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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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une
    multitude de saletés. Le ciel est bas, l’horizon bouché, le sable poudreux de
    la plage est imprégné par le crachin qui n’a cessé de tomber depuis l’aube. Après
    une heure d’attente, les trois hommes sont trempés et grelottants. Tout espoir
    les a abandonnés, la mer grisâtre ne s’apaise pas.
    À 4 heures du matin, ils
    sont sur le point de renoncer, lorsque Le Tac perçoit un éclair lumineux à une
    centaine de mètres sur leur droite. Les regards de Bergé et Forman étaient
    portés vers le sens opposé. Tranquillement Le Tac leur touche l’épaule et
    chuchote :
    « [DG1] Il y a un signal sur la plage, mon
    capitaine. Pas très loin.
    — Tu as révé, Joël. »
    Toujours aussi sûr de
    lui, Le Tac réplique :
    « Non, mon
    capitaine, j’ai parfaitement distingué un éclair de lampe électrique. Il faut
    répondre.
    — En aucun cas !
    Ils devaient se signaler de la mer. Si ça vient de la plage, ça ne peut pas
    être eux.
    — Laissez-moi y
    aller, mon capitaine. De toute façon, il faut savoir. Si ça tourne mal, taillez-vous. »
    Bergé hésite. Mais il
    est obligé d’admettre que son sergent a raison.
    « C’est bon, vas-y ! »
    Le Tac se déchausse et
    arme son pistolet, il avance comme un chat sur la sable humide. Un nouvel
    éclair furtif le guide : il n’y a maintenant aucun doute, un homme s’avance
    vers lui. Le Tac se couche et observe, attentif.
    Bientôt, il perçoit une
    ombre. L’homme est seul. Le Tac passe son colt dans sa ceinture, laisse
    progresser l’ombre. En trois bonds silencieux il la contourne, puis s’élance et
    plaque l’homme au sol, l’immobilisant d’une clé au bras. Avec un sang-froid
    singulier, l’homme parvient à articuler :
    « Lâchez-moi, Joêl,
    vous allez me casser le bras. »
    Ebahi, Le Taclâche. L’homme
    se relève et, dans une attitude théâtrale, il époussette son uniforme.
    « Appleyard ! reconnaît
    Le Tac. Vous ne pouvez imaginer à quel point je suis heureux de vous voir. »
    Dans un réflexe, Le Tac
    a adopté, lui aussi, le ton d’indifférence flegmatique.
    « Vous êtes tous là ?
    interroge Appleyard.
    — Trois seulement :
    le capitaine Bergé, Forman et moi.
    — Les autres ?
    — Sans nouvelles. À
    propos, comment m’avez-vous reconnu ?
    — Je ne vous ai pas
    reconnu, c’est une question de logique. Les Allemands auraient braqué un
    projecteur, ça ne pouvait être que l’un de vous pour m’attaquer par-derrière
    avec ces procédés de voyou que je me suis efforcé de vous faire inculquer. »
    Ils rejoignent Bergé et
    Forman qui, eux, laissent éclater leur enthousiasme. Formanembrasse l’officier
    anglais, Bergé lui assène une énorme tape sur les épaules. Appleyard ne semble
    pas apprécier outre mesure la chaleur de ces effusions, il y met un terme, explique
    que le temps est compté, que le Tigris , le sous-marin qui les attend, se
    trouve à plus de deux milles au large, qu’ils ne disposent pour le rejoindre
    que d’un frêle canoë.
    Les quatre hommes
    tentent d’embarquer. Chaque fois le canoë se retourne, balayé par les énormes
    rouleaux qui forment une barre infranchissable. Joël Le Tac, le plus marin des
    quatre, comprend que le seul procédé qui leur permettrait de franchir les
    premières vagues comporte le sacrifice de l’un d’eux qui maintiendrait l’embarcation
    face au large. Il a du mal à convaincre ses compagnons, mais une nouvelle tentative
    infructueuse fléchit bergé.
    Le Tac se jette à l’eau,
    lutte contre les remoux furieux. Plus léger et maintenu à l’arrière, le canoë
    franchit la barre. Le Tac a simplement déclaré :
    « Contactez-moi à
    Paris chez mon frère, 6, rue Gît-le-Cœur. »
    Dans le mois qui suit, livré
    à lui-même, sans instructions, sans la moindre chance de contacter Londres, Joël
    Le Tac va faire preuve d’un fantastique esprit d’initiative, basant le moindre
    de ses actes sur la certitude qu’un jour prochain il parvenient à rejoindre la
    France libre.
    Accompagné par son frère
    Yves, il regagne Vannes, récupère les explosifs chez François Renaux. Plusieurs
    nuits de suite, les deux frères tentent une embuscade dans le fol espoir de
    voir arriver le car fantôme (Joël n’avait jamais été convaincu par les rapports
    pessimistes de Petitlaurent et de Joseph Renault. Leur absence au rendez-vous
    de Vendée n’avait fait que confirmer ses soupçons.) Pourtant, malgré son acharnement
    de Breton têtu, Joël dut se

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