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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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cachette
    les mains en l’air, suscitant une véritable réaction de stupeur. Un milicien
    braille, goguenard :
    « Eh, les gars, venez
    voir ça, ils en ont oublié un. »
    Di Constanzo dégaine son
    arme, un vieux revolver à barillet, et en relève le chien. Il va tirer au
    moment où, par-derrière, l’un de ses hommes expédie un formidable coup de botte
    aux fesses du jeune parachutiste. Flamant est déséquilibré sous la violence du
    choc, il tombe à quatre pattes sur le sol pierreux. Dans un réflexe il se
    relève, reçoit d’un autre milicien un coup de pied de face à hauteur du sexe. Il
    se plie en deux. En souriant, Di Constanzo rabat le chien de sa pétoire et la
    rengaine. Suivi par Kôln, il s’assoit en spectateur intéressé sur le rebord d’une
    fenêtre.
    Deux miliciens se
    précipitent dans un élan de footballeur. Ils visent à leur tour les parties du
    parachutiste, mais se gênent de l’épaule, et leurs coups arrivent gauches et
    amortis.
    « Un à la fois, nom
    de Dieu ! Un à la fois », hurle Di Constanzo, en riant.
    Alors commence un atroce
    et terrifiant ballet. L’un après l’autre, les miliciens décochent des coups
    furieux à l’adolescent qui très vite retombe à terre. À coups de botte, ses
    membres, puis ses reins sont brisés. Alors, l’un suivant l’autre, les miliciens
    prennent leur élan et sautent pieds joints de tout leur poids sur le malheureux.
    « Arrêtez ! gueule
    Di Constanzo. Vous voyez pas qu’il est crevé ? Allez, foutez-moi le feu à
    cette baraque et rentrons. »
    Du bout de sa botte, un
    Franc-Garde retourne Flamant, constate qu’effectivement il est sans vie. Alors,
    hilare, béat, il se déboutonne et pisse sur le corps disloqué. Çà et là des
    rires approbateurs fusent, tandis que les incendiaires s’affairent et qu’une
    épaisse fumée monte lentement vers le ciel terne.
     

31
    16
    juillet . Ferme de Boc-à-Bois. Michel de Camaret, blessé au bras à Saint-Marcel, est couché, abattu par une forte fièvre. Il tremble, claque des dents, transpire, s’agite dans un semi-coma. Autour de lui six parachutistes et un autre officier, son ami le sous-lieutenant Roger de la Grandière.
    La Grandière sait parfaitement qu’il est dangereux de demeurer dans cette maison où la famille Monnier les a, la veille, courageusement reçus. Les Allemands les traquent, sont sur leurs traces. La plus élémentaire prudence aurait été de se ravitailler, de se reposer une heure ou deux et de poursuivre leur fuite à travers bois. Mais la veille au soir, La Grandière avait jugé Camaret intransportable et avait donné l’ordre de s’installer à la ferme pour y passer la nuit.
    Il est 7 heures du matin.
    Un des fils Monnier, un tout jeune garçon arrive, affolé, en courant : « Les Allemands !
    Des centaines ! Ils marchent sur la ferme, déployés sur deux lignes. Filez vite par-derrière. »
    Calmement, La Grandière se lève. S’adressant à l’adjudant Marie-Victor, le plus gradé des hommes valides, il déclare posément :
    « Partez tous vers l’ouest. Transportez Michel, je vous rejoindrai.
    — Je reste avec vous, mon lieutenant, annonce Marie-Victor. Que les autres partent, là je suis d’accord. »
    La Grandière gueule : « Ce n’est pas le moment de discuter mes ordres ! Foutez-moi le camp avec les autres et ne perdez pas de temps. »
    La Grandière sort dans la cour de ferme. Elle est entourée d’un épais mur de pierre d’un mètre de haut.
    Le sous-lieutenant a posté deux de ses hommes à l’abri du mur. Ils guettent derrière leur fusil mitrailleur ; prévenus eux aussi par le fils Monnier, ils attendent l’apparition des Allemands.
    « Taillez la route en vitesse, ordonne La Grandière. Je les retiens un moment et je vous rejoins.
    — Mon lieutenant…, objectent en chœur les parachutistes.
    — Mais, nom de Dieu, vous n’allez pas commencer vous aussi ! Il n’y a que moi qui commande ici.
    Je sais ce que je fais. Je ne suis pas gâteux. »
    Les deux paras obéissent sans conviction. Roger de la Grandière s’installe à la place de l’un d’eux. Il compte le nombre de chargeurs entassés à ses pieds, fait pivoter le fusil mitrailleur sur son axe pour s’assurer du plus grand angle de tir. Extrait le chargeur de l’arme, le vérifie et le replace. Il engage alors une balle dans le canon du fusil mitrailleur et se retourne. D’un bref regard, il constate le départ de tous les siens qui transportent Camaret sur

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