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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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entre eux.
    Lorsque le 2 avril les
    deux compagnons arrivent au camp l’effectif des deux régiments est pratiquement
    au complet.
    « Voyage pour rien,
    les gars ! leur déclare le sergent-chef Judet. Les équipes sont formées, c’est
    définitif. Vous pouvez rentrer en France.
    — Merde ! gueule
    Neuwirth. C’est pas vrai, vous n’allez pas aller en Allemagne sans nous !
    — D’abord on ne va
    pas en Allemagne, mais en Hollande. Ensuite, il y en a une dizaine avant toi
    qui se sont fait rapatrier dans leur foyer. Beaucoup de ses choses ont changé
    depuis ton absence, il paraît que nous sommes devenus des unités sérieuses.
    — Et merde ! râle
    Payen qui s’éloigne, désappointé.
    — Écoute, ajoute
    Judet sur le ton de la confidence, y a peut-être une combine. Tu connais Pattus,
    il est dans notre stick, mais il a la crève. Il crache ses poumons l’infirmerie,
    essaie de le convaincre de te laisser sa place. Tel que je te connais, tu
    devrais sans grand mal trouver des arguments, il est assez naïf. »
    Neuwirth n’attend pas la
    suite, il se précipite à l’infirmerie.
    « T’en as de bonnes,
    toi ! Partir à ma place ! s’indigne Pattus entre deux quintes de toux.
    On doit pas sauter avant deux ou trois jours ! D’ici là je serai guéri.
    — Guéri ! réplique
    Lulu. Tu n’as pas vu ta gueule, tu en as pour deux ans de sana, oui.
    — Deux ans de sana
    pour une grippe, tu te fous de moi. »
    Neuwirth ment
    effrontément.
    « Je ne veux pas t’alarmer,
    mais ta toux elle vient des éponges. J’ai eu le temps d’en voir au Val-de-Grâce
    des gus qui avaient exactement les mêmes symptômes. Un effort mal venu, un
    escalier monté trop vite, une quinte plus forte que les autres, et flac ! adieu
    belle jeunesse. Les croque-morts vous embarquent d’un côté pendant que de l’autre,
    un infirmier balaye les poumons répandus sur le carrelage.
    — Arrête, Lulu, tu
    me chambres.
    — Pense ce que tu
    veux, mais à ta place je me filerais plutôt une balle dans la tronche. Ça
    serait tout de même moins douloureux que de vouloir sauter en parachute dans l’état
    où tu te trouves.
    — En plus, j’ai pas
    un rond, réplique Pattus qui mollit visiblement. Tu me vois ici tout seul, raide
    à mort ? Le temps paraîtrait long.
    — Oh ! si c’est
    que ça, ça peut s’arranger ! Moi j’ai pas loin de cinquante livres
    sterling. Je peux te les prêter et tu me les rendras quand tu pourras. »
    Les yeux de Pattus s’illuminent. Il entrevoit déjà la foire à Londres pendant sa
    convalescence.
    « Comme ça, ça
    change le problème. Si tu penses vraiment que c’est risqué pour ma santé… Et
    puis je ne voudrais pas être un boulet pour les copains.
    — Je comprends, vieux,
    et surtout ne te fais pas de mouron. Après tout, depuis le débarquement, tu en
    assez fait.
    — Pas plus que les
    autres.
    — En tout cas, pas
    moins. Ne sois pas modeste, conclut Neuwirth. Tiens, prends l’oseille, je vais
    prévenir Varnier.
    — Te presse pas, il
    est déjà prévenu. Le toubib m’a porté inapte ce matin.
    — Escroc ! »
    braille Neuwirth en sortant en coup de vent.
    La légende de la
    transaction Neuwirth-Pattus fait le tour du camp. De bouche à oreille, la somme
    se gonfle tout le régiment croit que Lucien Neuwirth a payé une fortune son « billet »
    pour les Pays-Bas.
    Quant au lieutenant
    Varnier, il a constaté sans la moindre hésitation : « D’accord, Lulu !
    Content de te savoir avec nous. »
    7 avril 1945,23 heures. 676
    officiers, sous-officiers et hommes de troupe s’apprêtent à gravir les échelles
    d’accès des avions britanniques. C’est depuis leur création l’opération la plus
    importante en nombre jamais montée par les parachutistes S.A.S. français. Dans
    l’après-midi, le brigadier-général J. M. Calvert les a tous rassemblés. En
    français, il leur a déclaré :
    « Vous allez
    participer incessamment à une opération très importante qui, je l’espère, compensera
    les déceptions que vous avez ressenties à l’annulation des autres. J’espère
    sincèrement pour vous que cette opération ne le soit pas à son tour, mais je ne
    le pense pas, sauf si le temps est défavorable.
    « Cette opération
    sera différente de celles auxquelles vous avez participé dans le passé, car vous
    allez atterrir dans un secteur que l’armée canadienne espère atteindre
    quarante-huit heures après votre arrivée.
    « Créer le maximum
    de confusion

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