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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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comme 1700, 1800, 1900…, et l’on décida, cette année-là, de passer directement du 4 au 15 octobre. Si la France, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, comme la Savoie et le duché de Lorraine, se plièrent immédiatement à cette réforme, d’autres attendirent : l’Autriche ne le fit qu’en 1584, la Prusse en 1610, l’Alsace en 1648…, l’URSS attendant quant à elle 1923, ce qui explique les dates décalées des journées de la révolution d’octobre 1917. Sans cette réforme, notre 1 er janvier 2002 n’aurait donc été que le 19 décembre 2001…
    Reste enfin le fameux calendrier révolutionnaire, qui compta les jours à partir du 22 septembre 1792, date de proclamation de la République. Dû au mathématicien Romme et à d’autres savants de l’époque, comme Monge, il fut bientôt assorti des bucoliques et écologiques trouvailles de Fabre d’Églantine. Avec ses mois de Vendémiaire, Brumaire, Frimaire, Nivôse, Pluviôse, Ventôse, Germinal, Floréal, Prairial, Messidor, Thermidor et Fructidor, il eut cours du 24 novembre 1793 au 31 décembre 1806, où il perdit sa raison d’être puisque Napoléon avait envoyé la République aux orties. S’il s’était maintenu, il aurait fait de notre an 2000 l’an 210 et nous serions loin, très loin de notre troisième millénaire… !
    Si nos ancêtres maîtrisent parfaitement le jour de la semaine, ne serait-ce qu’à cause de l’obligation de la messe et du repos dominical, ils se contentent, pour le reste, du calendrier liturgique : le dimanche après Pâques est celui de Quasimodo, et la fête de saint Georges tombe à peu près au milieu du printemps. On parle éventuellement du premier jeudi de Carême ou de celui avant Noël, et encore… Car en dehors de quelques cas exceptionnels, nul projet n’a réellement besoin d’être daté.
    On doit payer son loyer, son fermage ou son métayage à la fête de saint Jean ou de saint Martin, et chaque année la foire du village voisin a lieu le jour de saint Blaise. Comme Malbourough prévoyait d’être de retour « à Pâques ou à la Trinité », le scieur de long du Forez rentre pour la Saint-Jean d’été et le maçon marchois prend le chemin du retour à la Saint-Michel ou à la Saint-Martin. Ces repères suffisent. Qu’aurait changé, pour les hommes et les femmes d’autrefois qu’il soit 11 heures ou 18 h 30 ou que l’on soit le 14 ou le 18 juin ? Seuls quelques personnages ont besoin de ces repères, et Monsieur le Curé les gère parfaitement. Il saura très bien, tout comme le syndic tenant lieu de maire, le premier dimanche d’octobre venu, sonner la cloche pour faire désigner les hommes qui devront collecter la taille.
    Il en va de même au fil de la journée : l’heure indiquée par le soleil suffit à renseigner entre les trois sonneries de l’angélus, même si au voisinage des couvents on peut compter les sept heures canoniales, obligeant les chanoines à louer Dieu en chantant en chœur tout au fil du jour. Ils commencent par les matines (entre minuit et le lever du jour), les laudes (louanges à l’aube), puis prime , tierce , sexte, nonne aux première, troisième, sixième et neuvième heures (soit à 6 heures, 9 heures, 12 heures et 15 heures), puis chanteront vêpres (d’après le latin Vesper , soir), pour terminer avec compiles (au jour « accompli », autrement dit achevé), avant que de chanter le Salve Regina à la Vierge Marie au moment du coucher.
    Peu importe l’heure exacte. Le sire de Gouberville, dans sa campagne normande du XVI e siècle, se contente de noter, à l’occasion d’un déplacement effectué, que lorsqu’il est parti, il était « sept heures sonnées », sans préciser – ni sans pouvoir le faire – depuis combien de temps. Il a par ailleurs noté être arrivé plus d’une fois en retard à l’église, à « messe dite », mais cela ne le perturbe apparemment pas outre mesure. Nul n’a de train à prendre et l’horaire de la patache ou de la diligence reste aussi souple qu’imprécis. Les étapes durent une journée ou une demi-journée.
    Qui va à la foire ou à la ville, qui se rend à une ferme voisine, part généralement pour la journée. L’unité de temps ne saurait guère descendre en dessous. C’est à cette aune que l’on estime les temps de voyage. Nul n’aurait l’idée de fixer un rendez-vous à un jour et à une heure précis. Le notaire s’entend avec le beau-père pour venir rédiger le

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