Qui ose vaincra
bergères qui jurent sur la Vierge de ne parler à personne de leur rencontre.
Moins d’une heure plus tard, les parachutistes constatent qu’elles n’ont pas respecté leur serment. Deux paysans font leur apparition et se dirigent droit sur la cachette. Ils sont souriants, joviaux, ils portent des musettes chargées de victuailles.
« Ne vous inquiétez pas, annonce l’aîné, notre père est parti chercher un homme de la Résistance, ils nous rejoindront bientôt. »
À 6 heures de l’après-midi, Pams signale une nouvelle approche, puis très vite il reconnaît Marienne et Krysik qui arrivent, guidés par Eugène Maurizur.
« Je vous conduis tous à la ferme du Pelhue, déclare Maurizur. Vous y serez momentanément en sécurité. De là nous aviserons. »
La première jonction est établie : un groupe d’une dizaine de parachutistes a établi le contact avec la résistance du Morbihan.
15
Dans les Côtes-du-Nord, le
largage a été beaucoup plus précis. Après le saut de Marienne et de son groupe,
le lieutenant Botella est resté à la trappe de l’avion. Il a découvert la
Bretagne inondée par la lune que le Stirling survolait du sud au nord, puis
très vite il a reconnu le paysage caractéristique des photos géantes : la
forêt de Duault, le ruisseau, le serpentin clair du chemin tortueux qui chemine
entre Saint-Nicodème et Kerouzerien. La main sur son épaule ne le surprend pas
plus que la pression et le « Go ! » lui ordonnant de sauter. La
précision est absolue. Derrière lui le sergent-chef Litzler, le sergent Payen, le
sergent Nicol, Schmermesser, Richard, Urvoy, Téron, le radio Devize et le
benjamin, le mousse Prigent.
Du second appareil, le
lieutenant Deschamps et ses hommes ont également sauté sans incident. La
jonction des deux équipes a eu lieu comme prévu dans la nuit, en lisière de la
forêt de Duault.
La forêt de Duault s’étire
en longueur sur une quinzaine de kilomètres entre Kergrist-Mouelou et
Saint-Servais ; la densité des arbres et de la végétation est telle que
chaque mètre carré constitue un abri. D’après les renseignements confus communiqués
à Botella sur la résistance bretonne avant son départ d’Angleterre, la forêt de
Duault sert de havre à une troupe relativement organisée de Francs-Tireurs et
Partisans.
Pendant quarante-huit
heures, les parachutistes vont errer prudemment en forêt à leur recherche. Du 6
au 8 juin, le seul incident à signaler sera l’entorse que le sergent-chef
Litzler s’est faite en atterrissant. Les seules activités du groupe
consisteront à échanger des messages avec l’état-major de Londres.
Régulièrement Géo
Ghamming’s, le radio, va transmettre à Londres les messages rédigés par Botella.
C’est un jeune garçon fin et réservé aux traits purs, au regard sombre. Malgré
la consonance britannique de son nom il est français. À l’atterrissage, il est
resté suspendu à un arbre, s’est vu contraint de couper les suspentes de son
parachute au poignard pour se libérer et rejoindre son groupe.
À la vacation du 7 juin,
Londres a annoncé un envoi massif de parachutistes pour la nuit du 7 au 8. Une
centaine de leurs camarades doivent rejoindre la première vague.
Le camp des
parachutistes est établi en forêt à moins d’un kilomètre d’une ferme appelée
Ker Hamon. Depuis leur réveil, les hommes sont transis par l’humidité et ils n’osent
pas faire de feu. Le camp se trouve à quelques mètres d’un sentier à peine
perceptible. Le lieutenant Botella est occupé à refaire le pansement qui serre
la cheville du sergent Litzler ; le blessé grimace de douleur. Le mousse
Prigent est perché dans un arbre, guettant tout mouvement suspect. Les autres
sont affalés plus ou moins confortablement, croquent des biscuits, nettoient
leurs armes.
De son perchoir, le
mousse Prigent s’agite, il imite le piaillement de la caille. Tous les regards
convergent vers lui. Du doigt, il indique une direction, puis son index et son
médius forment un V.
« Deux types s’amènent,
traduit Botella. Planquez-vous. »
Le mousse descend
agilement de sa branche.
« Des Allemands ?
interroge le lieutenant.
— Non, des pékins. Mais
l’un d’eux porte un fusil.
— Probablement des
résistants, mais restez sur vos gardes. »
Le coin du sentier. Les
deux hommes s’avancent tranquillement, ils ne semblent pas redouter quoi que ce
soit, l’un d’eux
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