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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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l’alimenter. Les chansons et les danses leur font écho aux veillées, émaillées parfois, plus tard, de quelque récit épique d’un grognard rentré de la campagne de Russie. On lit très peu. Seul le « discret » curé peut faire la lecture d’une édifiante vie de saint achetée à quelque colporteur de passage.
    Les très rares bibliothèques sont en ville. En 1809, dans le riche manoir percheron de la feue Dame d’Arlanges, le notaire, à côtés des canapés et des meubles recouverts de velours d’Utrecht, et après avoir prisé près d’un millier de bouteilles de vins fins, décrit la « bibliothèque d’agrément et d’instruction » du châtelain : on y trouve près de quatre cents volumes dont les trente-neuf volumes de l’« Anciclopédie » et pas moins de cent quarante-quatre ouvrages de piété.
    Mais au siècle des Lumières, M. d’Arlanges fait figure d’exception. Au château de Tissonnières, chez le bourgeois auvergnat François Reynal, docteur en médecine, dans une « armoire fermée de portes en araignée » (sans doute une bibliothèque grillagée), on ne trouvera que neuf livres ! Les Lumières, décidément, n’entrent pas facilement chez nos ancêtres, et pas partout de la même manière. Si, en 1776, Maître Buchard, notaire à Ugine, en Savoie, avait une bibliothèque de 179 volumes, l’inventaire dressé neuf ans plus tôt à la mort de son confrère limousin Léonard Brugère ne cite pas le moindre livre, comme c’est évidemment le cas dans les centaines et des milliers d’inventaires concernant des intérieurs plus modestes.
    Comment s’en étonner ? Nos ancêtres n’ont ni nos connaissances ni nos ouvertures. Si la religion constitue leur science et leur savoir, si les anciens, qui sont la mémoire, ont des savoirs tout empiriques, comme celui de la gestion des alliances, bien des réalités leur échappent, et le curé voit encore un « dragon volant » dans la comète observée dans le ciel. Au XIX e siècle, l’uniforme et la plaque de cuivre du facteur rural sont l’emblème reconnu d’un savoir hors des normes.
    Illettrés plus qu’ignorants, ou ignorants plus qu’illettrés ? La question ne se pose pas vraiment en ces termes. Certes, nos ancêtres ne savent pas lire. Certes, leur civilisation est une civilisation de l’oral et plus encore du geste, où l’écrit est exceptionnel, mais quand bien même ils auraient eu des livres et les connaissances suffisantes pour les lire, ils n’en auraient guère eu le loisir. Le loisir, en effet, est une notion – une de plus – qui leur est étrangère.

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Laborieux ou cools ?
    Nos ancêtres n’ont pas de loisirs. D’autres vous diront le contraire… Ils vous expliqueront qu’ils ne manquent pas de jours de fête, qu’ils pratiquent le desport , c’est-à-dire des sports, et pas uniquement le jeu de paume, très chic, auquel on ne joue guère que dans le monde des châteaux. Ils vous diront que lorsqu’ils font la noce, les festivités durent plusieurs jours, qu’il y a des foires, des veillées et des bals, sans parler des loisirs d’inspiration religieuse, les processions et les pèlerinages…
    Certes, nos ancêtres ont des moments libres, mais pas forcément pour autant des moments de liberté. À la fête comme au desport , à la noce comme aux veillées, ils ne sont jamais seuls. La démarche, le « vécu » ne sont jamais individuels. Des loisirs au sens moderne, nos ancêtres n’en ont pas. Si notre société est souvent vue comme celle des loisirs, la leur est celle du travail. Du berceau à la tombe, ou du moins de l’âge de raison à la sénilité, du 1 er janvier à la Saint-Sylvestre et du lever au coucher du soleil, ils travaillent. Disons simplement que cette longue astreinte monotone est seulement régulièrement marquée par des « temps forts ».
    Prière, boulot, dodo : 35 heures et RTT
    Ici encore, les différences entre notre société et celle de nos ancêtres sont énormes.
    D’une part, la vie tout entière est organisée autour du travail. Travail incessant, de tous les jours. Travail auquel on ne saurait se soustraire, si l’on veut pouvoir se nourrir. Travail pour payer les impôts ou les fermages. Hormis les jours de fête et d’exception, aucune source de distraction ne se présente aux gens modestes, si ce n’est pour quelques-uns – que l’opinion publique condamne – les cabarets, que l’on a vu se multiplier au XIX e siècle sous

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