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Quelque chose en nous de Michel Berger

Quelque chose en nous de Michel Berger

Titel: Quelque chose en nous de Michel Berger Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Yves Bigot
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dans une chanson en mars 1972 que bien peu le comprennent comme tel, sensualité qui lui confère encore plus de mystère que son appel clitoridien étonnamment décomplexé. La mélodie, le feeling, l’instrumentation, la modulation, en sont tellement doux, jolis, séduisants, que peu importe que le climat tropical de Bahia la noire démente totalement l’utopie selon laquelle les jours de pluie n’y existeraient pas…
    « Le Brésil, c’est l’influence de Sergio Mendes. Un jour, chez Pathé Marconi, j’ai entendu sa version de “Agua de beber” et je suis restée sur le cul. J’avais également assisté à un concert de Brasil 66 à l’Olympia. Il y avait ses deux chanteuses, Lani Hall, l’ex-femme de Sergio, et la grande blonde aux cheveux raides : elles étaient belles et chantaient comme des folles. Je me suis dit : “Pourquoi peuvent-elles faire ça et pas moi ?” Et j’ai essayé. Quand on veut, on y arrive. » Idem pour cet incroyable vibrato, qui irritera tant ses détracteurs, mais fait se pâmer ses supporters de la première heure. « J’étais une fan de Dionne Warwick, je voulais chanter comme elle alors que je chantais tout plat, sans le moindre relief, ni vibrato. Du jour au lendemain, à force de le vouloir éperdument,c’est arrivé. J’étais chez mes parents et je me suis aperçue soudain que si je chantais dans le rythme, ça marchait. J’ai construit une voix à la croche. Maintenant, c’est devenu tout naturel. »

    Il y a aussi cette façon toute nouvelle de faire sonner les mots sur la musique qui donne une force poétique et évocatrice inouïe, irrésistible, qui confère à la chanson son pouvoir rédempteur, curatif, en fait le genre le plus puissant, pénétrant, émouvant, qui soit, le meilleur de l’humanité, la dernière chose qui persiste quand la mémoire s’en va. Résonance presque automatique en anglais, langue scandée, découpée, séquencée, placée plus haut dans le spectre sonore, avec ses accents toniques martelés et son système de postpositions à géométrie variable et évolutive, mais longtemps et souvent rédhibitoire en français, ce qui fera dire à John Lennon que le rock français était un oxymore à l’instar du vin anglais. Véronique navigue à l’aise dans cet océan de fréquences. « Je suis bilingue depuis la plus petite enfance, et j’ai toujours parlé anglais. Quand j’entendais des chansons en anglais, je comprenais ce qui était dit et je trouvais qu’il y avait une dynamique des mots qui allait très bien sur ce genre de musique. Pour nous, c’était plus difficile parce qu’on avait des “on”, des “an” et des “ran”. J’ai essayé de faire mes paroles avec beaucoup de “l”, en les prononçant d’une façon spécifique. Le phrasé y est pour beaucoup. Si je fais chanter ma chanson à un mec, il ne va pas la chanter comme moi, alors que ce sont les mêmes mots. Mais moi, mes mots à moi, je les chante de façon à ce que ça ait une dynamique. Je les choisis en évitant les sons durs, avec des “r”. J’ai toujours fait attention au son des mots, de façon à ce qu’ils épousent mieux les crêtes et les creux de la mélodie. »

    Réalisé, produit, inspiré par Michel Berger, Amoureuse est avant tout le fruit d’une symbiose. « Au point que leur écriture à la main est identique, assure Bernard de Bosson. Il faut être graphologue pour distinguer celle de Michel de celle de Véronique. C’est fou ! »
    « Nous étions le miroir l’un de l’autre. Toute cette période, très intense, a donné mes deux premiers albums. On faisait presque la même musique, et ce que j’écrivais, il aurait pu l’écrire et inversement, mais nous n’avons jamais fait de chanson ensemble. Nous n’intervenions jamais dans le travail de composition de l’autre », avoue Véronique, qui n’en a pourtant pas besoin. « L’émulation était permanente. Chaque fois qu’on se retrouvait, j’avais écrit trois nouvelles chansons, et lui quatre. C’était une compétition, mais bien, très positive. Il me poussait toujours à travailler plus dur. Michel a toujours eu plus de talent, d’authenticité, que moi. Je ne veux pas dire que j’étais à sa suite, d’autant que, quand nous nous sommes rencontrés, nous nous sommes aperçus que nous faisions le même genre de musique, que nous avions sensiblement la même approche du chant », m’avait-elle confié un soir au bar du Plaza Athénée, lorsque celui-ci

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