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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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de constater qu’elles ont peu – ou pas – connu leurs grands-parents, et particulièrement leurs grands-pères. Alain-Fournier, Bernanos, Cocteau, Defferre, Chevalier, Matisse, Proust, Claudel, l’abbé Pierre… n’ont jamais connu leur grand-père paternel et le général de Gaulle n’avait, sur ses quatre grands-parents, connu qu’une seule grand-mère. On est loin des premiers communiants d’aujourd hui entourés non seulement de leurs quatre grands-parents, mais bien souvent de quatre ou cinq arrière-grands-parents… Le monde d’autrefois ignorait notre pourcentage croissant de nonagénaires et de centenaires.
    Les centenaires sont-ils propres à notre époque ?
     
    Jeanne Calment, décédée en 1997 dans sa cent-vingt-troisième année, semble avoir établi un record difficile à battre. Mais s’est-on déjà demandé si ce record en était bien un ?
    Apparemment oui : quelques années plus tôt, en 1986, Eugénie Roux s’était éteinte à Iage de 112 ans, après que Julia Tessier, en 1982, eut franchi le cap des 113…
    Les « collectionneurs de centenaires » (il y en a !) s’étaient à peu près arrêtés là, persuadés que les siècles passés n’avaient pu en connaître. Qu’en est-il exactement ?
    Il arrive, certes, aux généalogistes de rencontrer, dans les anciens registres paroissiaux, des actes de sépulture dans lesquels les curés indiquent que le défunt était âgé d’environ cent ans. Mais ils n’y prêtent guère foi : nos ancêtres ne mémorisant jamais, autrefois, leur date de naissance, les âges – surtout ceux des vieillards – étaient toujours extrêmement imprécis. Dans la plupart des cas, une formule de ce genre pouvait avoir été mentionnée alors que le défunt n’avait que 86 ou 87 ans.
    Pourtant, un généalogiste breton a récemment découvert une doyenne possible de l’humanité ayant vécu… au XVII e siècle !
    Le 18 mars 1694, messire Guillaume Leclech, curé de La Chapelle-sur-Erdre, commune de l’actuelle agglomération nantaise, écrivait avoir «  inhumé dans le cimetier de céans le corps de Jeanne Mulonière, aagée de cent quatorzes ans (…) et décédée d’hyer au village de Mogendrière en cette paroisse, chez Jean Maisonneuve, son gendre  ». La découverte était d’autant plus remarquable qu’à cette époque l’espérance moyenne de vie, même si elle était faussée par l’énorme taux de mortalité infantile, était d’à peine trente ans. Elle est pourtant loin d’être homologable : des recherches plus poussées ont révélé qu’il avait existé deux Jeanne Mulonnière, toutes deux sœurs, nées respectivement en 1581 et 1599 (l’homonymie entre frères ou sœurs était autrefois fréquente, notamment du fait que les aînés parrainaient souvent les cadets). La question est donc de savoir laquelle des deux avait été inhumée en 1694…
    Que penser, enfin, du cas signalé par un notable du Finistère, évoquant en 1794 un certain Jean Causeur, « natif de la paroisse de Ploumoguer-en-Léon, mort à Saint-Mathieu, près de Brest, le 10 juillet 1775, âgé de 137 ans » (!). « Sage et frugal, il n’avait de répugnance pour aucune boisson, mais ne se permettait aucun excès. Sa barbe avait été remplacée par un léger poil follet ; ses yeux avaient presque disparu. À l’âge de cent vingt ans, il se rasait lui-même et entendait encore la grand’messe à genoux… »
    Quand le célibataire empêchait de tourner rond
    Cette répartition par sexe et par tranches d’âges induit qu’au sein des fréquentes grandes cohabitations forcées, chacun doit non seulement apporter sa part de travail à son groupe mais aussi assurer une part équivalente dans le groupe de l’autre sexe. Voilà pourquoi le célibataire dérange et pourquoi il est rare.
    Hormis le cas d’un enfant handicapé, physique ou mental, lequel vit alors rarement âgé, et du gars qui s’est laissé saouler et enrôler par un sergent recruteur de passage et a rejoint l’armée ; hormis, évidemment, les religieux, réguliers ou séculiers, qui ont une place particulière dans la société, les célibataires sont inconnus. On leur laisse d’autant moins de place que l’Église – toujours elle ! – réprouve le célibat prolongé, toujours soupçonné d’immoralité puisqu’il refuse le précepte divin de procréation. De la même façon, le couple resté stérile est alors estimé « maudit ».
    Les rares

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