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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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trois
    compagnons, et son instinct s’éveille. La manière dont les hommes de l’Abwehr
    tiennent leurs mitraillettes armées, doigt sur la détente, les trahit. Marienne
    se fige.
    « Feu ! »
    hurle Zeller.
    Les quatre mitraillettes
    crépitent. Marienne s’écroule, atteint d’une rafale en pleine poitrine. Le
    lieutenant Martin qui se tenait à ses côtés est tué sur le coup d’une balle en
    plein front. Mendes, Beaujean, Bléttrie et Marty sont grièvement blessés, ainsi
    que le F.F.I. qui avait été les prévenir.
    Les traîtres pivotent, font
    un bond vers la salle de ferme, tenant en respect les résistants surpris en
    plein sommeil par le fracas des armes.
    À une dizaine de mètres
    derrière Marienne, le sergent Judet s’est élancé. Il a roulé dans un fossé, puis
    en zigzag il s’est mis à courir. Des quelques coups de feu qu’il a essuyés, aucun
    ne l’a atteint. La poursuite n’est pas envisageable et Herre peste. Le
    parachutiste risque d’aller chercher du renfort ; il faut faire vite.
    Les douze F.F.I. survivants,
    mains sur la nuque, sont tirés à l’extérieur. Zeller les fait coucher sur l’aire
    à battre, à plat ventre, visage contre terre.
    « On va vous
    attacher les mains derrière le dos, a expliqué Zeller pour tromper leur
    méfiance. Croisez vos poignets sur vos reins. »
    Les malheureux s’exécutent.
    Certains d’entre eux n’ont pas leur pantalon et sont pieds nus.
    L’un après l’autre, les
    quatre bourreaux ont remplacé les chargeurs de leurs armes. Sur un signe du capitaine
    Herre, ils ouvrent le feu à bout portant sur les corps inertes. Des chapelets
    de balles criblent les nuques des F.F.I.. Aucun d’entre eux n’a eu le temps de
    tenter quoi que ce soit. Herre et Zeller distribuent ensuite d’ultimes coups de
    revolver dans la tête des résistants. Munoz et Gross posent alors leurs armes
    et, retournant les corps, les fouillent, pillant les portefeuilles, les papiers
    personnels, les montres.
    Lorsqu’ils rejoignent
    leurs chefs, ils sont couverts de sang.
    « Bon, filons en vitesse
    maintenant, annonce calmement Zeller.
    — Marienne et les
    paras ? intervient Herre.
    — Transportez-les
    avec les autres. »
    Le quatuor se dirige
    vers le camp des parachutistes, Marienne vit encore. Il est traîné, mourant, sur
    l’aire à battre, jeté à plat ventre auprès des suppliciés, Zeller lui tire un
    chargeur entier derrière l’oreille. Les quatre hommes quittent alors la cour de
    la ferme et s’engouffrent dans la voiture.
    À quelques mètres du
    drame, en surplomb, dissimulé sous un tas de foin, le jeune Flamant, benjamin
    des parachutistes du groupe du lieutenant Marienne, a assisté, impuissant, à
    toute la scène.
    Il était allé pisser
    lorsqu’il avait été surpris par la fusillade. Il n’avait pas d’arme sur lui, ne
    pouvait rien tenter. Maintenant il est prostré, paralysé par une crise nerveuse ;
    il tremble, pleure, claque des dents. Il fait sans y parvenir des efforts
    surhumains pour bouger, pour fuir, pour s’éloigner du tragique charnier. En
    vain. Ses yeux hallucinés ne peuvent se lever de la vision cauchemardesque, restent
    braqués sur les corps de ses compagnons, sur la boue gluante qui s’imprègne de
    leur sang.
    Ils sont dix-huit, car
    en cette aube du 12 juillet ont été également assassinés Danet, l’un des
    fermiers, et les Gicquello, père et fils.
    Le fils Danet, quatorze
    ans, est parvenu à fuir à travers champ après avoir assisté au supplice de son
    père.
    À Josselin, au siège des
    miliciens, Herre et Zeller savourent leur revanche. Ils sont conscients de l’amertume
    de Kôln et de Di Constanzo. Ils savent que les félicitations qui leur sont prodiguées
    sur un ton enthousiaste masquent la rage de n’avoir pas participé au massacre. Kôln
    n’ignore pas que le rapport de Herre à la Gestapo ne sera pas tendre pour lui.
    Souriant, Herre demande
    sur un ton de politesse affectée :
    « Vos hommes
    pourraient-ils aller identifier les corps et joindre leur rapport au nôtre ?
    Nous devons maintenant rejoindre Pontivy. »
    Kôln acquiesce, hurle
    des ordres, fait rassembler la compagnie.
    Les soixante miliciens –
    hélas ! tous Français – arrivent à Keruhel vers 8 heures du matin, constatent
    le carnage, fouillent, brisent tout dans la ferme, s’apprêtent à l’incendier.
    Alors, dans le réflexe d’un
    homme, presque d’un enfant qui a perdu la raison, Flamant sort de sa

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