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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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Westminster étant un endroit dangereux, les sergents étaient en général jeunes et robustes.
    Nous entourâmes Harsnet qui leur expliqua que nous pourchassions un homme dangereux soupçonné de plusieurs meurtres. Puis nous nous dirigeâmes vers Dean’s Yard, où un petit groupe de prostituées bavardant sous un porche disparut à l’approche des sergents. Harsnet s’apprêtait à frapper à la porte de Cantrell, mais j’arrêtai son geste.
    « Il vaut mieux laisser deux hommes ici pendant que nous ferons le tour de la maison pour parler au garde.
    — Très bien. »
    Priant l’un des sergents de nous accompagner, nous entrâmes dans la venelle malodorante qui longeait la maison, nos pas résonnant entre les murs rapprochés. Le sergent poussa la grille.
    La cour était vide et la porte de l’appentis était fermée. Harsnet et moi nous dirigeâmes vers la fenêtre arrière crasseuse de la maison et regardâmes à l’intérieur. Il n’y avait personne dans la salle délabrée. Ayant ouvert la porte de l’appentis, le sergent éclata de rire. Nous le rejoignîmes et découvrîmes le garde de Cantrell vautré sur un tas de sacs sales, dormant comme une souche et puant l’alcool. Le sergent lui donna de petits coups de pied. « Debout, les braves ! » s’écria-t-il d’un ton joyeux. L’homme bougea, grogna, ouvrit les yeux et découvrit Harsnet qui fixait sur lui un regard noir.
    « Est-ce ainsi que vous gardez votre protégé ? lança-t-il. L’archevêque sera mis au courant. »
    Le garde fit de grands efforts pour se redresser. Quelques gouttes s’échappaient d’un robinet fixé sur le côté d’une grosse barrique. Soulevant le couvercle, je constatai qu’elle était à moitié pleine de bière. « Il s’est assuré que la tentation était à portée de main, dis-je.
    — Où est-il ? demanda Harsnet au malheureux garde. Cantrell, il est là ?
    — J’en sais rien, marmonna l’homme. Il m’oblige à rester dehors. Il refuse que j’entre dans la maison, monsieur. C’est ça, l’ennui. Il est pas normal, ronchonna-t-il.
    — Le mot est plus juste que vous ne le croyez, misérable ! lança Harsnet en se détournant de lui. Allons, entrons dans la maison ! »
    Nous ne prîmes pas de gants. Sur un geste de Harsnet, le sergent fit voler en éclats la vitre qui venait d’être réparée et, l’un après l’autre, nous passâmes par l’ouverture. Le garde ivre était sorti dans la cour en titubant et nous fixait, le visage défait à la pensée qu’il avait sans doute perdu son emploi.
    À l’intérieur, le silence régnait. « On se croirait à nouveau dans lamaison de Goddard », chuchota Harsnet. Je remarquai, appuyé contre un mur, la barre de bois ensanglantée que Cantrell avait prétendument utilisée pour repousser son agresseur. Pour assommer laquelle de ses victimes s’en était-il servi ?
    « Allons chercher les deux sergents qui sont restés devant la maison et fouillons-la de fond en comble », dis-je.
    On appela les sergents. Je leur enjoignis de fouiller les lieux sans rien déranger. Quand ils revinrent quelques minutes plus tard, ils confirmèrent qu’il n’y avait personne dans la maison.
    « Voyons ce que nous pouvons dégoter », dis-je à Harsnet.
    À part de la crasse et de la nourriture avariée dans le placard, il n’y avait rien dans la salle, ni dans la minable cuisine contiguë. Nous nous dirigeâmes vers la porte, qui, selon Cantrell, menait à l’atelier de son père. Il s’agissait d’une lourde porte de chêne, fermée à double tour. Il fallut que deux sergents joignent leurs efforts pour la défoncer. Il faisait sombre à l’intérieur, car les volets étaient fermés. Grâce à la lumière de la salle, j’aperçus les dalles de pierre et une sorte de chariot poussé contre le mur. Nous hésitâmes, puis je franchis le seuil et me dirigeai vers la fenêtre. Je retirai la barre entravant les volets. La lumière et le bruit de la rue envahirent immédiatement la pièce.
    Trois grands coffres de bois étaient placés contre le mur et je reconnus la carriole du colporteur. (Il avait donc réussi à venir la rechercher sur le lieu où il l’avait abandonnée après l’échauffourée.) Je m’en approchai et en touchai le manche. C’était là-dedans qu’il avait transporté ses babioles de colporteur, ainsi que le corps de ses victimes, inconscientes ou mortes. La colère m’envahit soudain, furieux non seulement contre

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