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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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rendons visite tous les jours. » Elle me fit une révérence et sortit à la suite de son mari. Je vis alors que Cissy me dévisageait, une étincelle de curiosité animant ses yeux ternes, mais quand je lui rendis son regard elle baissa la tête vers son ouvrage. J’entendis des pas et la gardienne revint, l’air inquiet.
    « J’ai entendu des éclats de voix, dit-elle. Cissy va-t-elle bien ?
    — Oui, répondis-je, avec un sourire triste. C’étaient seulement mes clients. »
    Elle alla examiner les travaux de couture de Cissy. « Voilà un excellent travail ! La chemise sera comme neuve ! » La vieille femme la remercia d’un bref sourire. La gardienne se tourna de nouveau vers moi.
    « Vous avez été voir Adam Kite, monsieur ?
    — Oui.
    — Ses malheureux parents… Un grand nombre de patients ont peur de lui, reprit-elle après quelque hésitation. Ils craignent qu’il ne soit possédé du démon. Et le chef gardien Shawms espère que sans soins il dépérira et mourra… C’est un méchant homme, ajouta-t-elle en se renfrognant.
    — Je viens de l’avertir qu’il aura des ennuis avec le tribunal s’il ne prend pas correctement soin d’Adam. Je vous remercie de m’avoir mis au courant. Comment vous appelez-vous ? lui demandai-je en souriant.
    — Ellen Fettiplace, monsieur. De quoi souffre le malheureux garçon, monsieur ? s’enquit-elle après un instant d’hésitation. C’est la première fois que j’entends parler d’un tel cas.
    — Moi aussi. Je vais faire venir un médecin. Un homme de bien.
    — Le Dr Frith est un incapable.
    — Je suis content de voir qu’il y a au moins une personne ici qui s’intéresse aux patients.
    — Vous êtes bon, monsieur, fit-elle en rougissant.
    — Comment êtes-vous venue travailler ici, Ellen ? »
    — J’étais moi-même pensionnaire ici, répondit-elle en souriant tristement.
    — Oh ! » m’exclamai-je, stupéfait. Elle m’avait paru la personne la plus saine que j’avais rencontrée ce jour-là.
    « On m’a offert le poste de gardienne adjointe quand… mon état s’est amélioré.
    — Vous n’avez pas voulu partir ? »
    Le sourire triste réapparut. « Je ne pourrai jamais partir d’ici, dit-elle. Voilà dix ans que je n’ai pas quitté les lieux. Je mourrai à Bedlam. »

4
    L es deux jours suivants à Westminster je fus très occupé à la Cour des requêtes, mais, ayant le jeudi après-midi de libre, j’avais décidé d’emmener Roger voir Guy. C’était le Jeudi saint et en revenant, sur le chemin de Lincoln’s Inn, je notai que les églises étaient à nouveau pleines. Dès le lendemain, le grand voile qui drapait le chœur durant le carême serait enlevé et ceux qui respectaient la tradition avanceraient à genoux jusqu’à la croix. Après la messe on ôterait la nappe des autels en commémoration de la trahison commise envers le Christ après la Cène, tandis qu’à Whitehall le roi laverait les pieds de douze pauvres. Je constatai avec tristesse que ces rituels n’avaient plus guère de sens pour moi. S’il y avait encore quatre jours de fête, pour moi ils seraient vides et mornes. Au moins, à la fin du carême, Joan, ma gouvernante, m’avait promis une selle de bœuf rôtie.
    Bien que la neige eût cessé de tomber, il faisait très froid et le ciel était toujours gris acier. Je passai à mon cabinet avant d’aller chercher Roger et fus ravi qu’on y ait allumé un grand feu. Barak et Skelly, mon premier clerc, étaient tous deux en train de travailler à leur bureau. Barak leva les yeux vers moi au moment où j’enlevais mon manteau à parements de fourrure avant de me réchauffer les mains à la chaleur du feu. Il s’était fait raser le lundi, mais je remarquai qu’il manquait un bouton à son pourpoint marron, qui de plus portait une tache de bière, semblait-il, sur le devant. Avait-il passé la nuit dehors ? me demandai-je en pensant à nouveau à Tamasin. Puisqu’ils habitaient tout près de l’échoppe de Guy, je décidai qu’après y avoir conduit Roger je leur rendrais visite, comme par hasard.
    « Je suis allé au greffe du tribunal, dit Barak. On va examiner la requête d’Adam mardi prochain, en même temps que le dossier Collins.
    — Fort bien. » J’étais tenté de le prier de faire nettoyer son pourpoint, mais je craignais d’avoir l’air d’une vieille femme. Il savait bien d’ailleurs qu’il ne pourrait pas se présenter devant la Cour en

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