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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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l’évêque.
    — Oui, fort coûteux aussi, et de nature trop amoureuse pour un garçon de ton âge. As-tu essayé de le lire ?
    — Seulement quelques mots. Je voulais en regarder les images.
    — Eh bien, quand tu auras dit à maître Isaac ce que tu as trouvé – vous vous rendez compte, mon ami, ce petit futé a mis la main sur un pot de chambre –, tu pourras t’installer tranquillement dans un coin pour en admirer les illustrations.
    — Ne dédaignez point un humble récipient d’urine, intervint Isaac, qui avait suivi cette scène avec beaucoup d’amusement. Il peut nous apprendre beaucoup sur le jeune homme qui est mort.
    — J’ai aussi trouvé un gobelet sous le lit, ajouta Yusuf, qui avait échappé aux plaisanteries de l’évêque en se cachant derrière le livre de Son Excellence. Je l’ai posé sur la table, à côté du pot de chambre.
    — Que nous a-t-il laissé d’autre ? demanda Isaac.
    — Sur la table, papa ? fit Raquel.
    — Commence par là. Décris-moi tout.
    — Il y a un bougeoir. La bougie qui y était plantée a brûlé jusqu’à sa base d’argile. Il y a aussi une coupelle, qui a grand besoin d’être nettoyée…
    — Y a-t-il quelque chose dedans ?
    — Rien que quelques fragments – de la cendre, je pense.
    — Donne-la-moi.
    Isaac prit la coupelle et plongea ses doigts dans le résidu. Il les frotta puis les sentit.
    — De l’encens, dit le médecin, mélangé à d’autres substances.
    — Vous pouvez dire lesquelles ? lui demanda l’évêque. Pourquoi diable brûlait-il de l’encens dans sa chambre ? Pas étonnant que nous ayons des problèmes !
    Quelques hypothèses se formaient dans l’esprit d’Isaac, certaines rationnelles, d’autres au-delà du probable, mais il se refusait à dire quoi que ce soit avant d’être vraiment certain.
    — Je pourrais le savoir, murmura-t-il. Mais je dois commencer par vérifier l’urine.
     
    — Je soupçonne fort, dit Isaac alors qu’ils s’éloignaient de la pièce, à la façon dont il est mort et à d’autres signes, qu’il ait absorbé des substances toxiques. Son urine a, de manière très distincte, un goût amer et une odeur âcre. Je dirais aussi qu’il les a prises de son plein gré. Elles se trouvaient dans le gobelet de bois, et pas dissimulées dans quelque nourriture ou une boisson quelconque.
    — Vous voulez dire qu’il s’est tué ? demanda Berenguer.
    — Oui et non. Il aura bu le contenu de ce gobelet en pensant que cela guérirait les maux dont il souffrait. Pourquoi vous aurait-il assuré, Votre Excellence, qu’il allait mieux, s’il ne le croyait lui-même ? Quand un homme attente à son existence, soit il le regrette et supplie qu’on le sauve, soit il demeure déterminé et supplie qu’on le laisse mourir. Lorens a dit qu’il se sentait mieux.
    — Qu’y avait-il dans le gobelet, maître Isaac ?
    — Je n’en suis pas encore tout à fait sûr. Je vais demander à Raquel de chercher dans les livres des poisons de cette nature.
     
    La lumière dorée du soleil d’octobre entrait à flots par la fenêtre de la bibliothèque et illuminait le lourd volume dans lequel était plongée Raquel. Un faible bruissement derrière elle la fit sursauter et elle se retourna.
    Yusuf se tenait sur le pas de la porte, pâle et hagard.
    — Qu’as-tu donc ? lui demanda-t-elle avec moins de compassion qu’elle n’en aurait montré à un mendiant qui se serait présenté au portail.
    Il faut dire qu’un mendiant ne l’aurait pas interrompue au milieu d’une phrase et ne l’aurait pas effrayée.
    — Maîtresse Raquel, chuchota-t-il, j’ai fait une chose terrible. Du moins, je pense.
    — Eh bien, approche, si tu veux chuchoter, répliqua-t-elle. Qu’est-ce que tu as fait ? Tu as volé ? ajouta-t-elle en baissant quelque peu la voix.
    — Comment le savez-vous ? demanda-t-il, encore plus terrifié.
    — Je l’ignorais. Et qu’as-tu volé ?
    Elle l’attrapa par la main et l’attira vers elle. Il ne se débattit pas.
    — Ceci, dit-il en fouillant dans sa tunique et en en tirant un morceau de papier plusieurs fois plié.
    — Une feuille de papier ? fit Raquel en levant le sourcil d’un air sardonique. Voilà qui ne mérite pas la pendaison dans cette maison – pas encore, tout au moins –, alors cesse de faire cette mine. Où l’as-tu trouvée ?
    — Dans la chambre de l’étudiant qui est mort. C’est une lettre. Je ne voulais pas la

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