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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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indigné Boutinot, dans un
    hoquet.
    — Et en plus ils
    sont bourrés ! Allez boire un café, prenez une douche, le Vieux est dans
    une fureur noire, il est foutu de vous faire fusiller sur place.
    — On va voir ça »,
    déclare énergiquement Le Bobinnec qui, à travers la salle à manger, prend la direction
    du bureau de son chef, suivi par Boutinot dont le pas est plus hésitant.
    Le Bobinnec et Boutinot
    n’ont pas traversé entièrement la grande salle lorsque le capitaine Leblond y
    pénètre par une porte opposée. Il toise les deux hommes, sévère et méprisant.
    « En outre, vous
    êtes ivres ! Je signalerai votre conduite au lieutenant-colonel Bourgoin à
    18 h 45.
    Il transmettra à Londres
    à 19 heures. Je me désintéresse de la suite.
    — Avec tout le
    respect que je vous dois, mon capitaine, il me semble que l’état-major du
    général Mac-Leod serait plus intéressé par l’évacuation de Nevers par la
    division blindée allemande qui l’occupait jusqu'à ce matin, que par le fait qu’en
    cet honneur, j’ai – j’avoue – abusé de spiritueux. »
    Le mépris et la sévérité
    demeurent sur la physionomie du capitaine, mais une lueur d’intérêt s’y ajoute.
    « Expliquez-vous
    dans la mesure où vous vous considérez en état de le faire. »
    Alain Le Bobinnec s’explique.
    Il parvient à se montrer suffisamment convaincant pour que Leblond ne mette pas
    en doute l’authenticité de son rapport. À 19 h 15, revenant de la
    vacation radio, le capitaine Leblond fait part des ordres qu’il vient de recevoir
    de Bourgoin : la compagnie fera mouvement sur Nevers le lendemain à l’aube ;
    le Manchot l’a en outre chargé de féliciter le sous-lieutenant Le Bobinnec et
    le sergent Boutinot pour leur initiative. « Ça s’arrose ! lance
    Boutinot.
    — Merci, pas de
    mélange, objecte en riant Le Bobinnec.
    — Qui a parlé de
    mélange, mon lieutenant ? J’ai une caisse de Champagne dans la jeep.
    — Pillage ! Bravo !
    — Mon lieutenant !…
    Don du petit personnel féminin de la sous-préfecture. »
    Pendant qu’une partie
    importante de ses hommes va s’implanter autour de Nevers, le quartier général
    du lieutenant-colonel Bourgoin reste à Briare.
    Quant au capitaine
    Lebond, il a pris le parti de se désintéresser d’Alain Le Bobinnec et de sa
    bande de braconniers, comme il les appelle. Il se contente de jeter un vague
    coup d’œil sur les rapports quotidiens de l’équipe à laquelle il prodigue sans
    conviction des conseils de prudence.
    À son sous-lieutenant, il
    a déclaré sur un ton blasé :
    « Vous confondez
    courage et inconscience ! Vous ne devez qu’à une chance insolente le fait
    d’être encore en vie. Pour moi ce n’est qu’un sursis. Sachez, une fois pour
    toutes, que je ne vous admire pas. Mais je préfère pour le prestige de l’unité
    vous voir tomber au combat plutôt que traduit devant un tribunal militaire. Alors,
    poursuivez vos facéties, promenez-vous dans les lignes ennemies, dorénavant je
    m’en lave les mains. »
    Le Bobinnec sourit :
    « Vous dramatisez, mon
    capitaine ! C’est vous-même qui nous avez appris que la devise des S.A.S. était
    aussi « Croire et Oser ».
    Alain Le Bobinnec était
    désarmant. Il savait jouer de son charme d’adolescent prématurément jeté dans
    une aventure impitoyable. C’était un grand et solide gaillard, au regard et au
    teint clairs, qui donnait en permanence l’impression de tirer une enivrante
    volupté d’une santé et d’un équilibre innés.
    Le 9 septembre, un peu
    avant l’aube, la jeep du sous-lieutenant Le Bobinnec roule dans les faubourgs
    de Nevers en direction du sud.
    C’est le sergent
    Boutinot qui conduit. Derrière ont pris place les chasseurs parachutistes Lucas
    et Bodard. Le véhicule roule lentement, les S.A.S. sont attentifs. À chaque
    virage ils risquent de se trouver nez à nez avec l’ennemi.
    À quatre kilomètres de
    Nevers, ils s’engagent sur la nationale 76 qui, dans la direction de l’ouest, va
    jusqu’à l’Allier. Au Colombier, ils quittent la nationale pour reprendre leur
    progression vers le sud. De plus en plus prudemment, la jeep roule sur la
    départementale 134. Sans rencontrer le moindre obstacle, les parachutistes
    arrivent au gros bourg de Langeron.
    Il est 7 heures du matin.
    Une insolite effervescence règne au centre du village.
    Dans un désordre confus,
    des groupes de résistants parlementent avec des représentants de la

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