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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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régal.
    — Si vous frappez Guy, je jure devant Dieu que vous ne sortirez pas d’ici vivant. Guy dit la vérité : personne ne vous menace. Il a repris les pièces d’argent que vous lui aviez volées et que j’avais trouvées. Il n’y a aucune preuve contre vous. Allez-vous-en ! Fichez le camp, et ne remettez plus jamais les pieds ici ! Je vous assure que c’est la chance de votre vie. »
    Vibrant d’une colère froide, j’étais absolument décidé à lui tenir tête. Après mon face à face avec Cantrell, cette sale petite créature ne m’impressionnait guère. Le ton de ma voix et la façon dont je plongeais le regard dans ses yeux à la fois durs et vitreux durent le faire fléchir, car il abaissa son couteau.
    « Alors, éloignez-vous de la porte ! lança-t-il.
    — Jetez d’abord votre couteau. »
    Il hésita un instant puis le posa sur l’établi de Guy. Je m’écartai de la porte et, passant devant moi, il pénétra dans l’échoppe. Puis, se penchant vivement en avant, il s’empara du Vésale et franchit le seuil d’un bond. Le bruit de ses pas s’estompa dans la rue. Guy émit un long râle.
    « Merci, dit-il. Il ne m’aurait sans doute pas tué, je ne le crois pas assez courageux pour ça. Mais je suis content de ne pas avoir eu à le vérifier. Merci !
    — Il a pris votre Vésale.
    — Oui, et il va en tirer une jolie somme. Eh bien, tant pis ! Je vais consacrer l’argent qu’il m’avait volé et que vous m’avez rendu à l’achat d’un nouvel exemplaire.
    — J’ai hésité à venir, ne sachant pas si c’était une bonne idée. Mais, à présent, je m’en félicite. »
    Il acquiesça. Posées dans son giron, ses mains brunes tremblaient. « Il y a environ une heure, Piers a frappé à la porte, expliqua-t-il lentement. Quand j’ai ouvert, il s’est précipité à l’intérieur, a sorti son couteau et m’a amené là. Quand il travaillait pour moi, il était toujours souriant, calme, déférent. Mais, aujourd’hui, l’expression de son visage et le ton sa voix… Quelle dureté ! Quelle rage ! » Il secoua la tête. « Veuillez m’excuser de ne pas avoir repris contact avec vous, Matthew, mais j’étais toujours en colère. Vous auriez dû venir me voir en premier. J’aurais accepté qu’on le questionne, vous savez.
    — Je suis désolé. »
    Il fit un pâle sourire. « Eh bien, je crois qu’aujourd’hui vous avez largement rattrapé votre faux pas… Asseyez-vous, poursuivit-il en désignant un tabouret. Je ne me sens pas encore capable de me remettre sur pied. »
    Quand je fus assis, il me fixa silencieusement un long moment. « Cantrell est mort ? finit-il par demander.
    — Oui.
    — Racontez-moi ce qui s’est passé. Comment ça s’est terminé. Si vous vous en sentez la force. »
    Il m’écouta relater le siège du manoir de Goddard, la façon dont j’avais deviné que Cantrell était le tueur, les heures atroces passées dans l’égout, sous la demeure de Catherine Parr.
    « Je ne me rendais pas compte que vous aviez subi d’aussi pénibles épreuves, déclara-t-il une fois terminé mon récit. Et avant votre départ, il faut que vous me permettiez d’examiner votre dos.
    — Je vous en serais reconnaissant. Il me fait toujours mal… Quelle sorte de personne était Cantrell, Guy ? Il a tué sept personnes pouraccomplir la prophétie des coupes d’or pleines de la fureur de Dieu, sans compter les deux victimes “accessoires”, ainsi que son père. Je le vois chez Roger et Dorothy, en train de réparer la frise, peut-être seul avec elle… Tout en réussissant à paraître normal. Cela me glace les sangs. Couché dans mon lit, j’ai ressassé toutes ces pensées sans parvenir à sonder ses motivations. À la fin, il m’a fait l’effet d’un être troublé, mentalement dérangé, déboussolé, pas du tout l’homme calculateur que j’avais imaginé. Mais il n’était pas possédé du diable. Il croyait vraiment accomplir l’œuvre de Dieu.
    — J’ignore quelle sorte de personne c’était. J’aimerais bien le savoir. Pas plus que je ne comprends la vraie nature de Gilles de Rais ou de Strodyr. Une violente tempête avait ébranlé leur esprit, leur ôtant toute humanité et les ravalant au rang de bête féroce. Peut-être qu’un jour la science nous permettra d’explorer ces recoins enténébrés de l’esprit humain. Ou peut-être pas.
    — À mon avis, Cantrell était pris dans la vague de brutal

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