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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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secrètes dans les habits accrochés à la patère ; de même, il n’y avait rien dans les draps, que Yusuf secoua avant de les replier soigneusement. Il ne restait plus que les livres.
    Ils étaient au nombre de trois. Il les prit avec beaucoup de soin et les déposa sur le lit, l’un après l’autre. Le premier n’était pas plus grand que la longueur de ses doigts, mais il était aussi large et aussi épais qu’une main d’homme. Les deux autres étaient le double du premier en hauteur et en largeur, mais l’épaisseur était la même. Un des gros livres était relié en cuir fin ; les reliures des deux autres étaient plus grossières, et tous trois étaient écrits sur du parchemin. Il prit le livre pourvu de la reliure la plus précieuse et l’ouvrit soigneusement. La large marge de la première page était décorée de la silhouette d’une femme et, sous elle, de celle d’un homme. Ils paraissaient tous deux assez mélancoliques. La chevelure dorée de la femme retombait pour former la première lettre de l’ouvrage. Elle regardait vers le bas et ses doigts effleuraient à peine la main levée de son compagnon. Elle était vêtue d’une robe d’un bleu si profond et si brillant que Yusuf sentit son cœur se serrer quand il repensa aux couleurs de sa maison ; son chevalier, splendide dans son armure brunie blasonnée d’écarlate, la contemplait.
    Yusuf s’assit sur le lit, enchanté. Il referma le beau livre et ouvrit les deux autres. Pas de lettre magique, pas d’élégante écriture cette fois-ci, rien qu’une encre noire sur de petites pages entièrement recouvertes, des lignes interminables avec pour seules décorations de vilaines taches là où le parchemin était de mauvaise qualité. Il tourna doucement les pages à la recherche de quelque chose – n’importe quoi – qui lui parût anormal, puis les secoua, dos en l’air, au-dessus du lit. Il n’en tomba rien qu’un peu de poussière. Alors il les reposa et revint à son premier choix.
    L’écriture était ornementée mais compréhensible. Il n’eut aucune difficulté à prononcer les mots et à reconnaître la signification de la plupart, mais le sens des lignes qui s’offraient à lui lui restait caché. Elles avaient été écrites dans la vieille langue des Latins, et il avait encore beaucoup à apprendre à ce propos. Il haussa les épaules et cessa de s’en inquiéter. Les mots n’avaient aucune importance en cet instant. C’étaient les images et les décorations qui émerveillaient son regard. Il tourna une page et découvrit, couché au bas de la page suivante, comme s’il montait la garde, un petit chien au corps agile, la tête tournée vers sa queue enroulée. Puis, quatre pages plus loin, une partie de l’œuvre s’achevait par un motif compliqué exécuté à l’encre écarlate, à peine rehaussée d’or. Il le regarda longuement, comme pour inscrire ce dessin dans sa mémoire, et tourna la page. Un morceau de papier tomba sur le sol.
    Il posa le livre sur ses genoux, se pencha et ramassa le papier. Il était plié de sorte à former un petit carré et adressé à maître Lorens Manet. « Je dois l’ouvrir », murmura-t-il comme pour s’excuser à l’adresse des spectres qui, depuis qu’il tenait cet ouvrage, avaient perdu – partiellement tout au moins – le pouvoir de le terrifier. « C’est peut-être important. » Alors qu’il commençait de déplier la feuille, son cœur se mit à battre comme s’il s’adonnait à un acte criminel, dangereux et infamant, et il se hâta. Au dernier pli, il l’ouvrit à demi pour voir la nature de cette missive. Cela ne l’avança en rien. L’écriture était serrée et nerveuse, les lettres mal formées. Il entreprit de déchiffrer le sens des premiers mots. Quand il y parvint enfin, cela l’étonna tant qu’il lâcha la feuille de papier.
    — Où est ce garçon ? tonna une voix dans le couloir. Il a eu le temps de démanteler cette chambre pierre après pierre et de la remonter entièrement !
    Yusuf ramassa le papier, le replia grossièrement et le dissimula d’un geste machinal sous sa tunique. L’air coupable, il refermait le beau livre quand l’évêque entra dans la pièce.
    — Brave garçon, dit-il en voyant le livre. Tu as trouvé mon Ovide avant que quelqu’un ne décide de l’intégrer à sa collection particulière.
    — C’est un bel ouvrage, Votre Excellence, s’empressa de dire Yusuf en rendant son bien à

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