Quelque chose en nous de Michel Berger
France est enceinte de Raphaël, fragile, donc il ne sera pas possible de faire l’album, ni la tournée. »
En attendant, Philippe est bien au rendez-vous. « Je suis venu récupérer France et Michel à l’aéroport de Los Angeles. C’était la première fois que jeles rencontrais tous les deux. France m’a accueilli en me disant : “Joe est mort, c’est terrible.” Je n’avais aucune idée de qui il s’agissait, vivant aux États-Unis depuis six ans et ne sachant pas, ici, que Joe Dassin était décédé à Tahiti quelques jours auparavant. » Il sera pourtant enterré à Los Angeles le lendemain, au Hollywood Forever Cemetery, à côté de chez Warren Zevon, sur Santa Monica Boulevard, ce que tous semblent ignorer. Mort d’une crise cardiaque au soleil à quarante et un ans, sa femme Christine et la famille Dassin se déchirent autour du choix de son lieu de repos éternel…
« La limousine les dépose au Beverly Hills Hotel, puis nous nous rendons dans les collines d’Hollywood où Elton réside, pour une rencontre préliminaire à l’enregistrement prévu le lendemain », poursuit Rault.
Les séances débutent le 27 août au légendaire Studio 1 de Sunset Sounds, au coin de Cherokee et de Sunset Blvd, où les Doors ont enregistré la majorité de leurs albums, où leur ingénieur du son Bruce Botnik avait produit l’album Forever Changes du groupe Love et où les Rolling Stones ont terminé et mixé Exile on Main Street . Les musiciens sont l’Elton John Band du moment, soit sa rythmique anglaise historique (Nigel Olsson et Dee Murray), les guitaristes Tim Renwick et Richie Zito, le claviériste James Newton-Howard, qui deviendra un immense compositeur de musiques de films à Hollywood. Plusieurs musiciens angélins les complètent : le percussionniste d’origine carioca Paulinho da Costa, le saxophoniste Lon Price, sans parler de l’arrangeur Marty Paich, appelé en dernière minute pour conduire l’orchestre de trente cordes. Michel a la pression : il va diriger l’une de ses idoles, l’un de ceux sur lesquels il a construit son propre style. Il en est conscient, mais professionnel jusqu’au bout de la détermination. « Lejour où, travaillant avec les musiciens d’Elton John, je me suis mis au piano, il fallait que je sois sûr de moi, que je sache exactement ce que je voulais, sinon au moindre dérapage, ils ne m’auraient pas raté », me racontera-t-il plus tard.
« Les aveux » est une mélodie d’Elton, avec des paroles de Michel, qui s’appelait initialement « Reach Out to Me », puis « J’ai en moi ». « Donner pour donner », en revanche, est une chanson 100 % Berger comme le rappelle Rault. « Pour lui donner la couleur Elton nécessaire, Michel demanda à Bernie Taupin de pondre quatre lignes en anglais qui furent chantées au début du morceau, d’où le crédit final Taupin-Berger. »
Ce que tout le monde ignore, c’est qu’un troisième duo est également enregistré pendant ces séances. « Un troisième titre de Michel, “Seul avec la musique”, a été joué par la rythmique, mais les voix n’en ont jamais été vraiment terminées parce qu’Elton manquait de temps. »
L’ambiance en studio est excellente, comme en témoigne Philippe. « France, Michel et Elton s’entendaient parfaitement bien. Michel avait naturellement pris la direction musicale de l’opération et Elton en semblait parfaitement content. L’atmosphère était très chaleureuse, le band d’Elton très coopérant, comme son ingénieur du son Clive Franks. Elton semblait déléguer un certain nombre de décisions à son clavier, James Newton-Howard. Le troisième jour, il échange plus avec Michel au moment de l’enregistrement des voix, s’inquiétant en particulier de sa prononciation en français et de sa mise en place avec les harmonies chantées par France. Dans la salle d’attente de la cabine, il procédait parallèlement à des essayages de costumes destinés à sa tournée imminente. Alors que Lon Price allait se lancer dans le solo de saxophone ténor de “Donner pour donner”, il lui a fait la surprisede surgir dans un ensemble extrêmement suggestif, quasiment nu et avec des plumes dans le derrière. Rigolade générale instantanée. »
Michel, finalement conquis par Philippe, lui demande de superviser les mixages avec Clive Franks, coréalisateur. « Pour des raisons de disponibilité, ceux-ci n’ont lieu que les 4 et 5 novembre, toujours à Sunset Sounds,
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