Qui étaient nos ancêtres ?
son acte en traçant une croix et en écrivant « Au nom de Notre Seigneur Amen, l’an de l’incarnation d’icelluy mil six cent trente-sept et le 24 e jour du mois de juillet… »
D’autres, par la suite, voulurent faire commencer l’année à Pâques, dont la date avait elle-même fait beaucoup débattre. Fallait-il la fixer en fonction de la Pâque juive ou de celle de la mort du Christ, sur laquelle personne n’arrivait à tomber d’accord, proposant des dates qui variaient du 3 au 17 avril ? On décida de s’en tenir à l’équinoxe et à la lune qui la suivait, ce qui fit qu’avant la réforme grégorienne, Pâques pouvait tomber jusqu’à la mi-juin ! Dès lors, le Carême arrivait pendant les foins, et les autres fêtes mobiles, Ascension et Pentecôte, articulées sur Pâques, tombaient en plein été. Plus personne ne s’y retrouvait.
Tout fut résolu par une décision du roi Charles IX, en 1564, qui fixa définitivement le début de l’année au 1 er janvier.
On a dit que la coutume du poisson d’avril était héritée du temps où l’on avait supprimé le début de l’année basé sur le 25 mars. En fait, elle semble tout simplement venir du fait que le 1 er avril était autrefois la date de fermeture de la pêche, ce qui, lorsqu’elle tombait en plein Carême, privait nos ancêtres d’un des principaux aliments dont ils pouvaient faire leur repas…
À toutes ces fêtes, on doit ajouter celles accompagnées de rites et de cérémonies unanimement suivies, que ce soit la Chandeleur, le Mardi gras, la Mi-Carême…, et bien sûr les fêtes patronales. S’il est paroissien de Saint-Eustache notre savatier devra poser ses outils le 14 mars, jour de la fête du patron de sa paroisse, et aussi celle du patron de son métier, saint Crépin, le 25 octobre, celui de la fête de son propre patron – par exemple saint Jean –, le 24 juin, et lors de plusieurs autres encore, que son curé lui impose : fêtes de la patronne de la ville, sainte Geneviève, de la France (autrefois, sainte Pétronille), fête des saints patrons de l’évêque, du roi, comme il lui impose encore toute une série de fêtes commémorant la vie du Christ, de la Vierge ou des apôtres, qui ne tombent pas toujours un dimanche !
Mais qui donc était la patronne de la France ?
Si chaque pays se devait d’avoir son saint patron, la France, elle, semble avoir toujours préféré… une sainte patronne.
Qui se souvient encore qu’au Moyen Âge c’était sainte Pétronille qui avait cet honneur, pour avoir été choisie par nos ancêtres selon la bonne logique qu’on leur connaît ? Suivez bien…
D’une part, la France était, à travers tout le monde chrétien, considérée comme « la fille aînée de l’Église ». D’autre part, l’Église avait été fondée par saint Pierre. Ajoutez à cela que sainte Pétronille (forme féminine de Pierre, et qui patronnait donc les Pierrette) passait pour avoir tenu le ménage du grand apôtre, et était donc non seulement représentée avec un balai, mais considérée par ailleurs comme sa « fille spirituelle ». Conclusion : la France, « fille aînée de l’Église », ne pouvait avoir pour patronne que la « fille aînée » du fondateur de cette Église. Imparable, non ?
Sainte Pétronille, pourtant, perdra sa place. Elle se vit d’abord menacée par sainte Jeanne, que les rois capétiens avaient d’autant plus envie de lui substituer qu’elle était de leur famille. Fille de Louis XI, cette princesse laide et boiteuse, avait fondé l’ordre de l’Annonciade après avoir été répudiée par son époux, Louis XII, désireux d’épouser Anne de Bretagne.
On en était là quand Louis XIII mit tout le monde d’accord, en 1638, à la suite d’un vœu exaucé par la Vierge (la naissance du futur Louis XIV) et qui valut à la France de prendre celle-ci pour patronne. Une patronne, d’ailleurs, que conservera plus ou moins la République en se tournant vers Marianne, suite à la rencontre entre Barras et une Alsacienne, nommée Marie-Anne Reubell. Un hasard qui vaudra à la dame une confortable pension à vie, que lui allouera Napoléon I er à titre de droit de bail de son prénom. Enfin, après la canonisation de Jeanne d’Arc, prononcée en 1920, les milieux catholiques la proposèrent à son tour pour cette fonction.
Sainte Pétronille, elle, est donc tombée aux oubliettes de l’Histoire. Fêtée le 31 mai, elle en fut
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