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Requiem sous le Rialto

Requiem sous le Rialto

Titel: Requiem sous le Rialto Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nicolas Remin
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convaincant.
    — En tout état de cause, approuva Tron, le meurtre dans la gondole est bien l’œuvre d’un fou.
    — La baronne sera ravie.
    — Je n’en doute pas. Surtout en apprenant ce que rapporte aujourd’hui le Giornale di Trieste.
    — À savoir ?
    — Qu’un double meurtre bestial a eu lieu avant-hier à Graz.
    La princesse éclata de rire.
    — C’était donc pour Spaur un jour à marquer d’une pierre blanche !
    — Il était ni plus ni moins enchanté. Maintenant, il ne reste plus qu’à patienter deux semaines et nous aurons gagné.
    — Il peut se passer beaucoup de choses en deux semaines, objecta Maria.
    — Certes, mais pas trois meurtres ! Nous ne sommes pas à Londres ni à Paris.
    — Tiens, en parlant de Paris !
    La princesse sourit, but une goutte de café et tira sur sa Maria Mancini.
    — Qu’y a-t-il ?
    — J’ai invité une personne supplémentaire au bal masqué.
    Elle fit une pause lourde de sens.
    — Un jeune homme. Je suppose que la comtesse n’y verra pas d’objection.
    — De qui s’agit-il ?
    — De Julien Sorelli.
    Tron ne parvint pas à dissimuler son étonnement.
    — Tu l’as vu ?
    — Oui, ce matin, au magasin.
    — Tu l’attendais ?
    — Non, il est passé sans prévenir. Il avait des affaires à régler dans le quartier. Nous sommes parents, après tout.
    — Et alors ?
    — Il est resté une heure. Ensuite, nous sommes allés manger au Danieli . Julien ne tarissait pas d’éloges sur la cuisine de l’hôtel.
    Manger au Danieli  ? Le commissaire toussota nerveusement.
    — Et quelle est ton impression ? Répond-il à tes attentes ?
    Peut-être zozotait-il. Ou bien il avait mauvaise haleine. Ou alors il boitait.
    Hélas, cela ne semblait pas être le cas, car la princesse répondit :
    — Il est encore plus beau en vrai.
    — Tu le trouvais déjà plutôt joli garçon sur les photographies.
    Elle hocha la tête.
    — En effet. Mais une photographie reste une photographie. Elle ne reflète qu’une part de la réalité.
    Et elle précisa avec un sourire :
    — Il va te plaire.
    — D’où te vient cette assurance ?
    — Il est intelligent, cultivé, et fait preuve d’indépendance d’esprit. Tu dis toujours qu’on rencontre trop peu de gens de cette espèce.
    — Il te plaît, à toi ?
    — Cela te dérangerait-il ?
    Quelle question ! Bien sûr que ça le dérangerait ! Tron se resservit de mascarpone et afficha un visage plein d’assurance.
    — Pour qui me prends-tu ? Pour un Othello hystérique ?
    La princesse leva un regard songeur vers le plafond où des angelots joufflus tenaient une banderole : Amor vincit omnia 1 , puis elle lâcha :
    — Tant mieux. Car il me plaît beaucoup, en effet. Julien possède ce fameux… chic parisien .
    Le commissaire roula les yeux.
    — Tu es sûre que tu vas bien ?
    Maintenant, le regard de la princesse n’était plus songeur, mais furieux.
    — Qu’est-ce que cela veut dire ?
    — Que tu sembles plongée dans le ravissement, répliqua Tron. On dirait la sainte Thérèse du Bernin.
    — Et toi, tu n’es pas obligé de t’emballer chaque fois que je prononce le mot de Paris .
    — Je constate juste que tu tombes en extase dès qu’il est question de cette ville.
    Pouvait-il aller jusqu’à lui demander si elle pensait revoir son neveu prochainement ? Non, mieux valait éviter. Il n’était pas le colonel Stumm en fin de compte, il savait se contrôler. Il demanda donc sur un ton désinvolte :
    — As-tu l’intention de revoir souvent ce jeune homme ?
    — Nous ne sommes convenus de rien.
    La princesse souffla un anneau de fumée au-dessus de la table.
    — Cela étant, Julien a manifesté le désir de faire bientôt ta connaissance. C’est un lecteur assidu de l’ Emporio della poesia . Lui-même écrit un peu.
    Tron leva les sourcils. Ce Julien lisait l’ Emporio  ? Incroyable ! Peut-être s’était-il trompé sur son compte, après tout.
    — Je pourrais l’inviter à dîner, poursuivit sa fiancée. De cette façon, vous vous verriez avant le bal. Le problème, c’est qu’il a l’air très occupé.
    — T’a-t-il révélé des détails sur ses activités ? demanda Tron, bien que ce sujet ne l’intéressât pas vraiment.
    Maria secoua la tête.
    — Non, à peine quelques allusions. Et je n’ai pas osé l’interroger de manière directe. Quoi qu’il en soit, la vie nocturne à Venise semble le ravir. Il sort tous les

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