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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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Une grosse tache sombre sur ses chausses indiquait qu’il s’était souillé. Une chaîne courait de sa cheville à un anneau fixé dans le sol. Minnie avança et s’agenouilla près de son fils, passant un bras autour de ses épaules, sans qu’il lui prête la moindre attention.
    « La chaîne l’empêche de se précipiter dans les cimetières », expliqua calmement Daniel Kite. Il ne toucha pas Adam, restant simplement debout à côté de lui, la tête baissée.
    Je pris une profonde inspiration et m’approchai du jeune homme, notant ses larges épaules, quoiqu’il fût devenu squelettique. Je me penchai pour scruter son visage. Il avait dû être beau, mais à présent il faisait pitié à voir, ses traits ravagés reflétant une souffrance extrême. Les sourcils froncés de douleur, il fixait le mur de ses grands yeux terrifiés sans le voir, ses lèvres s’agitant frénétiquement, la bave dégoulinant jusqu’au menton. « Dis-moi que je suis sauvé, poursuivit-il. Fais-moi sentir Ta miséricorde. » Il se tut un instant, comme s’il écoutait quelque chose, avant de reprendre sa litanie, d’un ton encore plus désespéré. « Jésus ! Je T’en prie ! »
    « Adam ! s’écria sa mère d’une voix suppliante. Tu es sale. Je t’ai apporté du linge propre. » Elle tenta de le forcer à se relever, mais il résista, se renfonçant dans le coin. « Laisse-moi ! rétorqua-t-il, sans même la regarder. Il faut que je prie !
    — Est-il toujours ainsi ? demandai-je à Minnie.
    — Oui, en ce moment. » Elle le relâcha et nous nous relevâmes tousles deux. « Il ne veut jamais se remettre debout. Quand on l’y oblige il pousse des soupirs à fendre l’âme.
    — Je vais demander à mon ami médecin de venir l’examiner. Mais, en vérité, tant qu’il se trouve dans cet état, si je peux m’assurer qu’on s’occupe bien de lui, il est sans doute mieux ici.
    — Il faut qu’on prenne soin de lui, renchérit-elle. Autrement il mourra.
    — C’est ce que je vois. Je vais parler au chef gardien Shawms.
    — Si vous voulez bien nous laisser, monsieur. Je vais essayer de le nettoyer un peu. Allons, Daniel, aide-moi à le soulever ! »
    Son mari se mit en devoir de l’aider.
    « Je vais aller tout de suite parler au chef gardien. Rejoignez-moi au parloir quand vous aurez terminé.
    — Merci, monsieur », me dit-elle, avec un sourire tremblant, tandis que son mari évitait toujours mon regard. Je les quittai et partis à la recherche de Shawms, furieux de voir qu’on avait laissé Adam mariner dans sa crotte. Si j’étais incapable de comprendre l’atroce état dans lequel se trouvait son esprit chaviré, je savais comment traiter des employés vénaux et paresseux.
     
     
    Shawms était assis tout seul dans son petit cabinet, en train de boire de la bière et de contempler un bon feu. Il me regarda d’un air agressif.
    « J’exige qu’on nourrisse ce garçon ! lançai-je d’un ton sec. De force, si besoin. Sa mère est en train de le changer et je veux qu’on s’assure qu’il reste propre. Je vais déposer une demande auprès de la Cour des requêtes pour qu’elle ordonne qu’il soit bien soigné et que le Conseil règle ses frais de séjour.
    — Et, entre-temps, qui va payer tout le travail que mes gardiens devront effectuer pour lui, sans parler de leur obligation de calmer les autres patients qui croient avoir un possédé du démon parmi eux ?
    — Les fonds particuliers de l’asile. Jouissez-vous des services d’un médecin ?
    — Certes. Le Dr Frith vient une fois tous les quinze jours. Il est très doué pour vanter les potions de sa composition, mais elles sont inefficaces. La guérisseuse qui venait vendre les siennes à base de plantes était appréciée des patients, mais le Dr Frith l’a renvoyée. Je choisis pas les docteurs. Ça c’est du ressort de messire Metwys, le directeur.
    — Un prêtre vient-il voir les patients ?
    — Le poste est vacant depuis la mort du vieux prêtre. Le directeur a pas eu le temps de s’occuper de son remplacement. » Je scrutai songros visage, furieux de constater que les déments impuissants étaient confiés à des hommes de son acabit et à un directeur paresseux.
    « Je veux qu’on allume un feu dans sa chambre.
    — Maintenant, monsieur, vous dépassez les bornes ! protesta le gardien. Le feu est pas compris dans le prix de la pension et je refuse d’en allumer un aux frais de l’asile.

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