Qui étaient nos ancêtres ?
nombre de générations, ces fonctions conféraient la noblesse. Il fallait en général deux générations, – parfois une seule dans certaines régions – et vingt années d’exercice, sauf cas de mort en charge qui en dispensait. On appelait la noblesse ainsi obtenue noblesse de robe , parce que l’exercice de ces fonctions obligeait le plus souvent à porter la robe : robe des magistrats, des membres des Parlements, robe des membres de la Cour des Comptes ou des Bureaux des Finances, volontiers accompagnée d’un bonnet – d’où l’expression de « gros bonnet » par laquelle nous avons gardé l’habitude de désigner des gens importants. Toujours pour des raisons financières, le pouvoir royal n’avait pas hésité à multiplier le nombre de ces « offices », que Necker évaluait à plus de quatre mille à la fin de l’Ancien Régime, et que l’on appelait « savonnettes à vilains », parce qu’ils permettaient aux gens du commun de changer de peau et de position dans la société. Au XVIII e siècle, des charges instaurées dans ce seul but pécuniaire, comme celles de conseiller du roi , maison et couronne de France , qui seront de simples sinécures honorifiques anoblissant en une seule génération, seront vendues à prix d’or.
La noblesse par fonction , aussi appelée noblesse de cloche , en référence à la cloche des beffrois et des hôtels de ville, s’obtenait enfin par l’exercice de magistratures municipales, essentiellement celles de maire et d’échevin. La noblesse d’épée fut conférée à partir de 1750 aux officiers généraux et à la troisième génération de chevaliers de Saint-Louis.
Sous l’Ancien Régime, les membres de toutes ces « familles » composaient donc ensemble le deuxième ordre, celui de la noblesse qui, pour avoir hérité de l’ancien devoir d’assurer la sécurité et la défense et pour continuer à fournir les cadres de l’armée (comme les chanoines, les officiers devaient pouvoir prouver leurs quartiers de noblesse), étaient dispensés de certains impôts comme la taille et ne payaient les autres (capitation et vingtième) qu’à taux réduit. Ils échappaient par ailleurs à la justice traditionnelle, n’étant justiciables que de certaines cours qui leur étaient propres.
Ces privilèges étaient suffisamment importants pour pousser bien des familles à se prétendre nobles, puisque la naissance était suffisante pour acquérir cette qualité. Toute usurpation était donc sévèrement réprimée par de très lourdes amendes, avec remboursement majoré des sommes injustement impayées. L’inflation des nobles ayant évidemment des conséquences négatives pour le Trésor, Louis XIV décida, en 1666, de vérifier les droits et les prétentions de chacun quant à ces exemptions. Il initia donc de grandes recherches, expliquant que Sa Majesté voulait que pour les distinguer des usurpateurs, il soit fait un catalogue contenant les noms, surnoms, armes et demeures des véritables gentilhommes. Les intendants furent chargés de passer au crible, et sans la moindre exception, toutes les familles du royaume, en les obligeant à produire soit un titre écrit soit une preuve de la possession incontestée de leur état nobiliaire depuis plus de cent ans. Qui ne pouvait le faire était lourdement taxé, et qui passait l’épreuve avec succès, déclaré maintenu , ne l’était pas moins, d’une autre façon, puisque contraint d’acquitter un droit de confirmation. Les archives de ces enquêtes ont été conservées et suffisent généralement à faire foi de la qualité des actuels descendants des familles qui y sont nommées. Les coffres du Trésor se remplirent si bien que trente ans plus tard, en pleine guerre de la Ligue d’Augsbourg, Louis XIV usa de la même recette, appliquée cette fois-ci au niveau du blason, sur lequel la noblesse avait très tôt représenté ses « armes ».
… pas davantage que le blason !
Né sur les champs de bataille de l’époque des Croisades, le blason était destiné à faciliter l’identification des chevaliers, tout caparaçonnés de leurs armures. Il s’agissait ni plus ni moins d’un « logo » personnalisé, représenté sur le bouclier ou écu (d’où notre mot écusson).
Chacun s’en confectionna donc, à partir de métaux (l’or, l’argent), d’émaux (bleu, rouge, vert ou noir) et éventuellement de fourrures (vair ou hermine), en représentant des meubles
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