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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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parachutistes
    sont intrigués par la réaction de leur chef, mais se gardent de le laisser
    paraître. Ils connaissent le sergent, savent qu’il ne parle pas en l’air et qu’il
    poursuit sûrement une idée. L’officier américain, de son côté, trouve normal le
    marchandage du Français. Il a le sens des affaires nettes, propre à sa nation.
    « D’accord, admet-il,
    établissons un barème.
    — Sur la base de
    cent litres par homme, réclame Roux.
    — Vous êtes dur, mais
    je ne veux pas marchander. C’est O. K.
    — Deux cents litres
    pour un sous-officier, trois cents pour un officier jusqu’au grade de major, cinq
    cents pour un lieutenant-colonel, huit cents pour un colonel, une jeep en état
    pour un général.
    — D’accord pour
    tout, sauf pour la jeep. Je propose mille litres pour un général.
    — Écoutez, discute
    Roux, admettez que dans un combat, vous ramassiez un général allemand, vos
    chefs n’iront pas vous chercher des poux dans le crâne parce qu’une jeep aurait
    été détruite par un obus antichar. Et puis, ce que j’en dis, c’est surtout pour
    la forme… que des généraux on n’en trouve pas tous les jours.
    — D’accord », concède
    l’Américain qui tend sa main grande ouverte.
    Roux fait le geste de
    tendre la sienne. Au dernier moment, il la relève. « Encore un détail, précise-t-il.
    Cent litres supplémentaires par Boche décoré de la Croix de fer.
    — Mais vous êtes un
    vrai requin, ma parole !
    — Je ne suis pas
    idiot, c’est tout. Je sais parfaitement que les Croix de fer se revendent chez
    vous comme des louis d’or.
    — O. K. »
    Cette fois les mains se
    serrent, et le dialogue reprend :
    « Vous avez un
    camion pour effectuer les va-et-vient ?
    — Oui, ne vous
    inquiétez pas pour ça. Du moment que nous aurons de l’essence, nous n’aurons
    plus de problèmes.
    — Parfait. Dans ce
    cas vous envoyez un type ici au bistrot, n’importe quel jour entre 19 et 20
    heures, prévenir de l’heure, et de votre arrivée dans la nuit et de la quantité
    de carburant qu’il nous faudra amener.
    — D’accord », conclut
    Roux.
    Sur le chemin du retour,
    Noël cherche à satisfaire sa curiosité.
    « J’ai pas très
    bien compris ton acharnement à vouloir tarifer les grades, Pierre ! On
    aurait pu taxer les prisonniers à deux cents litres par tête par exemple. Ils
    auraient marché, et je suis sûr qu’on y aurait trouvé notre compte.
    — Je veux une jeep.
    — Alors, là, je
    comprends encore moins. Il y a beau temps que les généraux ne battent plus le
    bocage vendéen.
    — J’en ai un. »
    Les trois parachutistes
    dévisagent leur chef, interloqués.
    « Bon, alors
    maintenant vas-y. Balance ce que tu as derrière la tête.
    — Vous vous
    souvenez du château à l’est de Thouars ?
    — Bien sûr, et
    après ?
    — La chiée d’uniformes
    d’officiers allemands qu’on a laissés sur place ? Et la cantine, au
    premier ? Vous vous en souvenez de la cantine au premier ? Qu’est-ce
    qu’elle contenait ?
    — D’accord. Les
    sapes d’un général de division, admet Noël. Tu comptes en trouver un à poil ?
    — Tu as entendu
    parler de Pygmalion ?
    — Ça me dit quelque
    chose. Il était pas parachutiste ?
    — Pauvre inculte !
    Je vous garantis que Friedrich, lui, en a entendu parler. »
    Les trois S.A.S. comprennent
    brusquement.
    « Tu vas pas faire
    ça ?
    — Je vais me gêner.
    Ils sont dégueulasses ces Américains avec leur traite des Aryens. Ils n’ont pas
    la moindre moralité et, crois-moi, je vais les enfler, les faire marrons avec
    une de ces joies…
    — Et qui te dit que
    Friedrich va marcher ?
    — Ça, j’en fais mon
    affaire, j’ai des arguments…
    — Et nos soirées
    artistiques ? je vous réciterai La Mort du loup. Pour l’instant, direction
    Thouars. On va récupérer les fringues.
    — C’est assez
    marrant, admet Laborde, mais ça va me faire de la peine de perdre Friedrich. Je
    m’y étais habitué à ce con-là. »
    Friedirich von Schüttorf
    était le nom de théâtre de l’un des quinze prisonniers, qui – selon une
    technique semblable à celle des Américains – servait de larbin à la compagnie
    parachutiste.
    Sous-lieutenant d’administration,
    la seule vue d’une arme le terrifiait. Il faisait partie d’un contingent de
    scribouillards qui s’était rendu spontanément à Doué-la-Fontaine.
    Âgé d’une cinquantaine d’années,
    Friedrich devait ses galons de sous-lieutenant à

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