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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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bavette
    avec toi. On t’a posé une question. Tout ce qu’on te demande c’est d’y répondre.
    Pour le reste, on t’expliquera plus tard.
    — C’est ça, c’est
    bien des gaullistes, ânonne le vieux. V’là les emmerdements qui commencent. Y-a-qu'à
    moi que ça arrive, ces trucs-là. Tout allait trop bien, il fallait qu’y s’ramènent.
    — Pas de collabos
    dans la S.N.C.F., hein ? râle Camaret en s’adressant à Cochin, tu me la
    copieras.
    — Holà ! holà !
    doucement, petit, réplique le vieux. J’ai jamais dit ça. Les Boches je ne les
    encaisse pas plus que toi. Mais je suis à deux mois de la retraite et j’ai plus
    l’âge de vos conneries. En 14, ça m’amusait encore ; maintenant pour moi c’est
    la pêche à la ligne, là-bas chez moi, du côté de Bergerac. »
    Cochin et Camaret ne
    peuvent s’empêcher de sourire.
    « Écoute, explique
    Cochin doucement, dis-nous simplement si tu es au courant des mouvements sur
    les rails.
    — Vous voulez faire
    péter un train sous le tunnel de la Corbinière ? » interroge le vieux.
    Les deux parachutistes
    échangent un regard surpris.
    « Oh ! je suis
    pas extralucide, poursuit le vieux, mais c’est tellement évident ! Ça fait
    près d’un an que je me demande ce qu’attendent les petits rigolos de la
    Résistance.
    — Écoute, interrompt
    Camaret, tout ça c’est bien joli, mais ça ne répond pas à notre question.
    — Hélas ! mes
    pauvres gars, y passe plus rien de régulier, et ça fait une bonne quinzaine qu’on
    n’a rien vu. Et puis, tout d’un coup, sans crier gare, ça n’arrête pas, les
    convois se succèdent pendant des heures.
    — Et ils ne vous
    signalent rien à l’avance ?
    — Eux, rien du tout !
    Mais par la Résistance il nous arrive de vagues renseignements. Je sais par
    exemple qu’un important convoi de D.C.A. va quitter Brest en direction de
    Rennes. Mais quand ? Aujourd’hui ? Demain ? La semaine prochaine ? »
    Cochin hoche la tête, songeur.
    « On pourrait
    installer une grosse charge sur la voie, une charge qui péterait par contact.
    — Non, les gars. Les
    Boches vérifient le tunnel deux fois par jour, et croyez-moi, ce sont des
    spécialistes.
    — Et si on faisait
    péter le tunnel ?
    — C’est du solide. Vous
    n’arriverez qu’à l’endommager. S’il le fallait ils enverraient deux mille
    hommes. En moins de vingt-quatre heures, ils le dégageraient.
    — Enfin, bon Dieu, il
    y a sûrement une solution », peste Camaret.
    Le vieux jette un regard
    à sa gamelle et reprend son repas après avoir déclaré :
    « Avec vos
    histoires ma soupe va refroidir. »
    Il engloutit le reste du
    potage, gratte soigneusement la gamelle pour rassembler les miettes de pain
    agglutinées au fond ; après la dernière cuillerée, il l’essuie à l’aide d’une
    serviette douteuse et va ranger ses ustensiles dans un placard.
    Au portemanteau, il
    prend sa veste qu’il enfile. Cochin et Camaret remarquent les rubans : la
    médaille militaire et la croix de guerre 14-18.
    Le vieux se rassoit. De
    la poche de sa veste, il extrait un paquet de tabac gris presque vide, un petit
    étui de feuilles à rouler ; il se lance alors habilement dans la
    confection d’une cigarette à peine plus épaisse qu’une aiguille à tricoter. Il
    craque une allumette et attend, contemplatif, que le soufre se consume. Il tire
    une longue bouffée, puis fixant les parachutistes, annonce :
    « Y a peut-être un
    moyen. »
    Les sous-lieutenants le
    dévisagent, attentifs. Conscient de l’intérêt qu’il suscite, le vieux poursuit :
    « Seulement, voilà.
    Vous avez du pognon tous les deux ?
    — Non, mais tu n’as
    pas honte, vieux salopard, jette Camaret indigné.
    — Vous avez du
    pognon ou vous n’en avez pas ?
    — On a de l’argent
    de la Libération, des billets frappés en Angleterre qui auront cours dans les
    territoires libérés.
    — V’là autre chose,
    lance le vieux cheminot sceptique. Fais voir un peu ça. »
    Cochin sort de sa poche
    un billet de cent francs, de la forme et de la couleur d’un dollar. Le vieux s’en
    saisit, le palpe entre ses doigts rugueux, l’examine en transparence, et le
    rend aux parachutistes en disant :
    « Après tout, ça
    ira peut-être. »
    Camaret frappe la table
    du plat de la main.
    « Maintenant, ça
    suffit, accouche ton idée et ton prix. »
    Cochin se montre plus
    réservé. Il est visiblement intrigué par l’attitude du vieux qui, toujours sans
    se démonter,

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