Qui étaient nos ancêtres ?
terre. La quasi-totalité de nos ancêtres sont issus de la roture, en ce qu’ils travaillaient à la « rupture » de la motte de terre, action qui avait représenté le plus clair du travail du défricheur et du laboureur. Ici encore, tout s’était joué à l’époque féodale, lorsque les religieux priaient et que les seigneurs guerroyaient.
Tout près des églises et des murailles des châteaux et des bourgs, nos ancêtres vivaient dans les fameuses villae , d’où leur nom de vilains, auquel se référait, à son origine, l’expression « jeu de mains, jeu de vilain ». Un vilain pouvait être soit « serf », soit libre. Dans le premier cas, il était totalement lié au seigneur qui lui avait fait concession d’un « manse », autrement dit d’une terre sur laquelle il habitait et travaillait, concession au terme de laquelle il était soumis à des charges, essentiellement des corvées et des redevances. Le seigneur propriétaire pouvait exiger de lui autant d’impôts et de corvées que bon lui semblait ; le vilain était alors réputé « taillable et corvéable à merci ». Dans le second cas, les liens qui l’unissaient au seigneur étant moins forts, il n’était que « taillable et corvéable a bone », c’est-à-dire dans une « bonne mesure », suite au rachat qu’il avait pu faire du solde : c’est de là que nous vient notre formule de l’« abonnement ».
La plupart des vilains avaient acquis ce statut pour avoir été « affranchis » après avoir versé une contre partie. D’autres, appelés des « colons » ou des « hôtes », le devaient au fait d’avoir défriché une terre. Pour favoriser des défrichages, ou pour différentes autres raisons, bien des seigneurs avaient, en effet, été amenés à procéder à des affranchissements massifs – ne serait-ce, bien souvent, que pour y trouver une source de revenus. Dès le XIII e siècle, hormis dans quelques régions comme la Bourgogne, presque tous les serfs avaient donc été affranchis, même si nos noms de famille, dégagés antérieurement, conservent pour certains d’entre eux le souvenir de ces anciens liens.
Les Lecomte descendent-ils d’un comte ?
Que les Roi, Roy et Leroy ne rêvent pas trop : ils ne descendent pas plus d’un roi que les Lempereur d’un empereur ! Et pas plus du bras droit que du gauche… Ils se contentent d’avoir pour ancêtre un homme qui avait été le vainqueur d’un de ces anciens jeux d’adresse que nos aïeux inscrivaient volontiers à leurs calendriers après le temps pascal ; jeu de tir à l’arc ou à l’arbalète, à l’issue duquel le gagnant se voyait sacré, pour l’année durant, « roi du jeu », et « empereur » s’il remportait à nouveau le concours l’année suivante.
Qu’en est-il en revanche des Baron, Comte, Lecomte, Marquis, Duc, Leduc, des Prince et des Leprince ? La réponse est délicate, du fait que l’on peut se trouver en face de surnoms empreints d’ironie, ayant désigné des hommes qui se donnaient des airs importants, ou de noms expliqués par la dénomination elliptique liée aux liens de dépendance, faisant que Lecomte et Leduc avaient pu désigner respectivement « l’homme-le-comte » et « l’homme-le-duc ».
Une seule réserve pour Baron, qui, au Moyen Âge, avait aussi désigné un homme de guerre et, de façon générale, le « mari », en tant que chef de famille vénéré et tout-puissant.
Ces mêmes explications vaudront pour des appellations rappelant des états ou des fonctions, comme Prévost (donnant aussi Pruvost, Provost, Prouvost, et par contraction Prost et Proust), Bailli (ou Bally, Bayle, Beyle…), Sénéchal, Viguier ou Voyer, Maire et Lemaire, ou encore Bourgeois ou Lebourgeois, Maître ou Lemaître. La liste est longue, qui comprend aussi les Sergent, Capitaine, Châtelain, Vassal et Vasseur (ou Vavasseur, Levassor…), Chevalier ou Chevallier, les Page et Lepage… Nul ne pourra jamais dire si ces surnoms se sont rapportés à l’état ou à la position occupés, à la fonction exercée, à l’attitude affichée ou au caractère de l’ancêtre. Pas plus, en fait, qu’on ne pourra savoir si Boucher fut le surnom donné en référence au métier ou à des mœurs sanguinaires. Il est des cas où nos patronymes gardent leur secret…
Parallèlement, au fur et à mesure que s’étaient développés les bourgs et les villes, l’artisanat et ce que nous appelons
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