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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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peut nous entendre.
    — Je suis ici, seigneur, intervint Yusuf qui, de l’autre côté de la pièce, regardait par la fenêtre.
    — Yusuf devrait être vraiment très loin pour ne pas entendre, dit Isaac. Mais ne vous inquiétez pas, sa discrétion a quelque chose d’effrayant.
    — C’est bien, approuva Berenguer, qui s’installa sur un banc rembourré et posa son pied sur un tabouret.
    — J’ai repensé à cela – à ce que ce garçon disait –, et j’avoue être perplexe. Mon problème tient à ce que certains mots ne semblaient pas appartenir à un langage familier. Il est possible qu’il ne parlait pas de tuerie quand il disait matar, mais qu’il s’exprimait dans une autre langue. Qu’en penses-tu, Raquel ? Et tu peux entrouvrir ton voile pour respirer et parler, je ne pense pas que Son Excellence te soupçonnera d’impudeur si tu fais cela.
    — Merci, papa, dit-elle en écartant les pans de son voile. J’ai cru qu’il s’agissait d’un nom. Ou deux noms. Ceux de quelques étranges dieux païens.
    Elle s’arrêta, effrayée par ce qu’elle venait de dire.
    — Mais je dois me tromper, Votre Excellence, car un tel jeune homme, un séminariste, ne prononcerait jamais le nom de dieux païens, même dans son délire. Où les aurait-il appris ? Ce ne sont pas des noms que j’ai entendus. Mais cela m’a paru étrange, comme…
    Elle était horriblement embarrassée.
    — Hélas, ma chère enfant, la rassura Berenguer, ne vous affligez pas. J’ai pensé exactement la même chose et, moi aussi, j’ai songé que c’était impossible. Mais impossible ou pas, cela sonnait pour moi comme un fragment de ces chants que les sorciers et les adeptes des dieux païens entonnent pour appeler les esprits du mal, pour conjurer les démons !
    — Cela en avait l’air, fit Isaac, bien que je sois persuadé qu’il y a une autre explication.
    — En tout cas, dit Berenguer d’un air sombre, si c’est là ce qu’il faisait – et c’est très certainement ce à quoi cela ressemblait –, ce qui trouble le séminaire n’est pas un simple mécontentement, mais du paganisme, de l’hérésie et peut-être même de la sorcellerie !
    — C’est une affaire fort sérieuse, renchérit Isaac.
    Dans le passé, il y avait eu des enquêtes – la plupart à l’époque des grands-parents et des arrière-grands-parents de la génération actuelle – qui avaient débuté par une chasse aux hérétiques et aux sorciers. Avant que ces enquêtes n’aboutissent, la ville s’était emplie d’accusations hystériques : on réglait de vieux problèmes en dénonçant son voisin, la cupidité faisait condamner rivaux et concurrents. Comme d’habitude, la populace avait fini par s’en prendre aux juifs, et des hordes avaient envahi le Call. Avant que le roi pût restaurer l’ordre, il y avait eu des morts et beaucoup de misère.
    — Ce pourrait être fatal, dit Berenguer. À moins de contenir les choses dès aujourd’hui, la situation pourrait devenir aussi noire qu’à l’époque de la chasse aux cathares, quand les informateurs jaillissaient de chaque recoin de mur et que l’innocent souffrait autant que le coupable. Isaac, je ne veux pas voir cela dans mon diocèse.
    — Avant que de livrer la ville aux flammes, répondit Isaac avec calme bien que son cœur fût empli de peur et de colère, n’est-il pas possible que nous exagérions les conséquences de ce que nous venons d’entendre ? Envisagez cette possibilité, Votre Excellence. Au lieu d’une nouvelle hérésie qui s’installe en ville, nous avons trois garçons, insatisfaits de la vie qu’ils mènent et amis pour cette même raison. Ils cherchent le moyen d’apaiser leur mécontentement. Nous savons que le vin était l’un de leurs remèdes. Mais, à un moment donné, ils trouvent un livre et tentent de conjurer des forces invisibles.
    Il s’arrêta de parler pour donner à l’évêque le temps d’envisager cette éventualité.
    — En buvant de puissantes mixtures qui auraient entraîné leur trépas ? dit Berenguer d’une voix lourde de doute.
    — C’est possible. Il est certain que Marc et Aaron étaient des garçons très solitaires, sans amis que l’on puisse nous indiquer. Lorens était-il également solitaire ? Car vous voyez, Votre Excellence, s’il y a quelque chose d’endémique dans le séminaire, Lorens aurait des amis ou, pour le moins, des partenaires dans le mal.
    — Je n’en ai aucune

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