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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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nous avions été témoins. Je pris la bible et la feuilletai. Çà et là, certains passages étaient marqués, comme celui, dans la Genèse, décrivant Sodome et Gomorrhe, mais pratiquement aucun du Nouveau Testament, à part l’Apocalypse, et seulement une partie de ce livre, celle traitant des sept coupes pleines de la colère de Dieu, et, juste après, le chapitre concernant le jugement de la Grande Prostituée.
    « Regardez les mots soulignés, dis-je. Ils sont même plus nombreux que dans les passages sur le versement des coupes. Est-ce que cela nous renseigne sur ce qu’il a maintenant l’intention de faire ?
    — Le livre est contaminé, affirma Harsnet. Pollué.
    — La Grande Prostituée. Qui est-ce, d’après lui ?
    — Elle symbolise le pape et Rome, la nouvelle Babylone. On le sait désormais.
    — Saint Jean de Patmos ne le savait pas quand il a écrit ce livre.
    — Mais c’est ce qu’il prévoyait, affirma Harsnet. C’est évident pour ceux qui étudient le texte de près.
    — Ce n’est pas ce qu’y a vu Cantrell. Il doit avoir à l’esprit quelqu’un de plus proche de lui que le pape. »
    Le coroner se tut quelques instants, puis me demanda : « Où est-il en ce moment, Matthew ? J’avoue avoir peur. »
    Des pas se firent entendre dans l’escalier et l’un des sergents apparut, décontenancé. Je me dis soudain que, pour lui, rien ne devait être particulièrement bizarre dans cette petite maison triste et sale.
    « Il y a une vieille femme en bas qui prétend connaître Cantrell, annonça-t-il.
    — La voisine », dis-je à Harsnet.
    Nous descendîmes et trouvâmes sur le seuil, se démanchant le cou pour tenter de voir derrière l’imposant sergent qui lui barrait lepassage, la vieille à qui j’avais parlé la première fois où j’avais rendu visite à Cantrell. Me reconnaissant, elle me gratifia d’un sourire édenté.
    « Ah, messire avocat, monsieur ! On a déjà causé ensemble. J’ai vu qu’il se passait quelque chose. Est-ce que quelque chose est arrivé à Charlie ? s’enquit-elle, les yeux pétillant de curiosité.
    — Il n’est pas là. Nous le cherchons.
    — En rapport avec un crime, précisa Harsnet d’un ton lugubre. Que savez-vous de lui ?
    — J’habite à quelques maisons de là. J’étais amie avec son père, jusqu’au moment où il est devenu pieux et trop pur pour parler aux gens comme moi. Qu’est-ce qu’il est censé avoir fait, Charlie ? demanda-t-elle, en se tordant le cou pour regarder à l’intérieur de la maison. Il n’est pas capable de faire quelque chose de grave, poursuivit-elle en secouant la tête. C’est un pauvre malheureux.
    — Comment vous appelez-vous ?
    — Jane Beckett.
    — Venez donc, Jane, dis-je. J’ai deux ou trois questions à vous poser.
    — Alors cette fois-ci, vous voulez bien me causer ! » fit-elle en fronçant les narines comme je la conduisais vers le salon. Elle me suivit dans l’ancien atelier, le visage soudain empreint de tristesse. « Regardez cet endroit, dit-elle. Si vide, si lugubre. C’était si propre et si bien rangé du temps d’Adrian. Et toujours plein, car c’est pas le travail qui lui manquait. »
    J’ouvris le coffre bourré de vêtements. « Savez-vous d’où viennent ces costumes ? Il y en a un bon nombre. » Je sortis la tunique multicolore.
    « Ah oui ! Ils appartenaient à Adrian. Il avait bâti toute une collection. Il travaillait pour des troupes de comédiens. Il avait des contrats pour fabriquer des décors pour des représentations en plein air. Une fois, il en a même construit un pour Hampton Court, pour un spectacle costumé donné en présence du roi. Il louait aussi des costumes… C’était un bon homme d’affaires, vous savez. Ces choses valent de l’argent. On ne devrait pas les laisser traîner ici.
    — Adrian emmenait-il parfois son fils assister à ces spectacles ?
    — Charlie ? Oui, quand il était petit. Il adorait ça. C’étaient les seules fois où on le voyait heureux. Si ça se passait dans le quartier, beaucoup d’habitants du coin y assistaient. Je crois que Charlie voulait devenir comédien, mais il était pas doué pour ça, ou pour rien d’autre d’ailleurs… C’est pourquoi il s’est fait moine, conclut-elle en poussant un rire méprisant, avant de poser sur moi un regard grave. Mais Adrian était si habile, lui ! Il était capable de fabriquer des poulies grâce auxquelles des dragons de bois

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