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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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(c’est-à-dire des objets mobiles), liés à sa vie quotidienne ou à l’histoire de sa famille : animaux, armes, croix et quantité d’autres éléments plus ou moins symboliques. Il se dégagea peu à peu des règles, énoncées dans un vocabulaire propre ( l’héraldique , langage des « hérauts d’armes »), qui appelait le rouge gueules , le bleu azur, le vert sinople , l’oiseau sans bec une merlette et parlait de lions passants ou rampants.
    Ces blasons étant personnels, nul n’aurait su porter le même que son voisin. À l’origine, un fils cadet devait prendre ses propres armes ou briser, par une modification ou adjonction quelconque, celles de son aîné. De ce fait, plus un blason est sobre, plus il a de chances d’être ancien.
    Mais pas plus que la particule le blason ne saurait être considéré comme un signe extérieur de noblesse. À la fin du Moyen Âge, des laboureurs ou des artisans en arboraient parfois. Cependant, toutes les familles nobles ayant le leur, il fut vite aussi recherché que la « particule ».
    Cette vanité fournit à Louis XIV une autre occasion de remplir ses caisses toujours vides en instaurant, en 1696, un droit d’enregistrement de vingt livres (en gros, le prix moyen d’un bœuf, équivalent de notre tracteur). Toute personne d’un certain rang était même tenue d’en faire enregistrer un, histoire d’augmenter encore la rentabilité de l’opération, et des fonctionnaires royaux étaient chargés d’en pourvoir d’office ceux qui oubliaient d’en réclamer. Des blasons furent alors fabriqués en série, blasons peu originaux, fréquemment à base de chevrons accompagnés d’objets divers, formule offrant suffisamment de variantes pour éviter les risques de doublons. On créa aussi, par des rébus, de nombreuses « armes parlantes », donnant ainsi à M. Douhéret, « un mouton dans un filet » (parce que « doux ez rets » ) ou à M. Martin d’Ayguevives un martin pêcheur pêchant dans une rivière (les eaux vives).
    Qu’elle ait été acquise par la naissance, par une charge ou par une fonction, la noblesse – qui se transmettait sauf exception rarissime exclusivement par les mâles –, pouvait se perdre.
    Elle se perdait non seulement par le non-acquittement de ces droits de confirmation, mais aussi suite à une condamnation infamante ou par dérogeance. Bien plus que la mésalliance (le noble était en fait parfaitement libre d’épouser qui bon lui semblait), l’exercice de certaines professions était en effet jugé incompatible avec son état. Lui étaient donc interdites toutes les professions mercantiles ou manuelles – à l’exception de celles de maître de forges ou de verrier –, mais non pas une activité agricole, et l’on pouvait voir certains petits nobles bretons pousser eux-mêmes leur charrue. En revanche, on ne plaisantait pas avec les « bas offices dégradants », non-anoblissants, comme ceux de procureur ou d’huissier, qui entraînaient la dérogeance sans appel. C’était aussi le cas pour la profession de notaire – sauf pour les notaires au Châtelet de Paris.
    Dans certaines provinces, comme en Bretagne et en Artois, on estimait cependant que cette dérogeance n’était jamais définitive et n’avait pour conséquence que de faire « dormir » la noblesse, celle-ci restant récupérable ou plutôt rachetable, à tout moment, moyennant des lettres de réhabilitation, naturellement payantes.
    Le système, à tous les niveaux, se révélait une invention aussi géniale que rentable. Au fil des siècles, l’évolution avait été considérable et les nobles de 1789 n’avaient plus guère de points communs avec ceux des châteaux forts des X e ou XI e siècles, quand bien même ils en descendaient, ce qui était finalement assez rare. Aux temps féodaux, le contrat tacite selon lequel le roturier travaillait la terre pour nourrir à la fois le curé qui priait et le noble qui assurait sa sécurité avait bien fonctionné. Mais dès le XV e siècle, la récession économique et l’inflation avaient très nettement entamé et diminué le pouvoir d’achat du noble, qui avait vu son revenu à ce point dévalorisé qu’il avait dû augmenter le tribut qu’il exigeait des paysans. Il s’était souvent vu contraint à vendre ses terres, que s’étaient empressés d’acheter des bourgeois et des commerçants enrichis. Bien souvent, ces derniers en prenant possession de ces terres en

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