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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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mais il se moque bien des livres. Le frère d’Aaron me dit que ce jeune homme s’était rendu dans l’établissement de Marieta pour y suivre au moins un cours de théologie et étudier d’autres branches de la science.
    — Chez Marieta ? Pour y apprendre la théologie ? Ah, Isaac, on s’amuse à vos dépens.
    — C’est ce que j’ai d’abord pensé, Votre Excellence. Je sais qui est Marieta, et le genre d’établissement qu’elle dirige. Mais mon informateur me jure que son frère n’était pas troublé outre mesure par le désir des femmes…
    — C’est là ce qu’il a dit ? Marieta peut aussi combler d’autres désirs.
    — J’en suis conscient. Je ne crois pas que ce soit le cas de Daniel, même s’il se montre très discret. Mais il me jure, ainsi que je viens de vous le dire, qu’Aaron se passionnait pour les choses de l’esprit. Et que chez Marieta il ne recherchait pas une jolie compagne, mais un grand mage, nouveau en ville, et susceptible de lui enseigner toutes les choses qu’il ignorait.
    — Ce Guillem de Montpellier, fit l’évêque d’un air pensif.
    — Je le crois, oui.
    — C’est certainement lui, à moins que Marieta n’abrite toute une troupe de mages. J’ai demandé à deux de mes officiers de se renseigner, le plus discrètement possible, sur ce Guillem. Et la première chose qu’ils ont découverte, c’est qu’il loge en dehors de la juridiction du conseil, chez Marieta. Ce n’est pas très rassurant. Quoi qu’il en soit, il dépend encore de ma propre juridiction.
    — Heureusement, dit Isaac, songeur. Il ne semble pas s’entourer d’amis très respectables. Il faut dire, à sa décharge, que la vie est difficile même pour le plus lettré des hommes, quand il n’a ni position ni relations puissantes pour lui venir en aide.
    — Certes, acquiesça l’évêque.
    Berenguer n’avait jamais été dépourvu de l’un ni de l’autre, et ce depuis l’âge de neuf ans, où il avait troqué les soins attentifs de sa mère contre l’éducation plus rigoureuse de l’Église.
    — Que sa vie soit difficile ou non, reprit-il, cet individu commence à m’ennuyer. Il a nié de la manière la plus véhémente avoir jamais parlé à un dénommé Lorens.
    — Vraiment ? Et a-t-il nié avoir proposé ses leçons à de jeunes hommes crédules ?
    — Pas précisément. Il a reconnu avoir parlé de temps à autre de ces choses, quand on lui prêtait une oreille attentive, et même avoir accepté une pièce. Aucune loi ne s’oppose à cela. Mais vous comprendrez, maître Isaac, que ce que les officiers l’ont entendu faire pourrait passer pour de la prédication, et il n’a pas l’autorisation de prêcher, comme il le sait lui-même. C’est là un délit assez sérieux, qui pourrait lui valoir des ennuis.
    — Il prétend ne pas avoir donné de cours chez Marieta ?
    — Pas exactement. Il dit que les gens viennent le voir pour lui poser quelques questions auxquelles il se plaît à répondre, mais qu’il ne se rappelle pas le nom de tous ceux qui se sont présentés à lui.
    D’impatience, il tapota des doigts sur la table.
    — Je leur ai dit de ne pas le presser de questions pour l’instant. Je ne veux pas l’effrayer, et je ne suis pas prêt à ordonner son arrestation. Mais les officiers ont eu l’impression que la culpabilité suintait par tous les pores de sa peau. Nous devons faire quelque chose à son propos.
    — Je suis d’accord, Votre Excellence, il n’est pas d’une bonne influence sur notre ville.
    — Oui. Même s’il n’est pas directement responsable de la mort de ces trois jeunes gens, c’est un escroc, un illusionniste, quelqu’un qui joue avec l’esprit et les croyances de pauvres innocents. Si je ne puis le faire inculper pour ces délits, je veillerai à ce qu’il soit chassé de mon diocèse.
    L’évêque poussa un grand soupir.
    — Je ne dois pas laisser ma colère prendre le pas sur la courtoisie. Je vous ai interrompu, mon ami. Quelle autre nouvelle est venue à vos oreilles ? demanda-t-il.
    — Il y a une chose que j’hésite depuis trois jours à porter à votre attention, Votre Excellence.
    — Trois jours ? s’étonna Berenguer.
    — Oui. C’est un délai de réflexion un peu long, mais vous me comprendrez, je le pense, quand je vous décrirai les circonstances. Un de mes patients m’a dit qu’un inconnu l’avait accusé d’avoir provoqué la mort de Marc, le fils du tisserand Ramon, en

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