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Quelque chose en nous de Michel Berger

Quelque chose en nous de Michel Berger

Titel: Quelque chose en nous de Michel Berger Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Yves Bigot
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mixée en restituantle sentiment d’intimité recherché, à laquelle chaque musicien contribue librement, prise de son sèche et en direct, qui augmente la présence, la proximité, si nécessaire pour ce genre de chansons relationnelles. Un swing diabolique, un phrasé inédit, et ce don de pénétration dans l’être, glacial mais inspirant, très au-delà de la simple capacité d’émouvoir.
    Véronique omet de souligner la puissance de ses paroles, vocabulaire « Exclusivement féminin », différent de tout ce que la chanson française a jamais proposé, violent dans sa sincérité et sa justesse crues, qui mettent des mots, appliquent des idées, disent des sentiments, avec des termes qui ne sont – littéralement – pas empruntés, tous sens convoqués. Nous définissent alors, nous disent notre histoire. Nous chroniquent. Son vibrato virevolte dans l’air tendre et caressant des fins de journées, sous les étoiles naissantes, sur la plage des Salins à Saint-Tropez comme sur les rochers de la rade d’Agay, face au cap Drammont, où nous l’adoptons en regardant danser les voiliers dans la lueur verte et rouge des feux de Bengale, Katrienke, ma ballerine hollandaise et moi, le regard au large, « loin du son des accordéons »…
    Le petit miracle inattendu d’« Amoureuse » s’étend tout au long de l’album, chansons courtes et merveilleuses de délicatesse, de grâce mélodieuse de fan de Chopin, qui explorent tous les recoins des sentiments dissimulés, retournent chacun des petits cailloux semés sur les chemins de l’amour, désirantes, presque érotiques, chaudes, chantées de cette voix singulière, si proche, si élégante et forte jusque dans sa joliesse, ce phrasé unique au monde, délicat et enlevé, spirituel. La moindre de leur qualité n’est pas un formidable sens de la dynamique, de la rupture, une inspiration rythmique d’une finesse et d’un à-propos parfait, syncope qui manquait jusque-làcruellement dans ce pays où le public ne sait pas frapper des mains en rythme, et quand il y parvient, jamais sur les bons temps, – enfin, ceux qui swinguent, le deuxième et le quatrième. Les arrangements de cordes de Bernholc et de Christian Bellest, le soutien de Claude Engel et du Système Crapoutchick (Gérard Kawczynski, Christian Padovan, André Sitbon), sont impeccables, créatifs, idéaux. Quarante ans plus tard, à l’occasion de sa réédition avec force inédits (dont les maquettes de fin 1971), versions anglaises, allemandes, espagnoles, italiennes, et ce duo 2012 un peu hanté avec Fanny Ardant, Amoureuse n’a pas pris une ride, et Jeanne Chéral peut le réinterpréter intégralement sur la scène du 104, rue Curial dans le dix-neuvième arrondissement, en hommage à une authentique pionnière, laquelle assiste avec sa sœur Violaine et son neveu Julien Tricard à la seconde représentation, montant sur scène pour un duo sur la chanson principale.

    « L’irréparable », la fugue à la Joni Mitchell de « Vert, vert, vert », le futur hymne de ce féminisme insolent d’assurance qui n’a pas besoin de se revendiquer tel et premier tube de cette Bardot sans moto (« Besoin de personne »), la berceuse « Pour les Michel » destinée aux deux MB (Bernholc et Berger) avec lesquels elle a conçu et préparé cet album pendant un séjour de trois semaines à Saint-Tropez, « Pour qui », dont le refrain s’emballe irrésistiblement en samba, se succèdent comme une pluie de diamants, parsemés de deux escapades brésiliennes aussi différentes que réjouissantes. Véronique a assisté avec Michel au Musicorama de Sergio Mendes et son Brasil 66 et en a été retournée. Pour elle, l’Amérique a aussi un Sud. « Mariavah », son atmosphère maritime, de petit matin de bonheur, son odeur d’iode, sontempo léger, aérien, de presque samba balancée, ses percussions latines galopantes, ses guitares tricoteuses, son utopie sociale, ne doit rien de rien aux Américains, pas plus d’ailleurs qu’aux Brésiliens : c’est un hybride personnel, original, qui doit tout mais ne doit rien du tout, n’a effectivement besoin de personne. « Bahia », son « California Dreamin’ » à elle, où Sao Salvador da Bahia dos Todos os Santos, première capitale du Brésil, y tient lieu de L.A. et de San Francisco, rêverie érotique, impudique comme le sont les femmes lorsqu’elles sont très amoureuses : son fameux « caresse-moi » est tellement incongru – choquant ? –

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