Quelque chose en nous de Michel Berger
s’intéressaient pas à elle jusque-là.
Enfin reconnus par d’autres voix que celles de leurs fans, France et Michel incarnent le couple idéal, « les mimis », trop gentils, trop polis, trop servis, que tout le monde adore ou déteste à Paris,incapables, comme d’autres, trop humains, de se jeter la vaisselle à la figure. « Je te garantis qu’on se la balance, qu’on s’engueule très fort. Mais nous formons un couple qui tient, ça c’est miraculeux. D’ailleurs France n’est pas du tout une petite femme douce et, quand elle s’y met, elle peut être très agressive. C’est une écorchée, un peu, aussi… », m’assure Michel, qui redoute tant d’être pris pour un de ces bobos qui n’ont pas encore de nom. France est insomniaque, adore faire la fête, dîner et jouer aux cartes tard dans la nuit avec les amis.
Pour la scène, Michel engage un nouveau venu aux claviers, Serge Pérathoner. « J’avais un parcours un peu underground, puis j’avais fait le circuit jazz-rock, beaucoup de groupes, j’étais dans Transit Express avec Yves Simon. Michel aimait bien avoir une équipe autour de lui, le principe de groupe à l’anglo-saxonne avec des musiciens de talent et lui comme directeur artistique pour tout diriger, une musique qui s’invente à plusieurs plutôt qu’écrite par un arrangeur. Avant, il avait Bernholc en numéro deux, qui écrivait les cordes, veillait aux arrangements. Quand je suis arrivé, c’était l’époque des synthés. Pour le Zénith de France Gall, à la suite de l’album Débranche, Michel voulait trois claviers sur scène. Janik Top m’a appelé en me demandant d’en être avec mon frère Philippe. Michel ne voulait surtout pas de requins de variétés. Il aimait bien découvrir de nouveaux musiciens qu’on ne connaissait pas encore, qui provenaient de groupes comme Janik Top et Claude Engel qui avaient été tous les deux dans Troc et dans Magma. On a fait trois semaines et quatre jours, vingt-trois dates en tout, un succès faramineux, avec ce passage spectaculaire en fond de scène d’un paquebot pendant “Bébé comme la vie”, puis la tournée. »
Lorsque paraît Babacar, le 3 avril 1987, il s’est passé tant de choses dans la vie de France – et de Michel. Le 13 juillet 1985, invités par Monique Le Marcis et RTL, ils ont assisté à Live Aid au stade de Wembley, en compagnie de Jean-Jacques Goldman, Daniel et Coco Balavoine, et y ont rencontré Lionel Rotcage, fils de Régine, journaliste à Libération, entrepreneur iconoclaste et aventurier en tous genres, sur le point de lancer avec Marshall Chess (plus modestement, je fais partie du comité de rédaction) l’édition française de Rolling Stone . « Les débuts d’Action Écoles sont partis d’une réunion d’amis, une suite de colères partagées avec Daniel, à Wembley, au cours du gigantesque concert-symbole de Band Aid jeté à la face du monde et dont les Français ont été totalement absents. »
Lionel réunit bientôt autour de lui France, Michel, Daniel et Richard Berry pour fonder avec la bénédiction de « Saint » Bob Geldof qui squatte son canapé, avenue Parmentier, la branche française de Band Aid, Action Écoles. Et fédère un certain nombre de sympathisants actifs dont je fais partie, moins emblématiquement que Carole Bouquet, Christine Ockrent, Bernard Kouchner, le cinéaste britannique John Boorman dont Lionel a épousé la fille Telsche (son autre fille, Catherine, est amie avec Richard Berry) et quelques autres. Le 13 juillet 1986, pour Sport Aid, France Gall donne le coup d’envoi du match France-Angleterre entre artistes que j’ai organisé au vieux stade olympique Yves-du-Manoir de Colombes où se disputèrent les Jeux olympiques de 1924 et la finale de la Coupe du Monde 1938, prêté par Jean-Luc Lagardère. Le onze français réunit Francis Cabrel, Julien Clerc, Patrick Bruel, Herbert Léonard, Bernie Bonvoisin, Louis Bertignac, Didier Lockwood, Jean Falissard, Gildas Arzel du groupe Canada, Olivier deRincquesen, Dominique Scarpi, en maillot jaune et vert du FC Nantes, et affronte, aux couleurs rouges de Island, l’équipe réunie par Paul Banes avec différents membres de Prefab Sprout, Culture Club (non – pas lui !), etc.
Michel, France et Daniel s’impliquent à l’extrême dans Action Écoles, qui concerne pas moins de treize mille écoles, collèges et lycées de France, mobilisés pour expédier de l’aide d’urgence, riz, farine,
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