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Retour à l'Ouest

Retour à l'Ouest

Titel: Retour à l'Ouest Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Victor Serge
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bourgeoises, laissait des postes
stratégiques de première importance. Il lança dans le désert de la Chambre un
cri d’alarme inutile et partit pour les campagnes de Galice, afin d’y
rassembler des militants.
    C’est là qu’il disparut, en pays occupé par les Fascistes. Bientôt
sa mort nous parut certaine. Nous pensâmes qu’il s’était fait tuer en
combattant obscurément ou fusiller en tentant de franchir les lignes, comme une
singulière carte d’adieu reçue par sa femme le laissait croire… Je commentai sa
fin ici même sous ce titre juste : Le sang des meilleurs. Des mois
passèrent. Ses amis traduisaient et publiaient son livre,
Révolution et contre-révolution en Espagne
,
l’un des meilleurs qu’il y ait sur ce sujet [166] .
J’en écrivis la préface pour un mort… Une école marxiste de Barcelone portait
son nom (les staliniens l’ont fait fermer), des bataillons ouvriers se
battirent au front d’Aragon avec son nom sur leurs insignes. Et tout à coup, il
y a quelques semaines, un peu après l’enlèvement et le mystérieux assassinat d’Andrés
Nin, nous reçûmes cette surprenante nouvelle : Joaquín Maurín vit.
    … En prison depuis dix mois, à Jaca, arrêté sous un nom d’emprunt.
Il avait réussi à franchir en territoire nationaliste plusieurs provinces où
sévit la terreur blanche, pour se rapprocher du front d’Aragon et des Pyrénées.
Emprisonné, risquant tous les jours la justice sommaire ou l’exécution sans
phrases, il tint neuf mois, jusqu’au moment où le hasard d’une dénonciation fit
reconnaître en lui le tribun ouvrier de Barcelone. Transféré à la prison de
Saragosse, il attend maintenant que le destin se prononce.
    De toute évidence, Joaquín Maurín court le plus grand danger.
L’Espagne ouvrière compte peu d’hommes de sa trempe et jusqu’ici, les généraux
ne les ont presque jamais épargnés. Mais c’est un otage de marque ; et la
terreur est une arme à double tranchant. Des interventions variées ont joué
pour empêcher l’irréparable. Le gouvernement de Valence s’est déclaré prêt à
réclamer Joaquín Maurín lors d’un échange de prisonniers politiques à négocier.
Le groupe parlementaire du parti socialiste français est intervenu dans ce sens.
Les milieux parlementaires britanniques se sont émus du sort d’un leader de
parti, parlementaire intrépide au demeurant… Quelles que puissent être les
divergences d’idées, un Joaquín Maurín appartient à la classe ouvrière
internationale. Réussirons-nous à le sauver ?
    … Il est amer de songer que son parti connaisse la
persécution. En temps de guerre civile les questions d’armement ont une
importance primordiale : vivre d’abord. Il s’est trouvé des hommes, tout
un parti pour s’en faire un moyen de pression politique et exiger au nom d’une
grande puissance la mise hors la loi d’un autre parti, irréductiblement hostile
au communisme bureaucratique… Ces tristesses, par moments abominables, le
peuple espagnol les surmontera ; elles ne sauraient amoindrir, chez ceux
qui ont conscience du danger et confiance en l’avenir, l’esprit de solidarité, la
volonté de soutien. Bien au contraire ! Plus les difficultés intérieures
de la république espagnole sont grandes et plus les travailleurs de là-bas ont
besoin de nous tous. Mais on souffre d’écrire qu’au moment où tant de bonnes
volontés travaillent à sauver Joaquín Maurín, prisonnier à Saragosse, son frère
cadet, ce valeureux Manuel Maurín Julla, cher à tous les militants d’esprit
libre de Catalogne, vient de mourir en prison à Barcelone. Les staliniens
avaient imposé son arrestation.

La bataille de Guadalajara *
    30-31 octobre 1937
    Quelques temps avant de perdre la bataille de Guadalajara, les
Italiens avaient remporté à Malaga une facile victoire. Malaga, trahie, n’avait
point fait de résistance. La population ouvrière battit en retraite, par les
routes pierreuses, sous un soleil torride. Les avions la traquaient ; cette
retraite fut inimaginable. On vient d’arrêter, en Espagne, à la suite de ce
désastre, l’ex-chef d’état-major de l’armée républicaine, le général Asensio  ; mais il semble bien que son arrestation
tende surtout à jeter le discrédit sur Largo Caballero avec lequel il collabora.
2 000 camions transportèrent de Malaga dans la région de Guadalajara
quelque vingt milles hommes, principalement des Italiens, formés en deux
petites

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