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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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et sauvage fanatisme qui déferle sur le pays, si bien que l’Angleterre dévore ses propres enfants. À tout le moins, cela lui a fourni un prétexte pour mettre en œuvre ses projets. »
    Il hocha tristement la tête. « Nous nous trouvons au milieu d’un grave conflit entre deux religions, conflit qui pousse les hommes à prendre des positions extrêmes, à agir avec une arrogance impie et à croire qu’eux seuls sont capables de comprendre les insondables mystères de l’Écriture, voire les desseins de Dieu. Or ces personnes sont en fait incapables de comprendre le fonctionnement de leur propre esprit, car elles confondent leur besoin de certitudes ou leur appétit de pouvoir avec la voix de Dieu. À dire vrai, je suis surpris qu’il n’y ait pas davantage de gens qui deviennent fous à lier. Personnellement, je m’efforce de suivre tant bien que mal le chemin plus ardu de l’humilité. Je tente d’affronter les terribles mystères de la souffrance et de la cruauté qui règnent en ce bas monde et m’efforce de douter que, en priant, on puisse comprendre la volonté de Dieu, entendre Sa voix, ressentir Sa présence. Oui, je pense que l’humilité est la plus grande vertu humaine. »
    Je secouai la tête. « Moi je pense avoir perdu la foi. Tout ce mois-ci, j’ai dû lire et relire la Révélation de saint Jean. Quel livre terrifiant ! La lecture de son message cruel et barbare m’emplit de désespoir.
    — Non ! s’écria Guy. Ne désespérez pas, Matthew ! Ne laissez pas l’Apocalypse maudire votre vie… Et maintenant, laissez-moi examiner votre dos. »
     
     
    En quittant l’échoppe de Guy, j’éprouvais un sentiment de soulagement, de paix intérieure, fragile mais réelle. En outre, mon dos me faisait moins mal, car Guy avait massé mes brûlures avec des onguents rafraîchissants. Je repris donc le chemin de Lincoln’s Inn, Dorothy m’ayant invité à venir la voir. À elle aussi, j’avais envoyé un mot depuis mon lit de malade pour lui annoncer la mort de Charles Cantrell. Elle m’avait demandé la permission de venir me rendre visite, mais, ne voulant pas la recevoir couché, je lui avais répondu que je me déplacerais moi-même dès que je serais rétabli.
    Margaret vint m’ouvrir. « Votre invité est donc enfin parti, lui dis-je en souriant.
    — En effet. L’après-midi où vous étiez venu, et en toute hâte ! Il a à peine pris le temps de remercier ma maîtresse.
    — Pour Bealknap, remercier est aussi pénible que de se faire arracher des dents. Savez-vous s’il a envoyé de l’argent ?
    — Vous parlez !
    — Je m’y attendais… Il faut donc que je m’en occupe. »
    Dorothy se trouvait dans le salon. Je remarquai immédiatement le pan de mur nu. La frise en bois avait disparu. Dorothy avait quitté le deuil et portait une robe grise à manches longues et à très haut collet, ornée de jolis parements rouges autour du cou et des poignets. Elle s’approcha de moi en souriant et me saisit les mains. « Matthew, dit-elle, je me suis fait du souci. Tu as l’air fatigué mais, Dieu merci ! pas aussi mal en point que je le craignais.
    — En effet. Je suis plus résistant qu’on le croit généralement. Tu t’es débarrassée de la frise ?
    — Je l’ai fait brûler dans la cour de la cuisine et je l’ai regardée s’embraser et se consumer. Les marmitons m’ont prise pour une folle, mais ça m’est égal. Cet individu l’a touchée et, sans elle, il ne serait jamais venu ici et n’aurait jamais choisi Roger comme victime.
    — Ç’a été une horrible malchance.
    — Qu’est-ce qui l’a poussé à tuer tous ces innocents ?
    — Je viens d’en discuter avec Guy. C’est autant un mystère pour lui que pour moi. Peut-être ne devrait-on pas chercher à le résoudre, il n’est pas bon de s’y appesantir trop longtemps.
    — Étais-tu présent quand on l’a attrapé ?
    — Oui. Mais ne m’en demande pas plus, Dorothy. L’affaire doit demeurer secrète.
    — Jusqu’à la fin de mes jours, je te serai reconnaissante pour ce que tu as fait. Je voulais que le meurtrier de Roger soit capturé et puni et tu as fait ça pour moi, et pour lui. Et il t’en a beaucoup coûté. » Elle lâcha mes mains, recula d’un pas, puis les reprit et les serra contre elle. Je devinai qu’elle avait quelque chose d’important à me dire.
    « Matthew, poursuivit-elle d’un ton serein. Il y a quelque temps je t’avais dit que mon

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