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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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manoir est situé aux abords du village et la famille avait jadis eu du bien, mais le père de notre Goddard était devenu ivrogne et avait dilapidé la fortune. Les propriétés avaient déjà été vendues lorsqu’il est mort il y a trente ans. Goddard n’était alors qu’un gamin et sa mère s’est terrée avec lui dans le manoir. Issue d’un bon milieu, elle semblait avoir honte de ce qui était arrivé à la famille. Dès qu’il a atteint l’âge requis, le jeune Goddard s’est fait moine et est entré à l’abbaye de Westminster. La vieille femme a continué à mener une existence recluse dans sa maison, jusqu’à sa mort, il y a quelques mois. Goddard a alors hérité du manoir.
    — C’est à ce moment qu’il quitte son logement londonien, dis-je, et qu’il regagne le manoir… S’y trouve-t-il en ce moment ?
    — Il paraît qu’il va et vient. Hier, on l’a vu partir à cheval pour Londres. Nous avons attendu toute la journée dans l’espoir qu’ilreviendrait, mais, longtemps après la tombée de la nuit, il n’y avait toujours aucun signe de son retour. Puis nous avons vu de la fumée sortir de la cheminée.
    — Il s’y trouve donc, dit Cranmer.
    — Ce pourrait donc être le colporteur, dis-je. Ça concorde du point de vue de l’horaire. Notre rencontre s’est déroulée au crépuscule.
    — En effet.
    — Eh bien alors, arrêtons-le ! s’écria sir Thomas avec fougue.
    — Un moment ! À part ça, que disent de lui les gens du cru ? s’enquit l’archevêque.
    — Qu’il n’est guère amène, qu’il ne fréquente pas les villageois. Il ne vient jamais au village et se fait livrer ses provisions. Le manoir menace ruine.
    — Il a donc de l’argent ? demanda Harsnet.
    — Un peu, en tout cas. » Je pensai aux mendiants qui venaient lui vendre leurs dents.
    « Vous avez vu la maison ? s’enquit Cranmer.
    — Je suis allé la voir, tout en restant à distance, ce qui est assez facile car elle est entourée d’arbres. Si elle a dû jadis avoir fière allure, elle est aujourd’hui très délabrée et tous les volets sont clos. Elle se trouve au milieu de bois et le jardin est envahi par les mauvaises herbes. Et voici un détail intéressant… » Il se tut un instant avant de reprendre : « Après la mort de sa mère, Goddard a renvoyé les quelques vieux domestiques qui restaient et cela a été mal perçu dans le village.
    — Par conséquent, il est tout seul dans la maison, fis-je.
    — Oui. J’ai laissé un homme pour qu’il la surveille discrètement et je suis revenu ici avec mon intendant.
    — Ce magistrat, demanda Harsnet, peut-on lui faire confiance ?
    — Je le crois. Il m’a paru plutôt compétent.
    — Vous ne lui avez pas dit que je participais à l’enquête ? s’écria Cranmer.
    — Non, monseigneur. Seulement que c’était un secret d’État. »
    Cranmer hocha la tête, puis s’adressa à Harsnet. « Sir Thomas suggère qu’on envoie un groupe d’hommes armés pour investir la maison.
    — Eh bien, d’accord ! » Le coroner eut un rire amer. « Après toutes les questions que j’ai posées à Londres et dans les comtés avoisinants, sans succès… Si seulement j’avais été juste un peu plus loin.
    — Vous avez fait votre possible, dit Cranmer, avant de se tourner vers sir Thomas. Combien d’hommes pouvez-vous nous fournir ?
    — Une dizaine, monseigneur, répondit-il avec assurance, à l’évidence ravi d’être le centre de l’attention. Sous les ordres de Russell,mon intendant. Tous des hommes jeunes, agiles et costauds… Le genre de gars que je choisis comme hommes liges, précisa-t-il avec un sourire complaisant.
    — Que va-t-on leur dire ?
    — Seulement que certains personnages de la Cour royale pourchassent un chenapan et qu’on a besoin de leur concours pour lui mettre la main dessus. »
    Cranmer parcourut la pièce du regard. « Je crois qu’il n’y a pas d’autre solution, fit-il. Il faut mettre un terme à cette histoire sans plus tarder.
    — Après le mot qu’il a envoyé, je suppose que c’est ce qu’il veut qu’on fasse. C’est lié au meurtre de la septième victime.
    — Je le sais, convint Cranmer. Mais que faire d’autre, à part investir les lieux ? »
    Je ne savais que répondre. « Matthew, je souhaite que vous accompagniez les hommes de sir Thomas, poursuivit l’archevêque. Il semble que, pour le tueur, vous soyez lié à sa mission. C’est on ne peut

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