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Prophétie

Prophétie

Titel: Prophétie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christopher John Sansom , Georges-Michel Sarotte
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avenir était incertain. Il l’est toujours. Mais j’ai décidé d’aller habiter chez Samuel à Bristol, au moins durant un mois ou deux. Les affaires de Roger sont pratiquement réglées et maintenant que son assassin est mort, j’ai besoin d’un temps de réflexion et d’un peu de tranquillité. Je pars mardi.
    — Tu vas me manquer.
    — Je ne serai absente que quelque temps. Je vais revenir au mois de juin et déciderai alors si je veux rester à Bristol ou louer une petite maison à Londres. Je sais maintenant que j’en aurai les moyens. Bristol est une ville pleine de marchands, et Samuel va bientôt en devenir un lui-même… J’avoue que, même si ce sont sans aucun doute d’honnêtes gens, je crains de… m’ennuyer un peu en leur compagnie. »
    Je souris. « Ils ne possèdent ni l’intelligence, ni l’esprit affûté et curieux des avocats, c’est bien connu.
    — Exactement. Et j’ai ici de bons amis intéressants. Et maintenant, Matthew, reste dîner avec moi, et parlons de choses agréables, du bon vieux temps avant que le monde entier ne devienne fou.
    — Rien ne pourrait me faire davantage plaisir. »

Épilogue
     
    Juillet 1543. Trois mois plus tard
     
    L e roi et Catherine Parr devaient se marier ce jour-là et, dans les rues les plus larges de Londres, on alluma des feux de joie et on plaça des broches pour faire rôtir des porcs que devaient distribuer plus tard les cuisines royales de Whitehall. Tandis que Barak et moi avancions dans Cheapside, je m’efforçais de ne pas penser à Yarington brûlé vif dans son église. Le visage empourpré par cette chaude journée d’été, des gamins couraient dans tous les sens, apportant du bois pour les feux et criant de joie à la perspective du festin à venir. Repoussés par les sergents, de peur qu’ils ne gâchent les festivités, les mendiants avaient quitté les abords de Cheapside Cross.
    Un mois plus tôt, lady Catherine m’avait convoqué dans sa demeure de Charterhouse Square. Elle m’avait reçu dans un salon tendu de magnifiques tapisseries, en présence de deux dames d’honneur qui cousaient près de la fenêtre. Elle avait beaucoup changé depuis la dernière fois où je l’avais vue. Richement vêtue à présent, elle portait une robe de soie brune aux larges manches écarlates ornées de dessins de fleurs en relief, un collier de rubis autour du cou et un attifet serti de perles sur ses cheveux auburn. De haute taille, elle avait une bouche et un menton trop petits pour être jolis, mais elle possédait une incroyable présence et un air avenant, rehaussés par les luxueux atours d’apparat.
    Je fis un profond salut. « Milady, je vous présente mes félicitations à l’occasion de vos fiançailles. »
    Elle hocha légèrement la tête et je notai son port hiératique, celui d’une personne qui exerce sur soi une forte maîtrise afin de tenir le rôle qu’elle a accepté de jouer sur la merveilleuse et terrible scène de la Cour.
    « Je sais que vous m’avez sauvé la vie, messire Shardlake, déclara-t-elle de sa belle voix, bien timbrée. Et que, ce faisant, vous avez subi de pénibles épreuves et couru de grands périls.
    — J’ai été content de pouvoir le faire, madame. » S’il l’avait vue de près, Cantrell se serait-il rendu compte à quel point elle différait de la folle vision qu’il avait d’elle ? Mais non, pensai-je, il en aurait été totalement incapable.
    Elle me fit un charmant et chaleureux sourire. « Je sais que lord Hertford est allé vous rendre visite pour vous prier de revenir dans le monde de la politique. Il m’a fait part de vos réticences et je les comprends fort bien. Toutefois, je tiens à ce que vous sachiez, messire Shardlake, que je n’exigerai jamais rien de vous et que si vous aviez jamais besoin de l’aide d’une amie, d’un service qu’il soit en mon pouvoir de vous rendre, il vous suffira d’en faire la demande. »
    Durant toutes les années où j’avais œuvré à la périphérie de la Cour, personne ne m’avait proposé de m’accorder une faveur sans exiger quelque chose en retour. « Merci, madame, dis-je. Vous êtes très bonne. Vos paroles me feront toujours chaud au cœur. »
    Elle m’avait souri à nouveau, son corps mince, drapé dans ces somptueux atours, gardant son attitude solennelle. « Je vous observerai à distance, messire Shardlake, non pour vous surveiller mais pour être prête à vous assister si nécessaire. »

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