Qui étaient nos ancêtres ?
de Parme (grand-père du grand-duc de Luxembourg) n’eut-il pas, en trente-cinq ans, vingt-quatre enfants de ses deux épouses successives, qui lui en donnèrent chacune douze ?
Qui dit mieux ? Le compositeur autrichien Ignace Pleyel était le vingt-quatrième enfant de la première épouse de son père qui, remarié en fit quatorze autres à sa seconde femme, avant de décéder à l’âge de 99 ans !
En 1920, les fondateurs de la Samaritaine créèrent le « Prix Cognacq-Jay », destiné à récompenser les familles nombreuses méritantes, ainsi que la « Médaille de la Famille française », qui a été décernée, à ce jour et dans sa version « or », à environ 100 000 mères de huit enfants et plus.
À la mode de Bretagne ou d’ailleurs :
une famille forte et tentaculaire
Après l’ancienne seigneurie, la profession, la paroisse et la commune, le métier et les groupes d’âges, le dernier cadre de vie – le plus pesant et contraignant – est celui de la famille, qu’il ne faut pas entendre au sens étroit et « nucléaire » moderne des parents et de leurs enfants, mais au sens élargi, d’abord à la communauté familiale vivant sous un même toit, puis à une nébuleuse de taille variable, formée de cercles concentriques regroupant parents et alliés, et parfois étendue à celui des voisins.
Autour d’un individu rayonnent en effet plusieurs cercles. Le premier est celui des compains , ceux avec lesquels il rompt le pain, à l’origine de nos compagnons et de nos plus modernes et plus branchés copains , formé par ceux qui vivent sous le même toit. Il est composé de la famille directe, à laquelle peuvent s’ajouter quelques domestiques ou servantes, généralement très intégrés à elle. Peuvent également en faire partie, comme on le verra, des oncles et tantes et des cousins germains, en cas de famille élargie.
Un deuxième cercle est celui de la famille proche : celle avec laquelle on entretient des liens réels, doublant les liens biologiques de liens culturels : fréquentations, entraides, solidarités ou, au contraire, brouilles et hostilités. Selon les régions et les milieux, ce cercle est plus ou moins large. Les liens, qui y sont bien vivants, se manifestent par des invitations aux mariages ou par le fait de suivre les enterrements « dans la famille ». De façon générale et moyenne, ce cercle dépasse rarement le degré de cousins issus de germain : les grands-parents étaient frères et sœurs.
À la génération suivante, on connaît la parenté mais on ne lui donne plus de réalité. Au-delà, on l’ignore, de bonne ou mauvaise foi : la parenté doit avoir un terme, sinon on en arriverait à fréquenter tout le village, et M. le Curé lui-même n’exige plus de demande de dispense pour bénir le mariage de deux jeunes gens cousins à un tel degré.
Il n’empêche que certaines régions doivent à des mentalités différentes de cultiver des liens de famille beaucoup plus éloignés.
En Corse, en cas de conflit grave entre deux individus non parents entre eux, les règles de la vendetta rendent solidaires tous leurs parents mâles en âge de porter les armes, et cela jusqu’au degré de cousins issus de germain ainsi que jusqu’aux alliés proches. Mais que les ennemis en vendetta d’un homme s’attaquent à l’un de ses cousins issus de germain, ce sont tous les parents au même degré de ce dernier qui entrent alors en jeu, alimentant un cycle infernal qui faisait dire aux habitants de l’île de Beauté : « Si nous prenons le maquis, on verra que nous sommes nombreux de famille ! »
En Bretagne, où les repas de noces réunissent jusqu’à trois cents personnes de la parenté, la mémoire familiale gère un énorme stock de parentés, avec à la fois la gelfine ou « famille de la main » (la famille immédiate de notre premier cercle), la derbfine , famille certaine, correspondant à notre deuxième cercle, mais encore l’ iarfine ou « famille lointaine », méconnue ou « rejetée » ailleurs, et même l’ indfine , autrement dit la famille « de la fin », ignorée partout ailleurs et correspondant plus ou moins au cercle qui suit, formé en fait de divers satellites.
Un ultime ensemble, en effet, peut parfois inclure certains parents un peu plus flous, comme les alliés et ceux que l’on appelle les affins. Les premiers sont d’autant plus nombreux que les remariages sont, comme on l’a vu,
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