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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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l’appela par son nom. C’était Dalia, accompagnée de sa mère et de leur serviteur. Elle se rendit compte que, si Dalia l’avait reconnue d’aussi loin, c’est qu’elle devait être dévoilée ; elle rougit, dissimula son visage et courut vers eux.
    — Raquel ! cria son amie. Viens avec nous, je t’en prie. Nous cherchons de la soie et nous avons besoin de ton avis.
    — Pour une robe ? demanda Raquel.
    Dalia hocha la tête.
    — Une robe d’un type particulier ?
    — Oh, Raquel, dit son amie en battant des mains. Papa est allé à Barcelone et il a vu ce gentilhomme dont je t’ai parlé…
    — Dalia, gronda sa mère, tu manques de discrétion ! Rien n’est encore arrangé. Que se passera-t-il si tu en parles à tout le monde et que…
    — Mais, maman, Raquel n’est pas la première venue. Elle ne bavarde pas. Elle sait tout sur tout le monde et ne dit jamais rien, n’est-ce pas, Raquel ?
    — Je ne puis rien dire sur les patients de papa, pas même qui ils sont, sans sa permission.
    — Ah, vous voyez ? Je peux donc le lui dire, et elle ne parlera pas. J’ai besoin d’une très belle robe parce qu’il vient ici pour ses affaires. C’est ce qu’il dit, mais en réalité, c’est parce qu’il veut me rencontrer et me voir.
    Sur ce, elle gloussa, certaine que tout homme posant les yeux sur elle ne pouvait que tomber amoureux.
    — Si nous nous plaisons assez, nous nous marierons.
    Elle avait chuchoté cette dernière phrase comme si chacun cherchait à surprendre ses confidences.
    — Papa dit qu’il est beau en plus d’être riche, et très doux.
    Elle pressa le pas pour ne pas être entendue de sa mère.
    — Je dois reconnaître que Jahuda n’est pas très doux, murmura-t-elle. Il boude quand on n’est pas de son avis, et il paraît qu’un mari boudeur est difficile à vivre.
    — Il y a donc des chances pour qu’il boude quand il apprendra cela, dit Raquel.
    — Oui, mais je ne le verrai pas, n’est-ce pas ? Car je serai à Barcelone.
    Sur ce, elle rit à nouveau et tira Raquel par la main pour l’emmener dans l’échoppe où des piles de soieries étaient disposées pour le plus grand plaisir des chalands.
    Dalia et sa mère avaient limité leur choix à deux lourdes étoffes d’excellente qualité, l’une écarlate et l’autre d’un rouge tirant plus sur le prune.
    — Cela ferait une robe splendide, dit Dalia en désignant la soie écarlate. Assortie à… Mais à quoi pourrais-je l’assortir ? Le surcot… il doit être d’une couleur différente, et je veux des manches avec des crevés très lumineux… Cependant, le vert ou le bleu seraient… Raquel, qu’en penses-tu ?
    Raquel regarda son amie, puis la soierie, avant de trancher.
    — Ni vert ni bleu, Dalia. Mais peut-être l’autre couleur est-elle plus facile à assortir, murmura-t-elle.
    — Maîtresse Dalia ne devrait pas porter ces couleurs, dit une petite voix derrière elles. Regardez plutôt celle-ci.
    Chacun se retourna. Yusuf tenait un rouleau de soie d’un jaune chaleureux, riche et étincelant comme l’or ou le soleil d’automne.
    — Mais je n’aime pas le jaune ! fit Dalia.
    C’est alors que le marchand de soie intervint.
    — Ah, maîtresse, mais ce n’est pas jaune. C’est doré, presque safran, et tout à fait approprié à une jeune fille ayant votre teint. Regardez, madame, comme la beauté de votre fille est éclatante, même dans ma misérable échoppe, lorsque j’approche cette étoffe de son visage.
    Il prit le rouleau des mains de Yusuf et le déroula en partie sur l’épaule de Dalia.
    — S’il plaît à Madame, je lui ferai porter cette soierie avec d’autres tissus afin que vous puissiez les marier à votre guise.
    Raquel et la mère se tournèrent vers la jeune fille. Yusuf et le marchand avaient raison : peu d’hommes pourraient résister à son amie ainsi vêtue.
    La mère de Dalia palpa le tissu, l’approcha du visage et de la chevelure de sa fille, recula, et entreprit de discuter le prix. Les deux amies sortirent dans la rue, entraînant Yusuf avec elles.
    — Comment as-tu fait pour choisir ? dit Raquel. Je n’aurais jamais pensé à une telle couleur.
    — J’aime la couleur, répondit simplement le garçon.
    Il ferma un instant les yeux et revit sa mère, si belle dans une robe de soie de cette nuance. Son image disparut, et il se demanda si son teint était semblable à celui de la jeune femme qui se tenait maintenant à côté de

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