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Qui étaient nos ancêtres ?

Qui étaient nos ancêtres ?

Titel: Qui étaient nos ancêtres ? Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Louis Beaucarnot
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sauterelles ou cigales.
    Tout change le jour de la première culotte, à ce que l’on appelle « l’âge de raison » ou encore « de discrétion », soit vers la septième année, lorsque l’enfant devient capable de « discerner ». Tout bascule rapidement. De ce jour, tant que l’école n’a pas été fondée et rendue obligatoire, chacun est pris en charge par le groupe correspondant à son sexe, qui va immédiatement lui donner une utilité sociale. Pas de jouets ni de poupée, les filles aident à la préparation des repas et aux activités domestiques et ménagères, surveillant notamment les enfants plus jeunes. Elles sont vouées à la garde des oies, puis des moutons, comme les garçons à celle des cochons puis des vaches. Dès qu’ils le peuvent, les fils d’artisans ou de paysans participent au travail de leur communauté. À tous égards et dans tous les milieux, l’enfant est considéré comme un adulte en réduction : non seulement il participe aux occupations des adultes, mais il en adopte les tenues vestimentaires.
    Cette seconde enfance durera jusqu’à l’adolescence et la puberté – c’est-à-dire, selon les temps, jusqu’à la communion ou au certificat d’études, qui plus tard terminera le cursus scolaire obligatoire, soit jusqu’à l’âge où, vers onze à douze ans, les garçons mettront des pantalons. Commence alors le temps du travail sérieux, avec la mise en apprentissage, le placement comme domestique ou valet de ferme, la location à la journée, et pour les enfants de laboureurs ou de la plupart des artisans, le travail avec les parents, dans les champs, à l’auberge ou à la forge paternelle.
    L’adolescence est l’étape de la vie où le rattachement à la tranche d’âge est le plus fort. Chaque paroisse, chaque hameau, possède sa ou ses bandes, qui se reforment à la messe, au cabaret, au bal, et vont vite se partager les filles à courtiser, le mariage étant l’objectif principal. Ce sont ces célibataires, en âge de se marier, qui animeront les fêtes paroissiales et traditionnelles, comme celles des feux de la Saint-Jean ou du carnaval ; eux qui organiseront les charivaris.
    La tranche d’âge suivante est celles des jeunes mariés, évidemment beaucoup moins libres de leurs mouvements, chacun occupant, à la maison, la place qui doit lui revenir. Elle apparaît comme une tranche d’âge transitoire, dans l’attente d’une descendance qui fera rejoindre alors, et pour longtemps, la société des couples et des parents. Marié parfois à dix-huit ou vingt ans, notre couple aura des enfants presque tous les ans durant une bonne vingtaine d’années. De ce fait, les cadets seront le plus souvent de l’âge de leurs neveux et nièces, enfants de leurs frères ou sœurs aînés. Voilà aussi pourquoi et comment le nourrisson est souvent élevé, parfois même allaité, par une femme du groupe féminin formant la maisonnée, ménages et générations cohabitant fréquemment sous le même toit.
    Arrivent enfin les vieillards. Entendons par là ceux qui ne sont plus en état d’assumer les tâches que doivent fournir les adultes, d’apporter le juste équivalent de leur nourriture, et qui, de ce fait, ne sauraient continuer à commander. La plupart du temps, ils restent à la maison. Il n’y a pas de maison de retraite et les rares hospices, en ville, aux mains d’ordres religieux, accueillent par charité les miséreux sans feu ni lieu, en situation plus que précaire, et le plus souvent débiles, séniles ou grabataires. En 1784, dans le Maine, les enfants et parents de l’ancien fermier Louis Portebœuf, désormais journalier, mais âgé et incapable d’assurer son indépendance, passeront convention devant notaire pour lui assurer une vieillesse décente…
    Ces vieillards, alors nombreux, particulièrement à la campagne, auront aussi longtemps que possible une place au plan de la production. Âgés, les hommes effectuent encore des travaux de vannerie ou de tissage, les femmes de menus ouvrages de filage ou de raccommodage. Beaucoup partagent avec les enfants le gardiennage des troupeaux ; ils les font profiter de leur expérience et leur content des histoires de grands-parents, dont ils ne pourront cependant pas profiter très longtemps. On est en effet frappé, lorsqu’on regarde les généalogies de personnes nées avant 1920, notamment dans des milieux plus urbains et bourgeois (où les hommes, il est vrai, se mariaient tard),

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