Quelque chose en nous de Michel Berger
uniquement l’accompagnement de piano, et le public chantait cette chanson avec des mots assez compliqués, qui ne sont pas les mêmes qui reviennent. Ce n’est pas du tout une rengaine, et pourtant toute la salle chantait le texte en entier. Ça m’a donné envie de la mettre sur un disque. Finalement, c’est peut-être un album engagé, surtout dans “Diego”, sans pour autant être des chansons politiques, ni même directement sociales. Mais ça n’est pas une collection de chansons. Il y a une unité dans l’album, c’est vrai aussi pour la musique. Il y a un choix d’évolution, mais qui parle du monde des villes, de leurs habitants, et du rock aujourd’hui. C’est un disque qu’on a fait à quatre, très direct, qui a beaucoup plus de pêche que ceux que j’avais faits avant. Quand on fait de la musique depuis un certain temps, le principal, c’est de ne pas tourner en rond, d’aller vers quelque chose. Il y a des choses qui m’ont frappé en musique, que j’adore, auxquelles je m’identifie. Il y a vraiment une nouvelle direction de la musique que j’avais envie de jouer. C’est le résultat de ça. Les musiciens sont français, à l’exception des cuivres, puisqu’on s’est offert le luxe de se payer les Brecker Brothers et Blood, Sweat and Tears. C’est une aventure formidable. Les cuivres, c’était par rapport aux chansons ; c’est de la musique urbaine et les cuivres sont formidables. J’en avais envie depuis très longtemps. Je n’ai presque jamais utilisé de cuivres, ça donne une pêche incroyable aux chansons. Je ne regrette pas. »
Effectivement, Michael et Randy Brecker, les« Breakfast Brothers » comme les a surnommés Claude Nobs à Montreux, tellement ils aiment jammer tard dans la nuit du festival, sont en effet venus à Gang, accompagnés du tromboniste Tom Malone (Frank Zappa, BST, Gil Evans, les Blues Brothers, que Philippe Rault et moi avons utilisé sur le Live ! de Willy DeVille) pour ajouter leur section de cuivres sur « Les princes des villes », « Mandoline » et « Incorrigible ». Pas besoin de leur écrire ce qu’ils doivent jouer, ce qui convient parfaitement à Michel. « Ça fait des années maintenant qu’on ne travaille plus avec des arrangeurs, sauf pour les cordes. Quand j’en faisais, je travaillais avec Michel Bernholc qui, lui, était Prix de Conservatoire. Je travaille sur place, avec les musiciens, comme tout le monde depuis quinze ans, dans le style de musique qui nous intéresse. On se met à quatre en studio comme un groupe : Janik Top, Claude Engel, ça fait des années qu’on travaille ensemble. Ce sont vraiment des musiciens avec lesquels j’espère qu’on a autant de cohésion qu’un vrai groupe. Georges Rodi aussi, c’est vraiment un très bon musicien. J’ai travaillé avec les meilleurs musiciens du monde, par coïncidence parfois, grâce à des amitiés aux USA, et vraiment j’ai pu comparer le travail de Rodi, Engel, Top, ces gens-là sont vraiment d’un très grand niveau. La différence fondamentale, c’est qu’en France, il y en a beaucoup moins. On manque de producteurs et de structures autour. La notion de producteur n’est pas reconnue en France, donc personne n’a envie de le faire, contrairement à chanteur. Eux, ce sont seulement ceux qui veulent avoir une grosse voiture décapotable et toutes les filles qui viennent leur demander des autographes. Mais c’est plus rare de trouver des gens qui ont envie de faire de la production. »
« Michel m’envoyait des lettres qui malheureusement ont brûlé en 1998, se désole de Bosson. Mais il était malheureux, me disant que la maison était en train de changer. Il me disait : “Ne tombe pas dans ces travers. Résiste devant le marketing, la compta, le business, n’oublie pas la musique.” » Il ressortira le même couplet à Mychèle Abraham, iconique animatrice d’Europe 1 des années Giscard, lorsqu’il apprend qu’elle s’apprête à épouser à Reims Alain Lévy, patron de Polygram après avoir été celui de CBS. « Tu passes du côté des multinationales, bla-bla-bla… » C’est pourtant avec Lévy qu’il produira Rock’n’roll attitude pour Johnny. « Il râlait aussi, souligne de Bosson. Un jour, il se plaignait de ne pas avoir de bons résultats en Belgique. Je l’ai renvoyé dans ses cordes : “Tu te moques de moi : vous refusez tout ce qu’on vous propose de faire là-bas, vous refusez d’aller y faire des télés et maintenant
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