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Qui ose vaincra

Qui ose vaincra

Titel: Qui ose vaincra Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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Auguste, le jeune,
    qui répond :
    « Le Bourgoin on
    sait point où il se trouve, mais Marienne vous le dira bien… Et Marienne, pour
    sûr vous pouvez le trouver, vu que depuis hier c’est moi qui le ravitaille…
    — Eh bien, vrai, s’exclame
    Zeller, on peut dire qu’on est tombés dans le mille, le dieu des parachutistes
    est avec nous. »
    Munoz sort de la poche
    plaquée de son pantalon une carte d’état-major imprimée sur soie. Il n’a oublié
    aucun des astucieux accessoires pillés sur le cadavre du lieutenant Gray.
    « La ferme de
    Keruhel, chez les Gicquello, explique Auguste, en désignant le point sur la
    carte. Mais méfiez-vous, à trois cents mètres, là, au croisement des sentiers, il
    y a le poste de garde, et les bonshommes ont la gâchette tendre.
    — T’en fais pas, c’est
    pas à nous qu’ils en veulent.
    — Ça, on s’en
    douterait », fait finement remarquer Léon en riant.
    Les deux traîtres
    quittent le café après d’ultimes tapes dans le dos et regagnent dans la
    traction Herre et Gross qui sont mis au courant en quelques mots.
    « Vous auriez dû
    vous renseigner sur l’effectif dont ils disposent, fait remarquer Herre.
    — Il ne faut jamais
    abuser de la crédulité des cons, tranche Zeller. Un détail insignifiant aurait
    pu leur faire dresser l’oreille.
    — Dans ce cas, ordonne
    Herre, nous allons faire la connaissance du Feldwebel Kôln. Il est arrivé à
    Josselin le 6 juillet à la tête d’un détachement de votre milice. Nous
    attaquerons ensemble la ferme de Keruhel à l’aube. »
     

30
    S’étant vu confier la
    responsabilité d’une soixantaine de voyous français appartenant à la « Milice
    Perrot », le Feldwebel Kôln, sous-officier de la Gestapo aux pouvoirs
    extraordinaires, fut sans doute l’un des plus révoltants sadiques que connurent
    les services spéciaux nazis.
    À Josselin, il est
    secondé par un Français, Di Constanzo. Le Sonderkommando est itinérant ;
    la poignée de « Francs-Gardes » qui le composent demeure rarement
    plus de deux semaines dans l’une ou l’autre des villes du Morbihan.
    Le quatuor de l’Abwehr
    arrive au cantonnement provisoire des miliciens vers 23 heures. Kôln les reçoit
    instantanément. En raison de la présence de Di Constanzo et de deux « Francs-Gardes »,
    la conversation se déroule en français. Herre et Kôln le parlent parfaitement. C’est
    au-dessus d’une carte détaillée de la région que se poursuit rapidement le
    dialogue.
    « Je suis au regret,
    Herre, mais je refuse catégoriquement d’appliquer votre plan, conclut Kôln. Encercler
    la ferme comporte de trop gros risques. L’attaquer de front permettrait à Marienne
    et à ses hommes de fuir. Pour monter sans casse l’opération telle que vous l’entendez,
    l’effectif d’un bataillon serait nécessaire. Nous ne disposons même pas d’une
    compagnie.
    — Alors, il faut
    alerter la Wehrmacht.
    — À votre guise. Mais
    ne comptez pas sur moi pour ça non plus. D’après vos propres informations, Marienne
    et ses terroristes sont tout au plus une dizaine. Je ne me vois pas réclamant l’intervention
    de plusieurs centaines de fantassins pour en venir à bout.
    — Enfin, bon Dieu, Kôln,
    vous disiez vous-même à l’instant… »
    Kôln se lève ; son
    visage se tend.
    « Vous avez mal
    compris. Marienne, c’est votre problème, pas le mien. Il y a près d’un mois que
    vous courez après votre proie sans succès. Libre à vous de prévenir l’armée, je
    ne suis pas votre nourrice.
    — Si je comprends
    bien, vous suggérez que nous l’attaquions tous les quatre ?
    — Évidemment, et
    par surprise.
    — C’est un sacré
    coup de dés !
    — La guerre n’est
    qu’une succession de coups de dés. »
    Sous les regards
    goguenards de Di Constanzo et des deux Francs-Gardes, Herre et les siens
    quittent le siège de la Milice et regagnent dans la nuit poisseuse leur vieille
    traction avant.
    Herre demeure un long
    instant songeur. Il ne démarre pas. Allume une cigarette. Des quatre, il est le
    moins tenté par cette opération surprise, suggérée par Kôln. Zeller prend la
    parole :
    « Je crains que
    nous n’ayons pas le choix. Cet ordure de milicien boit du petit lait, car il
    sait qu’il a raison. Il a sans aucun doute fourré son sale nez dans les fiches
    qui nous concernent. Il sait qu’on commence à nous prendre pour des guignols. Si
    nous réclamons de l’aide cette nuit, on va, en outre, nous prendre

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