Quelque chose en nous de Michel Berger
sans Michel, ni Elton. Sous nos yeux, les résultats des élections américaines tombaient à la télé : vote présidentiel massif en faveur de Ronald Reagan. Dans le studio, les mixages étaient impeccables. À l’extérieur, huit années de déprime commençaient. »
Dans le même temps, je suis également en ville, avec Mychèle Abraham (Europe 1) et Jean-Jacques Gozlan (CBS), pour assister au triomphe de Bruce Springsteen et du E. Street Band à la Sports Arena, en présence de Dylan, Ringo, Jackson Browne, Tom Petty, Tom Waits, Rickie Lee Jones, Jack Nicholson, Warren Beatty, Faye Dunaway, Jane Fonda, Cher. Le lendemain, je suis moi aussi à Sunset Sounds, en compagnie de Nicolette Larson, qui y enregistre son album Radioland .
« Les aveux » sont la face A, mais c’est « Donner pour donner » que programmeront Europe 1 comme RTL qui le classe numéro un de son hit-parade le 29 mars 1981. Le 1 er avril, Elton est invité à dîner chez les Hamburger pour fêter euphoriquement ce succès. Dans la nuit, France est prise de contractions, et accouche, non pas d’un album entier avec Elton, mais de Raphaël Jean, qui ne rira pas du rock’n’roll (il est aujourd’hui directeur artistique). Coluche sera son parrain, comme Luc Plamondon est celui de Pauline, au charme diaphane réminiscent d’Audrey Hepburn.
Après l’élection de François Mitterrand à la présidence de la République, la nouvelle famille construitepar Michel et France s’installe pour l’été dans les Parcs de Saint-Tropez, où Michel compose notamment « Diego, libre dans sa tête ». Selon Grégoire Colard, lorsqu’il la leur fait écouter, à France et à lui, cette dernière la réclame absolument, alors qu’il se voyait déjà l’interpréter lui-même sur scène. Ce sera, avec « La fille de Shannon » à la grâce mélodique exemplaire, en décembre, l’un des fleurons de l’album Tout pour la musique, enregistré de nouveau à Gang avec l’équipe habituelle, Claude Engel, Janik Top, Georges Rodi et le batteur anglais de Jeff Beck (entre autres), Simon Phillips. Les deux énormes succès qu’il contient sont aussi les deux morceaux composés en toute dernière minute par Michel dans le garage de la maison de Salvatore Adamo à Rueil-Malmaison que le couple loue toute une année, pour une France inquiète du manque de titres rapides : l’hymne du nouveau pouvoir « Résiste » (« et refuse ce monde égoïste ») et « Tout pour la musique ». Le second, qu’elle chante à la télé en collégiale avec Lio, Alain Chamfort, CharlÉlie Couture (au piano), Balavoine et Michel, lui donne son cinquième numéro un au hit-parade de RTL début 1982, au moment où elle se produit sur la scène habillée en damier du Palais des Sports du 7 janvier au 14 février.
Entourée de danseuses, d’un fil-de-fériste qui l’enlève pendant « Plus haut », de choristes parmi lesquelles Carole Fredericks (sœur de Taj Mahal et future partenaire de Jean-Jacques Goldman au sein de Fredericks, Goldman, Jones), de ses fidèles Engel et Top, de Bernholc au piano, elle s’essaie au saxophone sur « Besoin d’amour » et parvient même, en survêtement blanc à damier multicolores type Cité radieuse, à séduire Patrice Delbourg dans les Nouvelles littéraires , malgré ses réticences amusées : « Toute pour la musique, elle se balance comme une pile électrique,rosière futuriste aux saccades robotisées. » Le public reprend ses refrains en chœur, et pas seulement celui, téléphoné, d’« Amor tambien ». Pierre Lescure, amateur avisé, remarque que c’est la première fois, en France, qu’un public chante pareillement : « Je me souviens de Palais des Sports et d’autres concerts où je suis sidéré, car d’un seul coup des voix cristallines de jeunes adolescentes et d’énormément de jeunes femmes chantent avec France. Des salles entières debout chantent avec juste le piano “Tout pour la musique”, tous les grands titres de France, plus tard tout le monde en pleurs chantera “Évidemment”, “La minute de silence”. Les briquets, tout ça vient de lui, c’est Michel qui l’a inventé, ici. Jusque-là, en France, on n’est capable de chanter que les trucs à boire, ou bien chacun cavale pour dire “Nini peau de chien”. En France, on ne chante pas. On n’a pas le sens de la mesure, donc on ne sait pas chanter ensemble, on n’a pas la feuille, à cause de l’absence d’accent tonique. Et puis, d’un seul
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