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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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y avait un énorme « pour », il était
    contrebalancé par un non moins énorme « contre ».
    Ce nom autour duquel les
    deux chefs n’arrêtaient pas de tourner était celui du sous-lieutenant Michel de
    Camaret.
    « Je suis d’accord
    avec toi, il est fou, admettait Puech-Samson. C’est d’ailleurs un incontestable
    avantage, une immense qualité, mais la témérité de Camaret risque de se retourner
    contre lui. Si on me demandait de désigner un type pour donner l’assaut à la
    baïonnette tout seul à une division blindée et ce, en chantant La
    Marseillaise, mon choix se porterait sur Camaret sans la moindre hésitation.
    Mais tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Et que
    Camaret se fasse tuer dans la première demi-heure qui suivra son atterrissage n’empêchera
    en rien le Paris-Brest de passer. Même si Michel obtient la plus belle citation
    posthume du bataillon.
    — Il y a du vrai, reconnaît
    Bourgoin, mais tu exagères. De Camaret est intelligent, tu le sais aussi bien
    que moi. Si on lui explique l’importance de sa mission, je le crois capable de
    réfréner sa fougue et sa haine. Il sera capable aussi d’aller au-delà des
    autres. C’est pour ça que notre choix doit à mon avis se porter sur lui. J’ajoute
    qu’il sera accompagné par un sous-officier et trois hommes. On peut, pour
    contrebalancer Camaret, les choisir parmi les plus modérés, sélectionner des
    hommes qui pourraient, à bon escient, réfréner les ardeurs de leur chef.
    — Mon commandant, tu
    te fous de moi, ou quoi ? Tu vois sérieusement un sergent balancer à
    Camaret : « C’est peut-être un peu risqué, un peu trop dangereux ce
    que vous nous demandez là, mon lieutenant » ? S’il s’en tire avec une
    balle de 11,43 dans la gueule, il pourra se considérer comme un verni, ton
    sous-officier modéré ! Cela dit, tu me donnes une idée. Il y a un type au
    bataillon, et un seul, qui soit capable de canaliser la fougue de Camaret, c’est
    son aller ego Denys Cochin. Ils font partie, tous les deux, de la même
    bande de ruffians, mais Cochin est, disons, plus nuancé. Si tu les envoies
    ensemble exercer la même passion que celle dont ils font preuve pour foutre le
    bordel à chacune de leur permission, ça va devenir malsain, effectivement, de
    se promener dans son tunnel. »
    Bourgoin reste songeur.
    « Évidemment, finit-il
    par répondre. Mais ça fait deux sous-lieutenants pour une seule mission.
    — Oui, mais quelle mission !
    — Évidemment, Don
    Quichotte et Sancho Pança, reprend Bourgoin. Et on peut y ajouter le sergent
    Détroit, Collobert et Nunès.
    — Par exemple, conclut
    Puech-Samson, et si avec une chimie pareille le Paris-Brest continue à rouler, nous
    n’aurons plus qu’à réclamer la mutation du bataillon au Théâtre aux Armées. »
     
    6 juin - Jour J. Michel
    de Camaret et Denys Cochin viennent d’apprendre qu’ils sautaient dans la nuit. Bourgoin
    et Puech-Samson leur ont exposé les détails et l’importance de leur mission. Ils
    rejoignent à grands pas leur baraque dans laquelle ils viennent de convoquer
    Détroit, Collobert et Nunès.
    « C’est quand même
    bizarre, deux officiers pour la même mission, fait remarquer Camaret. D’autant
    que nous sommes les seuls du bataillon dans ce cas.
    — Ça n’a rien de
    bizarre, rétorque Cochin. Tu ne pensais pas qu’ils allaient te laisser partir
    seul ? Ils ont le trac que tu te dégonfles, ils m’ont sûrement désigné
    pour te pousser au cul. »
    Camaret hausse les
    épaules.
    « Ou pour me
    distraire, tu es tellement marrant. »
    8 juin. 6 h 30
    du matin. Il y a près de vingt-quatre heures que le commando Camaret-Cochin est
    embusqué dans un épais buisson. Les parachutistes surplombent d’une
    cinquantaine de mètres le tunnel, la voie, les postes de garde allemands. Cochin
    et Camaret se repassent les jumelles, notent les moindres mouvements des
    sentinelles.
    Au début tout avait
    merveilleusement bien marché. Ils avaient constaté, en rampant dans la nuit
    comme des chats, que les postes allemands étaient excessivement mal disposés. Pour
    des raisons pratiques évidentes, les trois nids de mitrailleuses se trouvaient
    dans le fond du ravin.
    Malgré les craintes
    énoncées par les agents du B.C.R.A., les Allemands ne devaient redouter que
    mollement une attaque sur le tunnel, et les factionnaires considéraient ce
    poste comme un semi-repos. S’ils avaient disposé un nid

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