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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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toujours les mêmes.
    Le 23 août, le train
    arrive enfin en gare de Parthenay. On est à la veille de la Libération de Paris,
    il n’est plus question pour le convoi d’espérer passer la Loire. Alors, écœurés,
    découragés, abattus, excédés par leurs efforts négatifs, les Allemands dirigent
    le train blindé sur une voie de garage et, eux-mêmes, ils le piègent et le font
    sauter. Puis, en deux colonnes séparées, les soldats vaincus prennent à pied la
    route du nord-est qui ne peut plus les conduire qu’à la captivité.
    Vingt-cinq ans après, les
    Pieds-Noirs de la section de commandement du capitaine Fournier en rigolent
    encore.
    Quelques jours avant l’affaire
    du train blindé, à la tombée de la nuit, une patrouille dépendant de la
    compagnie Fournier vient de réaliser qu’un piège géant se referme sur elle. Les
    hommes du 3 e R.C.P. se terrent dans les bois d’Anjou d’où ils ne
    sortent que la nuit pour effectuer des sabotages et tendre des embuscades. L’aspirant
    d’Azermont les commande. Ils sont neuf : Méda, Verchère, Monteil, Vercherie,
    Andrieux, Gosselin, Hourdebaigt, Germain et Jaillette.
    Les S.A.S. ont entendu
    et compris qu’un énorme dispositif allemand encerclait la forêt. Il est
    impensable d’envisager une fuite : 1 100 S.S. s’apprêtent à
    entreprendre une battue dans le bois d’Anjou.
    Les parachutistes
    cherchent une position de laquelle ils pourront se défendre, fixer l’ennemi
    avec le plus d’efficacité, tenter de lui infliger de lourdes pertes avant de
    succomber.
    Le bois d’Anjou, au cœur
    du bocage vendéen, n’offre aucune déclivité de terrain. Les seuls abris
    possibles sont constitués par des taillis sous futaie, un véritable maquis dans
    lequel on peut aisément se dissimuler.
    D’Azermont et ses hommes
    décident de se terrer et d’attendre.
    Le jour tombe. Les S.A.S.
    se sont disposés à plat ventre à quelques mètres les uns des autres. Anxieux, sans
    rien voir, ils suivent de l’ouïe la progression du dispositif ennemi.
    Le cercle se resserre
    inexorablement. Ies parachutistes entendent maintenant nettement les ordres ou
    les consignes criés dans les rangs des S.S. qui battent les futaies, violent la
    forêt mètre carré par mètre carré.
    Dans cinq minutes tout
    au plus, ils vont être découverts. Jaillette rampe jusqu’à l’aspirant et
    chuchote :
    « On les laisse
    approcher davantage ?
    — Non, il faut y
    aller. Feu à volonté, j’allais donner l’ordre. »
    Jaillette rampe encore
    de plusieurs mètres en direction du rideau serré des Allemands qui fouillent
    inlassablement chaque buisson. Le parachutiste lance, coup sur coup, deux
    grenades qui atterrissent et explosent efficacement. Puis, en trois bonds, il
    se replie et rejoint ses compagnons.
    Méda s’est allongé sur
    le dos et, tenant son fusil mitrailleur à bout de bras, tire au hasard. Vercherie
    et Hourdebaigt, qui eux aussi sont servants d’un F. M., adoptent la même
    tactique. Les trois armes crachent à l’aveuglette, mais leur faisceau boucle le
    cercle.
    Les Allemands décrochent
    prudemment à la recherche de positions abritées. Ils n’ont aucune raison de
    forcer les choses, ils sont parvenus à leur but : localiser le groupe de
    parachutistes qu’ils savent d’un effectif considérablement inférieur au leur. Ils
    n’ont aucune raison de prendre le moindre risque.
    Seulement, la nuit est
    tombée. Et dans leur recul prudent, les S.S. ont élargi le cercle ; ils
    devinent où sont les parachutistes, mais sont incapables de les situer avec
    suffisamment de précision pour tirer au but. Alors, eux aussi tirent au hasard.
    Les trois mitrailleurs
    français s’apprêtent à riposter, quand d’Azermont, d’un bond de chat, rejoint
    Méda.
    « Ne tirez pas !
    C’est ce qu’ils souhaitent pour nous situer. »
    L’aspirant rampe jusqu’aux
    deux autres servants et leur transmet la même consigne.
    Les dix hommes se
    retournent sur le dos et suivent dans la nuit la course des balles traçantes. Au
    bout d’un instant, ils réalisent le miracle : les balles passent au-dessus
    d’eux, les Allemands se prennent mutuellement pour l’adversaire, ils sont en
    train de se tirer dessus entre eux.
    « C’est trop beau, chuchote
    l’aspirant, si ça pouvait durer. »
    Ça va durer au-delà des
    espérances les plus optimistes : pendant la nuit entière, les S.S. vont
    poursuivre leurs échanges meurtriers.
    À 5 heures du matin,

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