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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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le dispositif dès que le convoi s’approchera. Entre Bressuire et
    Parthenay, le terrain se prête parfaitement à ce genre d’opération. »
    Ce sont l’adjudant
    Montagnac et Maurice Faroudja auxquels est revenu l’honneur d’ouvrir le bal. Quelques
    minutes leur suffisent pour installer la charge. Ils se tiennent embusqués en
    surplomb dans les bois.
    Vers 15 heures, le
    convoi arrive lourdement. De la position qu’ont choisie les parachutistes et, compte
    tenu de la lente progression du convoi, les deux hommes aperçoivent le train
    blindé alors qu’il se trouve à plus de cinq minutes d’eux. Faroudja se
    précipite sur la voie, règle le dispositif de retardement, et rejoint en
    courant le sous-officier.
    Les deux parachutistes s’éloignent
    de huit à neuf cents mètres, puis trouvent un arbre dans lequel ils grimpent et
    duquel ils peuvent observer à la jumelle la bonne marche de leur entreprise.
    L’explosion déchire les
    rails sur cinquante mètres. Les traverses voltigent comme des fétus de paille. Il
    est évident que le sabotage a été perçu des passagers du train.
    Lorsqu’un bref instant
    plus tard le convoi apparaît, il traînaille au pas comme un gros mollusque et s’immobilise
    sans difficulté avant la brèche.
    Hurlant, vociférant, un
    major de la Waffen S.S. court le long de la voie, suivi d’une dizaine d’officiers
    et sous-officiers.
    Beaucoup plus calme, un
    colonel des pionniers apparaît et, accompagné de plusieurs spécialistes, se
    rend sur les lieux du sabotage.
    Le major S.S., ne
    sachant sur qui repasser sa colère, s’en prend à l’officier du Génie qu’il
    insulte malgré l’infériorité de son grade. Le colonel semble s’en foutre
    éperdument. Ignorant l’excité, il distribue des ordres aux pionniers qui se
    mettent instantanément au travail.
    Dans leur arbre, l’adjudant
    et Masarelas jubilent.
    « Même s’ils
    travaillent toute la nuit, ils ne pourront pas réparer avant la fin de la
    matinée prochaine, déclare en technicien l’adjudant Montagnac. On peut rentrer
    tranquillement.
    — Restons encore un
    peu, tu veux ! Ma parole, c’est trop marrant. Regarde, regarde, s’il
    gueule, ce con ! Il est comme un fou, dis, comme un fou… Qu’il est rigolo,
    ce guignol, c’est pas possible ce qu’il est rigolo…
    — Allez, Robert, tu
    reviendras. Le capitaine il a dit de ne pas traîner. »
    À la ferme, le rapport
    imagé et amplifié de Masarelas plonge ses compagnons dans l’allégresse. Fournier,
    comme d’habitude, écoute, amusé. Il est certain que l’opération est un succès
    sans faille ; pour le reste il y a longtemps qu’il a appris à faire la
    part des choses.
    « Ma parole, un
    général de S.S., explique Robert. Bardé de décorations qu’il était, Croix de
    fer, tête de mort, tout le bouzdir… Dans les deux mètres de haut il mesure, et
    la gueule mauvaise, mauvaise. Alabi, rien qu’il le voit, il meurt.
    — Va te faire niquer,
    va ! jette, indifférent, Alabi.
    — Bon, décide
    Fournier, demain matin, Poli et Kraft. Pour les autres, repos.
    — La vie de château,
    conclut Masarelas, une petite promenade quotidienne et retour à la maison comme
    de petites cailles. »
    Le lendemain, la scène
    se répète.
    Après avoir travaillé
    près de vingt-quatre heures consécutives, les pionniers ont regagné le convoi
    qui s’est prudemment engagé sur les rails bricolés. Le train n’a même pas eu le
    temps de prendre sa vitesse, il a parcouru exactement deux kilomètres sept cent
    avant que les mécaniciens ne perçoivent devant eux la nouvelle explosion.
    Cette tragi-comédie va
    durer huit jours pendant lesquels le train ne parcourra que les vingt-sept
    kilomètres qui séparent Bressuire de Parthenay.
    Pendant les quatre
    premiers jours, une effervescence enthousiaste va croître chez les
    parachutistes, tandis que les Allemands vont porter leur colère à leur
    paroxysme. Puis, curieusement, dans un camp comme dans l’autre, on va se lasser
    des réactions passionnées.
    Chez les Français, le
    jeu va devenir routine, de leur côté les Allemands vont subir avec le stoïcisme
    que donne l’habitude. Un écœurement blasé va faire place chez eux à l’indignation
    et à la colère.
    De la ferme, on part « faire
    sauter le train blindé », comme on irait aux fraises ou aux framboises. En
    rentrant, on ne raconte même plus ses exploits ou les réactions suscitées chez
    l’ennemi, ce sont maintenant

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