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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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des
    moulins des Pays-Bas, le grenier de celui de la forêt de Zwolle a été aménagé
    par les Allemands en observatoire. De l’aube au crépuscule, deux guetteurs se
    relaient et transmettent par téléphone à un poste central les plus insignifiants
    des mouvements suspects.
    En cette matinée du 8
    avril 1945, les vigiles sont particulièrement attentifs. Rasant presque leur
    toit, des avions les ont survolés cette nuit ; le téléphone les a
    instantanément prévenus : « Ne prenez aucun repos, ils doivent lâcher
    des parachutistes, ouvrez l’œil, transmettez immédiatement le moindre incident. »
    « Je vois un
    drapeau dans un arbre », déclare l’un des guetteurs. L’autre rigole. « Même
    s’il y a des parachutistes, je ne pense pas qu’ils soient assez cons pour être
    grimpés aux arbres pour y accrocher leur drapeau.
     
    — Viens voir
    toi-même ! Je ne suis pas fou. » Le deuxième observateur prend des
    jumelles plus puissantes. L’orée de là forêt de Zwolle est à près de six
    kilomètres. L’homme distingue très mal ; assez tout de même pour
    comprendre.
    « Nom de Dieu !
    Appelle Westerbork, vite ! »
    L’ autre tourne la
    manivelle du téléphone de campagne en interrogeant :
    « Qu’est-ce que tu
    as vu ?
    — Beaucoup d’ennuis
    en perspective. Passe l’appareil.
    — Zwolle post, herr
    major. J’ai repéré des fragments de parachutes au faîte des arbres en
    bordure de la forêt de Zwolle. Ne quittez pas une seconde, je vous transmets
    les coordonnées exactes sur la carte. »
    De Westerbork, le major
    de la Feldgendarmerie appelle à Assen le quartier général de la Wehrmacht.
    « Je sais, répond
    le colonel. Ils en ont lâché toute la nuit. L’ensemble de nos unités battent la
    région, je n’ai plus personne à envoyer dans votre secteur.
    — Mais les miens
    sont localisés, ils sont à coup sûr dans la forêt de Zwolle.
    — Et alors ? Vous
    suggérez que nous y allions tous les deux ? Ça fait deux heures que j’envoie
    des troupes à droite et à gauche, j’ai déjà des rapports d’engagement. Le
    quadrillage a été établi, tout le monde est parti en chasse. Les S.S., les
    parachutistes, et même vos gendarmes.
    — Les parachutistes !
    Et si j’alertais Groningen ? »
    Le colonel conserve le
    silence un long instant avant de répondre.
    « Je ne peux pas
    vous l’interdire, mais je n’approuve pas.
    — La nation est en
    péril, mon colonel. Le Führer a ordonné de jouer toutes les cartes.
    — Je sais, mon
    vieux, je répondrai peut-être très vite de ma lâcheté, mais ce que vous me
    demandez je ne m’en sens pas le courage.
    — Dans ce cas, je l’aurai
    pour vous.
    — Je vous le répète,
    je ne peux pas vous l’interdire.
    Le major demeure la main
    sur le récepteur qu’il vient de raccrocher. Puis il tourne la manivelle et, en
    priorité, réclame le numéro de l’école parachutiste de Groningen.
    L’école des
    parachutistes de Groningen est commandée par un lieutenant de quarante-cinq ans,
    Kurt Rœder.
    Blessé à quatre reprises
    dans les rangs des franquistes pendant la révolution espagnole, blessé
    grièvement pendant la bataille de Crète, laissé pour mort sur le front de l’Est,
    Kurt Rœder est aux trois quarts paralysé. Une attelle métallique lui soutient
    les reins, sa jambe gauche est artificielle ; le détonateur d’une grenade
    lui a traversé le visage, pénétrant sous son menton ressortant par la joue. Il
    a en outre un œil de verre et une main de bois. Mais le lieutenant Rœder héros
    du 3 e régiment de fusiliers parachutistes, a conservé intact le
    timbre de sa voix dont il use pour accroître auprès des élèves de l’école son
    prestige déjà immense.
    Sous ses ordres, Rœder
    dispose pour le seconder de seize autres gueules cassées, rescapés eux aussi de
    la division Kreta. Des anciens du 3°fusilier ou du 1 er régiment de
    parachutistes d’assaut.
    Le vieux lieutenant
    jubile, il vient de repérer sur la carte l’emplacement exact de la forêt de
    Zwolle. Les élèves de l’école vont recevoir leur baptême du feu. Il hurle des
    ordres qui se transmettent sur le même ton. Le rassemblement général est sonné.
    Huit cents parachutistes arrivent en courant dans la grande cour d’honneur. En
    dix secondes ils sont placés dans un ordre stupéfiant : chaque groupe au
    carré, pas une épaule ne dépasse, pas un col n’est déboutonné, les bottes
    scintillent, les fusils, les Sturm

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