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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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lui, pudiquement voilée.
    — En tout cas, tu nous as tous impressionnés, reprit Raquel. Au fait, à qui parlais-tu ?
    — À Hasan. Son maître est un lettré, mais il n’est pas très bon avec lui. Il parle ma langue et j’aime converser avec lui, ajouta-t-il comme pour s’excuser.
    — J’en suis certaine.
    La mère de Dalia sortit de l’échoppe, l’air triomphant. La transaction était terminée.
    — Je dois rentrer, dit Raquel. Maman va s’inquiéter. Yusuf m’accompagnera.
    Dalia, sa mère et leur serviteur se mirent alors en quête d’un orfèvre.
     
    En réalité, Raquel n’était pas pressée de rentrer. Il faisait un temps agréable pour cette époque de l’année et elle prenait plaisir à flâner. Elle pénétra chez Ephraïm le gantier, qui avait reçu de nouveaux gants d’un beau gris souris sur lesquels étaient brodées de minuscules perles. Yusuf se tenait en retrait. L’endroit semblait désert, et elle écarta son voile pour mieux voir le travail du gantier.
    Un cri retentit dans la rue. Surprise, elle s’approcha de la porte, ne vit rien et fit un pas à l’extérieur.
    — La voilà ! dit une femme.
    Raquel s’avança encore pour voir de qui elle parlait et elle comprit soudain que c’était elle que désignait la matrone au visage rougeaud.
    — Je savais bien que je l’avais vue traverser la place, cette effrontée, avec son voile, exactement comme elle était quand elle est rentrée chez le tisserand !
    — C’est la fille du médecin, ajouta une autre femme qui venait de sortir de sa maison. Ramon l’a bien dit, que c’était la fille du médecin !
    La rue s’emplissait de curieux. Mortifiée, Raquel ramena son voile sur son visage. Une main la saisit par le bras, mais ce n’était que Yusuf qui s’efforçait de la reconduire vers les échoppes.
    — C’est ça, ta sorcière ? dit un homme à la porte d’une cave à vin. Elle peut m’ensorceler quand elle veut, ajouta-t-il avec un rire gras.
    — Par ici, jolie sorcière ! lança un autre.
    Il y avait de plus en plus de monde. Quelqu’un bouscula Raquel. Elle heurta Yusuf et faillit le faire tomber. Elle agrippa son épaule et s’apprêta à se retirer avec le maximum de dignité. Soudain, une main se plaqua sur son bras et l’entraîna ainsi que le garçon dans une pièce sombre. Une porte claqua.
    — Qui êtes-vous ? bredouilla-t-elle.
    La main la relâcha.
    Elle se retourna, écarta les pans du voile et constata qu’elle était à nouveau dans l’échoppe du gantier.
    — Daniel ! Mais que faites-vous ?
    — Je croyais qu’on allait vous attaquer, se défendit-il. Et vous n’aviez que ce garçon pour vous protéger.
    — Allons, Daniel, ce n’étaient que deux mégères et un ivrogne. Personne n’allait m’agresser.
    — Daniel ? Que se passe-t-il ? dit une voix grave dans l’arrière-boutique.
    — Maître Ephraïm, salua Raquel avec une petite révérence. Votre neveu m’a arrachée à une foule de trois personnes, et je lui en suis très reconnaissante, même si ce n’était pas nécessaire.
    Ephraïm éclata de rire.
    — Ah, je ne le blâme pas, dit le gantier. Trois personnes peuvent rapidement devenir trente. Et nous ne voulons pas qu’il vous arrive du mal, maîtresse Raquel. N’est-ce pas, Daniel ?
    — Non, mon oncle. Ce n’est pas très loin d’ici qu’une femme a été frappée à coups de pierre.
    — Personne ne m’a lancé de pierres, dit Raquel avec une bravoure feinte.
    — Malgré tout, Daniel et mon serviteur vous raccompagneront jusqu’à votre porte, n’est-ce pas, Daniel ?
    — Certainement, mon oncle. Je vais chercher Samuel.
    Ils passèrent donc par l’arrière-boutique pour rejoindre en toute sécurité la maison du médecin. Pendant tout le chemin, Raquel ne cessa de railler Daniel, mais, dès qu’elle fut chez elle, elle gagna sa chambre et repensa à l’incident avec inquiétude.

CHAPITRE XI
     
    Raquel descendit lentement les escaliers qui menaient à la cour en s’interrogeant sur les diverses manières de relater le désagréable incident du matin. Mieux valait prendre les choses à la légère, décida-t-elle. Elle en ferait une scène comique, au cours de laquelle l’hystérie et l’ivrognerie seraient vaincues par son attitude imperturbable. Elle s’arrêta un instant pour réfléchir à la façon d’entamer son récit et regarda la table du dîner, baignée de la chaleur du soleil de fin octobre. Les jumeaux se

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