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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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mais prenez un pseudonyme français. C’est un ordre. »
    La Grandière sourit.
    « Avec tout le respect que je vous dois, mon général, je pensais que l’une des raisons pour lesquelles nous combattions était précisément de faire admettre qu’Abraham Levy pouvait être un nom français. »
    Le général Le Gentilhomme se mord les lèvres. Vexé et furieux, il se lève et menace : « Un mot de plus et je vous fous aux arrêts. Vous avez entendu mes ordres. Cessez vos pirouettes et vos pitreries, et sortez ! »
    Roger de la Grandière se rend directement au bureau des pseudonymes. Il y retrouve le sergent, lui agite sous le nez son index et lance d’un ton comminatoire : « Alors, mon gaillard, on n’est pas seulement antisémite, on est aussi un peu mouchard ?
    — Laissez ce sous-officier en paix ! »
    Sec, hostile et cassant, un chef de bataillon vient de sortir de son bureau. Il ajoute : « C’est moi qui ai envoyé le rapport au général Le Gentilhomme. Si vous avez des reproches à faire, je vous écoute. Cessez de passer vos nerfs sur vos subordonnés.
    — Mais, mon commandant, je venais simplement déclarer mon nouveau pseudonyme.
    — Je vous écoute. Notez, sergent. Prénom ?
    — Auguste.
    — Un nom de clown, ça vous va mieux. Nom ?
    — Le Gentilhomme. »
    Le commandant frappe le bureau d’un grand coup du plat de la main.
    « Nom de Dieu, lieutenant, arrêtez ces âneries ou je vous fous dedans. »
    La Grandière, très calme, répond sur un ton désarmant.
    « Mon commandant, j’ai ordre du général de me trouver un nom français, alors, moi, je ne sais plus. »
    Le commandant se calme : « Enfin, où voulez-vous en venir ? Vous n’êtes pas un crétin. Que signifie cette attitude ?
    — Je veux rejoindre le camp de Cambreley, mon commandant. Il y a trois mois que j’ai fait ma demande de mutation pour les parachutistes. Rien n’y fait. J’ai eu beaucoup de mal à gagner l’Angleterre. Ce n’était pas pour me voir chargé de paperasseries.
    — Et vous croyez que c’est le moyen ?
    — Le général Le Gentilhomme sait que j’existe depuis deux heures. À présent vous le savez aussi.
    L’un de vous va peut-être se décider à m’aider, après tout. »
    Le commandant se détend tout à fait, il sourit.
    « Après tout, comme vous dites, je vais peut-être vous aider. Je vais au rapport du général tout à l’heure et je lui annoncerai votre nouveau pseudonyme. Il est possible en effet que ce soit un moyen. »
    Six jours plus tard, Roger de la Grandière passe la porte du camp de Camberley. Ses facéties l’y ont précédé. Il est accueilli avec chaleur, instantanément adopté. Un mois plus tard, il est breveté parachutiste. Autour de lui se cristallise une bande. Le colonel Fourcaud les a surnommés « les danseurs » ; leurs hommes « les quatre baraques » – allusion faite à leurs carrures et à leur cohabitation dans la baraque numéro quatre. Ce groupe est composé par Michel de Camaret et Denys Cochin, le sous-lieutenant Alain Calloc’h de Kérillis, et évidemment, le sous-lieutenant Roger de la Grandière.
    Chaque sortie en ville des « quatre baraques » est ponctuée par un scandale, un rapport de police, une plainte de parents concernant leur fille ; les histoires de cocus pleuvent en lettres et messages indignés sur le bureau du colonel qui, du reste, les fout au panier.
    En octobre 1943, au camp de Camberley, l’ensemble du bataillon s’ennuie. Les hommes ont le sentiment d’être oubliés, de ne servir à rien. Le général de Gaulle n’a pas rendu une seule visite à l’unité, alors que fréquemment il inspecte telle ou telle autre formation des Français libres.
    Les « quatre baraques » prennent sur eux d’envoyer à Carlton’s Garden une série de requêtes, de demandes d’explications ; elles restent sans réponses. Un soir, Kérillis suggère d’employer une nouvelle méthode pour frapper l’attention du général.
    « Si nous commettons de monstrueuses conneries, les Anglais vont gueuler, faire un rapport au Vieux. Il viendra enquêter sur place. Nous aurons alors tout loisir pour lui balancer ce qu’on a sur le ventre.
    — Comment ne pas y avoir pensé plus tôt ? » enchaîne de Camaret, séduit instantanément par l’idée que les conneries suggérées par son compagnon vont faire passer à tous des instants exquis.
    À l’exception de Denys Cochin qui est et restera toujours le plus réservé, celui qui joue le rôle

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