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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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l’appellation de cafés. On ne saurait donc aisément échapper à l’emprise du quotidien.
    D’autre part, il n’a longtemps existé aucune loi ni aucun texte régissant et limitant le travail, ni aucun système de protection sociale. Malade, invalide, âgé, l’homme incapable de subvenir à ses besoins ne peut survivre décemment qu’intégré à un groupe qui le prend en charge. Celui qui se repose lorsque les autres membres de son groupe travaillent en compromet gravement l’équilibre. Au fil des siècles, l’attitude de la communauté vis-à-vis du désœuvré passera de la compassion à la répression. On a vu qu’est réputé pauvre celui qui n’a « ny profession, ny métier », et on ajoute « ny domicile certain »…
    Cette situation est acceptée. Les textes sacrés la posent comme postulat de base, depuis qu’Adam fut chassé du Paradis. Dieu l’a voulu ainsi, et le travail accompli sur terre sera porté au crédit de l’âme, lorsque celle-ci sera pesée sur la balance céleste. On ne chante pas encore que le travail est la santé, mais on sait qu’il contribue à assurer celle de l’âme, puisque l’oisiveté est la mère de tous les vices. La cloche de l’église, en le rythmant sans cesse par les temps de prières qui scandent la journée, ne cesse de rappeler tout cela, et nos ancêtres, courbant l’échine, se remettent au travail après un signe de croix, sans trop se poser de questions…
    Cela dit, si ce travail est autrefois dur et continuel, quelques calculs vont réserver des surprises.
    Avec nos trente-cinq heures, nos cinq semaines de congés annuels, nos week-ends et notre douzaine de jours de congés légaux, majoritairement encore liés au calendrier liturgique (lundi de Pâques, Ascension, Toussaint, Noël, 14 juillet…), nous arrivons aujourd’hui à 222 jours de travail par an.
    Qu’en est-il dans le monde de nos aïeux ?
    Leurs journées, tout d’abord, sont de durées variables. Elles dépendent de la saison et de la météorologie. Si l’on sait s’occuper, en hiver, quand les gelées empêchent de cultiver le sol, avec les bêtes à l’étable, qu’il faut nourrir et conduire à la mare ou à l’abreuvoir plusieurs fois par jour, si l’on a toujours un ouvrage à faire à l’abri, on se trouve en revanche bien plus limité la nuit venue, aussi bien à la ferme qu’à l’échoppe de l’artisan ou à l’étude du notaire, alors que la chandelle est rare, le feu cher et la lueur de l’âtre faible. Les 365 jours de l’année de nos ancêtres ne sont donc pas tous également « œuvrés ». Chez les paysans, à des journées de quinze heures en été, au plus fort des gros travaux (moins les temps des repas, même s’ils sont parfois frugaux, et parfois un temps de repos à midi), correspondent des journées de neuf ou dix en hiver, et qui sont loin d’être tout entières consacrées au travail, bien que les temps morts soient en fait toujours utilisés pour des loisirs « actifs » : à la veillée, nos ancêtres filent, émondent les noix ou fabriquent des outils. Le bilan est net : le temps qu’ils consacrent au travail ne peut que l’emporter sur tout autre.
    Une sixième « plombe » pour « coincer la bulle »
     
    Nos ancêtres se levaient tôt. Souvent au chant du coq ou dès potron-minet, autrefois dès potron-jacquet , au temps où le jacquet désignait l’écureuil, un des animaux qui se levent le plus tôt, avec le chat. Potron , anciennement poitron, n’était autre que le postérieur, que montrait l’animal lorsqu’à peine éveillé il partait à la chasse.
    Nos ancêtres se mettant au travail à la pique du jour, autrement dit à la pointe, au moment où le jour commence à poindre, avaient souvent besoin d’une petite sieste, surtout durant les longues et chaudes journées d’été, et ils profitaient alors de l’heure de midi, la sixième heure selon le découpage hérité des Romains, sexta hora qui est justement à l’origine de notre mot sieste. On ne parlait pas encore de coincer la bulle, expression née de la référence à la bulle des instruments de niveau, qui ne se trouvait coincée qu’en position parfaitement horizontale.
    La sieste à midi, évidemment, n’était pas toujours possible. Même si l’on ne pouvait perdre son temps à chercher vainement midi à onze heures, qui devint midi à quatorze heures après qu’en 1918, on prit l’habitude de compter les heures, non plus seulement

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