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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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contrat de mariage tel jour, après midi, et l’indiquera ainsi dans l’acte, sans jamais se montrer plus précis.
    Les heures sont inscrites aux horloges des villes qui relèvent davantage du gadget, et la haute technicité de leurs mécanismes fait que ces horloges doivent être constamment surveillées et entretenues par un maître horloger. En 1631, les travaux d’entretien et de réparation de la grande roue du mouvement de l’église Saint-Pierre-le-Marché, à Bourges, sont facturés 90 livres tournois, facture dont le montant représente largement la valeur de deux bons bœufs…
    La montre-gousset n’apparaîtra pas avant le XVIII e siècle, – et bien sûr chez une élite –, et l’horloge comtoise, aux lourds poids remontés chaque jour – comme on continuera à le dire pour le petit remontoir de notre montre-bracelet – ne se démocratisera qu’au XIX e . Sous la Révolution et l’Empire, pourtant, la mesure du temps semble avoir nettement gagné en précision : dans les registres d’état civil, nos plumitifs de village à demi analphabètes, prennent soin d’indiquer les heures de naissance et de décès. Mais des expressions comme « environ deux heures du soir » sont-elles pour autant toujours bien précises et rigoureuses ?
    Notre mesure moderne du temps doit sans aucun doute beaucoup au chemin de fer, qui affichera d’emblée une précision obsessionnelle, même à une époque encore pionnière, où les temps de voyage varient énormément, en raison de mille incidents d’origine mécanique, météorologique, ou humaine (pannes, avaries, tempêtes, attentes complaisantes d’un voyageur…). La minute fait son entrée dans l’univers de la durée. Elle fractionne le temps jusqu’alors presque indivis. La montre-gousset – l’oignon –, devient l’accessoire indispensable de l’homme « dans le coup ». Chez les femmes, l’objet est promu au rang de bijou ; pour les enfants, à celui de cadeau de communion, un de ces cadeaux que l’on gardera toute sa vie…
    Quand la vitesse les emportait
mais sans le moindre portable
    Dire que nos ancêtres étaient plus lents est une évidence. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est la linéarité de leur temps, non encore sectionné comme l’est devenu le nôtre. Nos ancêtres prennent moins celui de vivre que celui de faire. Ce n’est pas un choix, mais une obligation et une réalité. Aller à la foire ou à la ville, comme aller faire la demande en mariage en qualité d’entremetteur, prend la journée. Et rappelons-nous qu’il faut cinq jours pour faire de l’encre…
    Le temps n’est jamais compté. Les seules urgences sont inspirées et justifiées par la crainte de la damnation éternelle : ce sont les baptêmes sous trois jours et la course du curé, allant à travers champs donner l’absolution au moribond, précédé de l’enfant de chœur agitant sa clochette, comme la voiture de police toutes sirènes retentissantes précède aujourd’hui l’ambulance du SAMU.
    Il faut un temps pour chaque chose et chaque chose doit se faire en son temps. Lorsque les règlements de 1793, créant l’état civil, prévoient que ceux qui en ont la charge doivent s’assurer de visu du sexe du nouveau-né et aller sur place constater les décès, cela n’effraie nullement, peut-être parce que le secrétaire de mairie sait que marmots et cadavres passeront « chez lui » en étant conduits sur les fonts baptismaux et au cimetière, et qu’il sera ainsi dispensé de se rendre au domicile mortuaire, souvent situé à plusieurs kilomètres du chef-lieu…
    À un autre niveau, les nouvelles « transmises » par les colporteurs et les individus mobiles circulent très lentement, et l’information en direct est évidemment inconcevable. C’est le 22 janvier 1746, lors d’un déplacement au Buis, que le notaire Veux, a appris que « le duc de Bavière, qui avait été fait empereur, était mort, âgé d’environ quarante-huit ans ». Or, le duc était mort plus de onze mois, auparavant… Mais qui s’en serait étonné ? Ni les domestiques du sire de Gouberville, qui ont attendu plus de deux mois le retour de leur maître parti pour Blois, ni le Lorrain Humbert Montignon, de Sauvigny. Si celui-ci s’est engagé, en mars 1634, à rembourser en deux termes, à Noël et à Pâques suivants, les quarante livres que lui a prêtées la veuve de Demenge Olry, il ne s’en acquittera qu’en 1659, auprès de la fille de

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