres pour éviter d’attirer l’attention. »
    Nous continuâmes à chevaucher sur les routes ombreuses. On devinait les formes du bétail dans les prairies et le silence n’était troublé que par les cris d’oiseaux dérangés par notre passage. La monotonie de la route me fit piquer du nez une fois ou deux, et l’aube ne s’était pas encore levée quand Russell leva la main pour nous faire arrêter. Nous étions parvenus à une petite auberge de campagne, un peu à l’écart de la route. Des lumières brillaient à l’intérieur. Nous mîmes discrètement pied à terre.
    « Messire Goodridge, le magistrat, est là, annonça Russell. Entrez,monsieur le coroner et messire Shardlake. Quelqu’un va se charger de vos chevaux. Vous aussi, Barak, ajouta-t-il avec un sourire. Nous avons besoin de tous ceux qui ont l’esprit pratique. »
    Nous entrâmes dans une longue pièce basse meublée de plusieurs tables et qui devait sans doute servir de taverne le soir. Cela me fit penser à Lockley et à la pauvre mère Bunce. Un feu brûlait dans l’âtre, placé, à

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