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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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les oreilles, attentif, il note. Les hommes se rassemblent pour lire au fur et à mesure. Anxieux, ils suivent la course précise du crayon : « Allô, Pierre, allô, Pierre… Je n’ai pas de message pour vous. Voici les nouvelles : ce matin, dès l’aube, les forces alliées ont débarqué sur la côte normande. Les opérations se poursuivent favorablement. Courage ! Vive la France !
    — Ça y est, cette fois ! Ça y est ! lance Déplanté.
    — Ça nous dit pas où nous sommes ni où se trouve le groupe Marienne, remarque Chilou.
    — Pour l’instant, attendons l’heure de transmettre. Après on avisera. »
    À 10 heures moins 5, Paulin, Bally et Charbonnier préparent l’émetteur. Paulin lance son message. Le lieutenant Déplanté en trace un double destiné au premier pigeon.
    « Out Station two to Home Station
    — Bon atterrissage à 10 kilomètres
    — Stop — Marienne pas au rendez-vous
    — Stop — Région calme — Stop — Attendons jusqu’au matin du 8
    — DEPLANTE. »
    Le double du message est passé dans la bague du pigeon. Pams caresse l’oiseau, il murmure gaiement : « Voilà, mon vieux, bon voyage ! Tu vas directement à Fairford, bureau du colonel Bourgoin. Mais frappe poliment à la fenêtre avant d’entrer si tu veux pas te faire engueuler. »
    D’un geste cérémonieux, il lance le pigeon qui donne quelques coups d’ailes pour retrouver son équilibre, et se repose à terre. À petits pas agiles l’oiseau regagne la cage et picore le grain qui s’est répandu autour.
    Le second essai n’est pas plus fructueux. Le pigeon s’élance et va se percher sur la branche d’un arbre sur laquelle il demeure paisiblement. Les parachutistes lui lancent des pierres, cassent des branches, font des gestes de bras auxquels l’oiseau se montre parfaitement indifférent. Déplanté n’est pas mécontent ; il est persuadé que le message radio est bien passé et l’incident détend l’atmosphère, amuse les hommes qui rient et chahutent.
    « Saloperie de bestiole, lance Pams, tu sais ce que tu risques ? Refus d’obéissance en service commandé ? Le conseil de guerre ! Douze balles dans la peau !
    Et pour commencer, on va bouffer tes potes, j’ai gardé les petits pois. Vous êtes d’accord, mon lieutenant ?
    — Je suis contre le principe des otages, répond Déplanté le plus sérieusement du monde.
    — Planquez-vous !
    Quelqu’un vient », lance Chilou.
    Un troupeau de moutons longe un chemin qui serpente en contrebas à une vingtaine de mètres de leur refuge ; deux jeunes filles suivent, une baguette de bois à la main.
    « Des bergères, constate Déplanté. Ne bougez pas, on ne sait jamais. Laissez-les passer, elles ne risquent pas de nous découvrir. »
    Les parachutistes s’allongent, observent, entre les branches basses et le maquis, le charmant tableau.
    « Elles sont pas mal roulées, chuchote Pams, c’est dommage de les laisser passer.
    — On les laisse pas passer, marmonne Bally. Matte le clebs ! »
    Tandis que le troupeau poursuit sa marche lente, un bâtard griffon s’est figé à l’arrière ; il grogne sourdement, puis brusquement il file droit vers la cachette en aboyant rageusement. Il découvre les hommes, s’arrête à un mètre dans un concert de grognements et de jappements furieux.
    « Ici, Poilu !
    crie une bergère intriguée.
    — Si on lui donnait un sucre ? suggère Paulin.
    — Essaie. »
    Le radio avance prudemment un sucre posé à plat sur la paume de sa main : le chien grogne, découvrant ses canines.
    Le parachutiste bat en retraite. Pams tente autre chose :
    « Oh ! le bon chien ! Viens ici, Poilu, allez, couché… Viens là, mon beau toutou. »
    Le chien s’avance, rageur, prêt à mordre.
    « Arrête de faire le con, Pams ! lance Déplanté. C’est bon, il n’y a plus qu’à sortir. »
    Les bergères s’approchent, Déplanté se lève et leur crie
    « Rappelez votre chien, mesdemoiselles. Nous ne vous voulons aucun mal. N’ayez pas peur ! »
    La première bergère a porté une main sur sa bouche ouverte, elle est paralysée par l’effroi ; l’autre conserve un calme relatif. Sans quitter les hommes des yeux, elle parvient à faire quelques pas et à apaiser le chien qu’elle attrape par son collier.
    Il faut plusieurs minutes pour que les jeunes filles comprennent qui sont ces étranges soldats, puis elles demandent à regagner leurs fermes. Déplanté se trouve devant un dilemme, il réalise vite qu’il doit faire confiance aux

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